Voilà qui est exotique. Après l’Indonésie, le Guatemala, pour un style totalement différent, mais pas moins séduisant. Le trio RANDOM HATRED propose après quinze ans d’existence son premier album, il n’est donc pas difficile d’imaginer la galère qu’il a dû affronter pour en arriver là. Javier Calito (guitare), Francisco Silva (guitare/chant) et Daniel Alvarado (basse) savourent donc le moment, et je les comprends parfaitement. Un premier album est toujours une sacrée étape à franchir, un artiste se devant de se présenter sous les meilleurs auspices.
Comment définir la musique de ce power-trio autrement qu’en parlant d’une forme de Thrash très groovy, ou de Groove Metal un brin thrashy ? Impossible en effet, et si cet éponyme introductif n’est pas exempt de défauts, il fait montre d’une puissance incontestable et d’une fluidité agréable. Construit sur un principe assez simple de rythmique syncopée sur tapis de riffs entrelacés, Random Hatred n’est peut-être pas le manifeste de haine suprême, mais il incarne une certaine vision de la colère que nous pouvons tous éprouver.
Entre PANTERA, METALLICA et le jeune MESHUGGAH, RANDOM HATRED joue son va-tout, s’oblige à quelques inflexions bluesy si appréciées par le regretté Darrell Abbott, mais lorgne aussi du côté de l’Europe de CHANNEL ZERO, surfant sur une nostalgie efficace à défaut d’être vraiment créative. Néanmoins, cet album possède des qualités certaines. Un investissement total, une production un peu sèche pour ne pas perdre en âpreté, et une paire de guitares unanimes au moment de syncoper.
En découlent des morceaux faussement simples, mais réellement addictifs. J’avoue avoir été méchamment trimballé par le diabolique « Parasitic Contingence », savamment heurté, et brillamment boosté. Un chant ferme pour se mettre au diapason de guitares grognons, un axe basse/batterie aussi huilé qu’un bodybuilder en compète, une impulsion d’importance, pour un rendu classique mais dynamique. En demande-t-on plus ? Non, et si les répétitions sont inévitables, elles ont le mérite de se concentrer sur les plans les plus salés.
Une pointe de Hardcore pour la street attitude, une autoproduction inévitable, mais une projection vers des concerts qu’on sent déjà surchauffés. Taillé pour le live, ce répertoire ne s’embarrasse pas d’arabesques et autres enjolivements inutiles, et fonce comme un pack sud-africain dans la mêlée. Ça cogne, ça bastonne, c’est régulier, probant, méchant, et donc attirant, puisque si le moule est similaire, le doigté permet quelques différences assez prononcées.
Ajoutons à ce bilan positif des soli très crédibles, une densité incroyable (« H.R.E. », vraiment pas content), un title-track qui sent l’hymne à plein nez (« Random Hate »), quelques allusions plus ou moins évidentes au PRONG de milieu de carrière, et on obtient un mélange corsé, qui chatouille notre cœur de thrasheur des années 90. Beaucoup de générosité dans l’effort, et des riffs qui en font parfois pour ne pas sonner trop traditionnels, un juste milieu trouvé entre deux sous-genres qui se complètent à merveille, et un sérieux dans les automatismes qui le confine à l’horlogerie suisse (« Breaking Point »).
Si certains se diront que quinze années de maturation ne justifient pas de ce résultat somme toute de bonne facture, d’autres apprécieront le geste et saliveront sur cette basse ronde qui gronde sur le terrassant « Black Sun ». D’autant que RANDOM HATRED fait montre de certaines ambitions, qui se cristallisent sur le final évolutif de « Etched in Stone ».
En alourdissant méchamment le beat, les guatémaltèques se rapprochent évidemment de la vague NOLA, et principalement de son représentant le plus consacré PANTERA. On apprécie cette variation dans l’intensité, et on se laisse porter une dernière fois par ces saccades constantes qui donnent envie de plonger dans le pit pour donner et recevoir quelques beignes.
Très concret et pragmatique, Random Hatred n’est pas vraiment une haine lambda, et se montre très précis au moment de dénoncer et d’articuler. Un trio dans l’air d’un temps pas si révolu, et qui se complait dans un classicisme de surface pour mieux y greffer sa patte. Routinier, mais à déguster sans le réchauffer.
Titres de l’album:
01. Doomsday
02. The Crow
03. Social Dilusion
04. Hypocrite
05. Parasitic Contingence
06. H.R.E.
07. Random Hate
08. Breaking Point
09. Black Sun
10. Etched in Stone
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11