Rage And Rebellion

Throxic

07/01/2018

Autoproduction

Oh, mais je sens que le Chili va devenir ma nouvelle terre d’adoption si ça continue…Entre les flingués noisy qui brouillent l’écoute (et non pas) entre le Black et le Death, ceux qui s’adonnent aux joies du Blackened Core, et les maniaques du Thrash old-school, ma tête n’en finit plus de dodeliner de droite à gauche en une série de mouvements erratiques incontrôlables. A croire que ce peuple comble son retard en matière d’extrême, à condition d’occulter (sic) leur culture passée qui ma foi, n’est pas si maigre que ça. Toujours est-il que depuis cinq ans, les habitants de Santiago ou Punta Arenas se déchaînent pour nous fournir notre pesant de décibels sauvages, et rien que d’envisager la situation globale, j’imagine volontiers les clubs et bars locaux tremblant de tout leur poids sous les à-coups de désaxés du riff venant squatter leur scène à intervalles réguliers. Si vous êtes amateur de ma prose et de mes conseils qui osent, vous savez que je traite avec régularité de l’actualité Metal locale, et j’ajoute ce soir un nouvel exemple de la domination sud-américaine sur le reste du monde, en traitant du cas des fabuleux THROXIC, dont le nom seul est à même de vous aiguiller sur la bonne voie, celle d’un Thrash de tradition qui affectionne les coups de pompes dans les roustons et autres dégustations de saccades aux petits oignons. Et une fois est coutume (dans ce cas précis, oui), puisque ces olibrius se répandent en offrandes purement Thrash, à rendre fous de jalousie les MUNICIPAL WASTE, mais aussi fiers comme des Artaban les ex-VIO-LENCE, RIGOR MORTIS, VIKING et toute la clique des effrénés des BPM endiablés, qui ne concevaient le Metal que sous ses aspects les plus bruyants et culottés.

Alors fabuleux, le terme est choisi, et mesuré. En tant qu’amateur et auditeur de Thrash old-school non dilué, je dois avouer que ce second effort longue-durée des THROXIC m’a fait à peu près le même effet que les deux méfaits de RECIPIENTS OF DEATH, dont ils partagent l’amour de la vitesse et des guitares diablesses. Fondé en 2014, ce quatuor de fins tarés (Eric Alarcón - guitare, Constanza Soto - basse, Fernando Millaquen - guitare/chant et Cristobal Cheuqueman - batterie) a déjà proposé un premier LP il y a deux années (Rise The Revolution), mais aussi un EP en 2014 (Burning The Liars), ainsi qu’un split avec leurs collègues de BROKEN NECK, qui posaient les jalons de leur philosophie en béton. Et si Rage And Rebellion ne la trahit aucunement, autant dire qu’il appuie sur le champignon, pour se montrer aussi convaincant qu’une anthologie, dans une petite demi-heure impartie. Rage, rébellion, tout est dit, et même hurlé, de la voix enragée de Fernando, l’un des brailleurs les plus efficaces du circuit, et dont le timbre maudit tire le combo vers le haut du Hardcore bien chaud, sans pour autant les laisser verser dans le Crossover trop prononcé, alors même qu’ils en atteignent l’intensité. Ce second jet est d’une telle folie instrumentale qu’il serait inconcevable d’essayer de lui résister, tant chacun de ses morceaux est un véritable geyser de lave qui coule le long de vos conduits auditifs, pour finir dans votre cœur en chamade après avoir bien esquinté votre gorge malade. Une telle démonstration de furie musicale n’est pas donnée à tout le monde, et l’art incroyable des THROXIC est de rester dense tout en maintenant la cadence, comme aux plus grandes heures d’Eternal Nightmare ou Final Flight. Et faites-moi confiance, le compliment et pesé, mesuré, et calibré. Car parvenir à sonner purement Thrash tout en faisant des œillades prononcées au public Hardcore adoré, sans jamais mixer les deux, n’est pas une gageure que n’importe qui peut relever. Dont acte.

