Comme il y a chasseur et chasseur, il y a vintage et vintage. Le vintage actuel d’un côté, qui reproduit les sonorités d’antan en les adaptant à l’époque, et celui qui s’embourbe dans les souvenirs au point de ressembler à une vieille photo de fanzine jaunie oubliée dans un tiroir de démos. J’aime les premiers, je l’avoue, mais j’adore les seconds, car ils me font ressentir des émotions subies lors de mon apprentissage de la violence à l’adolescence, et donc, retrouver une seconde jeunesse alors que j’approche de la cinquantaine.
Les américains de RAIL RAGE n’ont pas fait semblant de sonner passéiste. De tous les côtés d’ailleurs, leur production, leurs compositions, leur attitude et même leur jeu semblent indiquer l’origine eighties d’un groupe oublié par le temps, et remis sur les rails (sic) par un fossoyeur fou écumant les fosses communes de l’histoire de la brutalité raisonnable. Mais ce quatuor n’est pas né de la première pluie de la Bay Area, et a vu le jour en 2017 à Novato, avant de splitter l’année suivante pour se relocaliser à Petaluma en Californie, et de revenir à la lumière du jour l’année dernière. Avec un lien-up remodelé, le groupe était donc prêt à lâcher en autoproduction son premier album complet, premier album qui joue justement la brièveté et la prise de contact. Mais au jugé de l’ambiance instaurée sur ce premier album, un trop plein eut été fatal au pouvoir d’attraction de ce Thrash passéiste et englué dans les poncifs les plus en vogue dans l’underground des mid eighties.
Avec une jolie pochette faite main, cet éponyme séduit au premier regard, mais doit utiliser pas mal de ficelles pour convaincre artistiquement. Pour faire simple, il serait assez compréhensible de considérer RAIL RAGE comme le petit-fils illégitime des WHIPLASH, tant le Thrash diffus de la bande des Tony a inspiré ces américains-là pour se faire une place au soleil californien, vu des caves. On repense donc gaiement à la doublette Power and Pain/Ticket to Mayhem, et cette approche rudimentaire n’autorisant aucune fioriture ni astuce de production. Du brut de chez brut donc, avec un son de quatre-pistes acheté d’occase, une attitude bravache et une certaine naïveté dans le propos font de ce Rail Rage une maquette améliorée, ou un produit promu par un label aux moyens limités, comme on en trouvait des dizaines dans les bacs il y a trente ou quarante ans.
Michael Jahrling (chant/textes), Bobby Numark (guitare), Johnny Roth (batterie) et Lucas Vajda (basse) nous proposent donc un sympathique voyage dans le temps de moins d’une demi-heure, et si la durée de ce premier jet équivaut à celle du mythique Reign in Blood, aucune trace de SLAYER à déceler dans ces morceaux encore brouillons, mais parfois rapides comme des colères sud-américaines. Difficile d’ailleurs d’aller chercher des influences au moment de juger de cette musique étouffée à la portée émotionnelle assez limitée, si ce n’est en fouillant les caves de l’underground, pour y retrouver dans des cartons poussiéreux les vinyles d’origine d’INDESTROY, de HEXX, INFERNAL MAJESTY, mais aussi quelques cassettes de troisième génération de RAZOR ou RECIPIENTS OF DEATH. Beaucoup moins prévisible et évident que bon nombre de ses collègues nostalgiques, RAIL RAGE s’adresse aux plus érudits de la cause Thrash, de ceux qui n’ont pas besoin de relire les encyclopédies pour y retrouver leurs petits. Evidemment, le tout est loin d’être parfait, et correspond en termes de qualité à un album très moyen de la période 87/88, la bienveillance naissant de cette sensation de retour en arrière, très agréable, mais qui au fond ne dupe personne sur les capacités des musiciens.
Mais ce son de caisse claire à rendre fier le DARKTHRONE des jeunes années, cette cadence qui accélère sans aucune raison pour se frotter au Thrashcore (« Dirt Nap »), cette distorsion qui se plaint et qui se meurt dans les échos d’un mixage sans pitié, rendant les progressions difficiles à décrypter (« Tomb Of Horrors »), la voix geignarde de ce chanteur qui semble encore se chercher, font que l’objectivité a du mal à s’imposer, et que seuls les souvenirs servent de base au moment de juger avec pertinence de ce premier jet.
Sympathique, hautement anecdotique, une série B qui s’écoute sans déplaisir, avec un t-shirt d’Insult to Injury ou de Senseless Theories, quelques ambitions mélodiques larvées (« Methods Of Murder », « Ghost », le B-A-BA des arpèges par un débutant), pour un résultat bluffant de crédibilité old-school, mais encore un peu maigre artistiquement pour vraiment convaincre.
Titres de l’album:
01. Rail Rage
02. Terror Tower
03. Demand
04. Ghost
05. Dirt Nap
06. Tomb Of Horrors
07. Wild Hunt
08. Methods Of Murder
09. Daughters Of Mars
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09