Au bout d’un moment, on regrette d’être un peu vieux, et d’avoir connu les années 80 en temps et en heure. Après tout, depuis un bon moment, les groupes se réclamant de leur héritage sont si nombreux qu’on finit de toute façon par les connaitre par procuration et a postériori…Vous avez tapé dans le mille, c’est encore un groupe vintage qui frappe à la porte des sorties, pour essayer de rentrer justement, et de se faire une place à la lumière de la nostalgie. Tout ceci dépasse maintenant le strict cadre de la mode pour devenir une norme, un peu comme si le monde artistique pouvait être séparé en deux camps, celui des ré-arrangeurs et celui des innovateurs. On pourrait évidemment regretter cette propension à regarder vers le passé, mais cette attitude produisant des œuvres qui méritent le détour, autant n’en voir que les bons côtés, et apprécier un petit voyage dans le temps bien organisé. C’est certainement ce qu’ont dû se dire les italiens de TYTUS, qui outre leur pseudonyme typique, pratiquent un Heavy Metal classique, devant tout autant à la NWOBHM qu’à la première vague Speed/Thrash US. Et c’est dans cette optique que le combo s’en vient nous délivrer la bonne parole via les dix psaumes de son second LP, qui loin de s’embourber dans le trafic de plans frelatés, cherche à faire fructifier ses actions cotées. Fondé en 2014 du côté de la ville de Trieste, ce groupe aux nerfs d’acier n’a pas perdu son temps, et a entamé les hostilités avec un premier long, Rises, publié il y a trois ans et qui s’était attiré les bonnes grâces de la presse underground européenne. C’est donc avec un potentiel sympathie gonflé au maximum qu’ils remettent le couvert en 2019, via ce Rain After Drought d’excellente facture passéiste. Encore une fois, inutile de chercher la petite bête inédite sous la commode des compositions, puisque le tout à de sérieuses allures de best-of des 80’s en bonne et due forme, même si les musiciens transalpins n’hésitent pas à traîner sur les rives des souvenirs estampillés 70’s pour agrémenter leur cartes postales.
Un melting-pot donc, aussi fin que roboratif, et ce, eut égard au potentiel des musiciens impliqués. Quatuor (Ilija Riffmeister - chant/guitare, Mark Simon Hell - guitare, Markey Moon - basse/chant et Frank Bardy - batterie) aux talents individuels notables, TYTUS est l’archétype même du groupe qui parait sympathique dès les premières écoutes. Et si ses influences avouées restent vagues (70’s Hard Rock, NWOBHM, 80’s Thrash), son label n’hésite pas à se montrer plus précis, en citant METALLICA, IRON MAIDEN, et les débuts de MEGADETH pour situer les débats sur un terrain plus concret. Et il est certain que ces trois exemples font partie des meilleurs pour tenter de percer le mystère, même si l’ombre de METALLICA demeure solidement hors de portée. C’est plus du côté d’IRON MAIDEN qu’il faut loucher pour voir les choses de plus près, même si les silhouettes de LIEGE LORD, GRIFFIN, des anciens FATES WARNING et de la première vague de groupes Heavy européens (SAXON, TRESPASS…) strient les espaces de cette seconde réalisation, résolument sous influence. Sous influence certes, mais avec panache, puisque de la production à l’interprétation, en passant par l’inspiration, tout est bon, et le compte aussi, nous offrant un total de morceaux sans failles, certes très traditionnels dans les faits, mais terriblement jouissifs dans le rendu. D’une part, parce que le groupe in extenso fait preuve d’une osmose collective assez bluffante. D’autre part, parce que les guitares rugissent, feulent, coupent, et mordent avec une énergie incroyable, et de plus, sont doublées par un chant hargneux et convaincant, dans la grande lignée des vocalistes Heavy de légende. Le timbre d’Ilija Riffmeister, subtilement rauque mais nuancé fait passer la pilule avec facilité, mais autant admettre que ce sont les deux guitares qui font le show, faisant feu de tout manche pour mieux vriller les cordes, les pincer avec agressivité, pour mieux les percuter avec pugnacité.