Alors, je vous vois venir, puisque finalement, nous nous ressemblons comme deux carpes dans un étang, en écoutant l’introductif « Rage And Rebellion », vous allez surement vous dire que cette furie n’est qu’une entame parmi tant d’autres, et que cet entrain hystérique n’est destiné qu’à allumer la mèche sans tout faire péter. Et vous ne pourriez avoir plus tort, puisque cette mise en jambes qui démange n’est que le premier chapitre d’un roman rédigé à la gloire d’un Thrash de frappés, qui connaissent le truc par cœur, et qui n’ont pas besoin d’une heure pour vous rallier à leur cause en une demi-heure. Guitares qui turbinent jour et nuit, rythmique qui part en coup de folie, breaks qui tombent pile au millimètre, et chant pas vraiment champêtre, mais plutôt dans un créneau citadin qui vitupère contre une administration à la con qui l’oblige à ramasser ses feuilles à mi- saison. Surfant sur la vague nostalgique sans pour autant capitaliser sur un passé exhumé, les chiliens nous donnent une leçon de violence que les plus grands maîtres observeraient sans méfiance, et « Hello (Hypocrite Day) » de confirmer que l’ambiance est bien à l’acharnement véloce. Une fois encore, saluons le travail de Fernando derrière son micro, qui file une rouste à tous les apprentis bargeots, mais hochons aussi la tête en approbation d’un duo rythmique qui cogne à faire tomber les murs du salon. En version fast, les trublions éclatent tout de leur puissance, tandis que les intermèdes mid/up leur permettent de faire preuve de persuasion, sans pour autant faire redescendre la tension. Un véritable rêve bruitiste éveillé, qui saura réunir dans un même élan de fraternité les fans d’EXPIRE et de LOST SOCIETY, pour en nommer un pas si au hasard que ça, dans une farandole enivrante de vitesse et de liesse, qui condamne de fait ce premier album à devenir un classique instantané. 

Et alors qu’on se dit que tout ça va bien finir par retomber comme un soufflé, « My Brain, My Riot ! » nous prend de face sans grimace, en distillant même un pur break Core à pogoter comme des ânes. « Antipatriots » nous fait le coup du sample en intro pour mieux nous écraser de son up tempo, tandis que le très franc « AxCxAxBx » assume les accointances Hardcore de son énorme basse rutilante avant de nous hacher menus de ses syncopes flagrantes. Et comme si reprendre notre souffle n’était qu’une option hautement facultative, le combo « Burn The Mother Country » / « Declaro/Deniego » ose l’osmose parfaite de brutalité à coups de machette, juste avant que le terrifiant « Shot (Bang Your Head) » ne nous ramasse à la petite cuillère de son riff surgonflé à l’éther. A ce stade-là de la partie, nous avons déjà rendu les armes, et pourtant le groupe nous a réservé sa salve la plus appuyée pour un final structuré, via les six minutes bien pesées de « Infesting The Enemy », qu’on penserait calqué sur le démentiel « Eternal Nightmare » de l’ex-fiancée de Robb Flynn, et cette façon presque progressive d’appréhender la brutalité sans jamais lever le pied.

Il est tout à fait légitime de se poser la question de savoir s’il faut plutôt ranger les THROXIC du côté Hardcore où ils risquent de tomber, ou dans la case Thrash dont ils semblent déborder. Mais Rage And Rebellion est à ce point enragé que cette problématique devient futile, et si parfait dans sa démesure endiablée qu’il suffit de l’écouter pour comprendre que quatre-vingt-dix pour cent de la production actuelle est méchamment faiblarde à côté.

D’ailleurs, inutile de discuter, puisque j’ai déjà embarqué. Direction le Chili, pas la peine de demander.


Titres de l'album:

  1. Rage And Rebellion
  2. Hello (Hypocrite Day)
  3. My Brain, My Riot!
  4. Antipatriots
  5. AxCxAxBx
  6. Burn The Mother Country
  7. Declaro-Deniego
  8. Shot (Bang Your Head)
  9. Infesting The Enemy

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 23/01/2018 à 14:47
90 %    1031

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos

Corentin Charbonnier : l'anthropologue du Metal

mortne2001 09/12/2024

Interview

CARCARIASS + Guests

Simony 06/12/2024

Live Report

FALLING IN REVERSE + HOLLYWOOD UNDEAD

Chief Rebel Angel 06/12/2024

Live Report

Lezard'Os Metal Fest 2024

Simony 02/12/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : STILLE VOLK

Jus de cadavre 01/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Chazz

Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)

17/01/2025, 22:44

Bill BAroud

Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !

17/01/2025, 17:03

Humungus

Le coup de la goutte de résine, ça va me faire la soirée...

17/01/2025, 16:52

senior canardo

2 sisters 1 cup ! haha joli pochette

17/01/2025, 10:02

Seb

J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.

16/01/2025, 18:21

MorbidOM

Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène. 

16/01/2025, 12:15

Jus de cadavre

Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.

16/01/2025, 10:22

Simony

Merci Styx je transmets à notre expert informatique.

15/01/2025, 15:53

Simony

Merci Styx je transmets à notre expert informatique.

15/01/2025, 15:53

Styx

Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)

15/01/2025, 12:58

Incroyable album

Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)

14/01/2025, 09:27

Humungus

Qui a dit que l'on n'était jamais content ?!

13/01/2025, 08:36

Humungus

Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.

13/01/2025, 08:36

Capsf1team

Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête. 

13/01/2025, 07:59

Simony

Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)

12/01/2025, 17:38

Humungus

Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)

12/01/2025, 14:27

Benstard

Litany la claque a l'époque. Ce son de grosse caisse du futur.

11/01/2025, 13:35

Buck Dancer

Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.

11/01/2025, 12:16

Capsf1team

Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)

10/01/2025, 09:12

RBD

J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)

09/01/2025, 19:49