La légende des plus fameux duettistes des années 80 trouve donc un écho non négligeable ici, et les JUDAS PRIEST, MAIDEN, HELLOWEEN peuvent s’enorgueillir d’avoir encore de l’emprise des décennies après leurs débuts. Et si c’est clairement la paire Smith/Murray qui semble avoir eu le plus d’impact sur nos deux six-cordistes italiens, autant dire que leurs enseignements ne furent pas vains. Car une telle capacité à nuancer la puissance de mélodie sans l’altérer ne s’est pas forcément vue depuis les premiers albums de la vierge de fer, même si les citations dans le texte pourraient être repoussées jusqu’à Piece Of Mind. Mais quitte à se payer des profs, autant prendre les meilleurs, et au jugé du phénoménal « Rain After Drought - Pt.1 », Steve Harris a de quoi être fier à son « Rhyme Of The Ancient Mariner », tant l’ambiance de cette première partie en instrumentale est embrumée de flots déchaînés et d’harmonies sublimées. Difficile pourtant à notre époque de rendre ses lettres de noblesse à cet exercice difficile, tant l’absence de chant en 2019 peut rendre l’écoute d’un titre purement Heavy Metal pénible, mais les TYTUS s’en sortent avec un tel brio qu’on ne peut être qu’admiratif. D’ailleurs, la seconde partie de ce morceau, chantée cette fois-ci le complète à merveille pour former un diptyque en forme de pont tendu entre deux décennies, la patine seventies prenant le relais pour faire briller l’argenterie. Ces italiens sont donc très doués, et en refusant le moindre temps mort nous font le cadeau d’un disque où tout semble à sa place, jaugé, calibré, mais sonnant assez naturel pour séduire les plus chevronnés. Chevronnés et passionnés qui n’auront pas manqué de craquer dès l’entame « Disobey », qui obéit pourtant aux règles les plus immuables, et qui nous délivre une intro grandiloquente que le Bruce Dickinson de 83/84 aurait savouré en entame de ses concerts…
Mais alors, des influences parfaitement assimilées, et rien d‘autre ? Bien sûr que si, puisque ce même morceau prouve que la pluralité règne chez les originaires de Trieste, cavalant bon train pour se rapprocher des débuts du Speed mélodique US en vogue chez les LAAZ ROCKIT et autres HALLOW’S EVE. Et si les rapprochements entre Heavy rosse et Thrash modérément féroce sont abordés avec tout le professionnalisme indispensable (« The Invisible », tellement parfait dans le déroulé que Dave Mustaine aurait fait un effort pour le cosigner avec James Hetfield en lui abandonnant ses royalties), c’est vraiment le Heavy de notre jeunesse qui se taille la part du lion subtilement teinté de Hard Rock catchy et de délicieuses mélodies (« The Storm That Kill Us All », ACCEPT et STRATOVARIUS sont dans un bateau, etc…). Ajoutez à ça une production parfaitement dosée qui fait croire que mais qui reste ancrée dans son époque, une section rythmique en poumon pivot, des arrangements sobres mais toujours bien placés, et surtout, des soli vraiment élaborés, et vous obtenez un mélange qui brûle les poumons d’un Metal béton (« Our Time is Now »), et qui fait sauter les boutons (« The Dark Wave », le Speed de tonton revisité par ses neveux gloutons). Saccades bien senties pour accélérations à la Jeff Waters en costard de sortie (« Move On Over »), et modulations puissantes en conclusion pressante (« A Desolate Shell of a Man » de faux airs de « Be Quick Of Be Dead »), et la course se termine sur le podium, place amplement méritée pour un groupe qui ne fait pas les choses à moitié. Alors on a beau être vieux et avoir connu ça avant, on apprécie toujours autant, surtout quand l’hommage est rendu par des musiciens compétents. Et les TYTUS prouvent avec Rain After Drought qu’ils ont largement les épaules pour supporter le poids du temps, eux qui le font passer encore plus vite qu’un amour de printemps.
Titres de l'album :
1. Disobey
2. The Invisible
3. The Storm That Kill Us All
4. Our Time is Now
5. The Dark Wave
6. Death Throes
7. Rain After Drought - Pt.1
8. Rain After Drought - Pt.2
9. Move On Over
10. A Desolate Shell of a Man
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1 - Géorgie (le pays, pas l'état US)2 - Lozère3 - Kentucky4 - Belize5 - Belize6 - Mexique (état de Chihuahua)Voila voila. Une chasse au trésor ?
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