Encore de sombres histoires de droits ou de divergences d’opinion qui mènent sur la création d’une nouvelle entité, ce qui finalement, est assez bénéfique pour tout le monde. D’un côté, nous avons la version Terry Butler, qui désirait remonter MASSACRE pour le bien de la communauté de barbares, de l’autre, nous avions Jeramie Kling (VENOM INC, THE ABSENCE, GOREGÄNG, FORE) et Taylor Nordberg (THE ABSENCE, GOREGÄNG, FORE) qui justement étaient en train de composer un nouvel album de MASSACRE, pensant tendre la rame pour que Terry monte sur la barque. Visiblement empêchés par une force intérieure d’accomplir leurs sombres desseins (histoire de copyright/droits qui a mené à une grosse bagarre avec Kam Lee ?), les trois acolytes, très satisfaits du résultat décidèrent d’abandonner la facilité du prestige du nom pour former une nouvelle entité, INHUMAN CONDITION, qui finalement, renvoie directement à un EP de MASSACRE paru en 1992.
Le nom de MASSACRE étant apparu trois fois depuis le début de cette chronique, vous savez déjà à quoi vous pouvez vous attendre de ces trois-là. Mais pas que, et c’est justement ce qui rend la chose intéressante. Le produit semblait anecdotique pour moi, mais alerté par un vieil ami à la barbe grisonnante et au conseil avisé, je me suis donc penché sur le produit en question, et si l’avis dithyrambique de ce cher A--o St---l n’est pas totalement justifié, son conseil s’est globalement avéré judicieux : car si l’empreinte de la légende de Floride des nineties est palpable du début à la fin de ce premier jet, les trois musiciens n’ont pas hésité parfois à s‘écarter de sa tutelle encombrante.
Globalement, le leitmotiv de cette réalisation pourrait-être sans réfutation possible : plus old-school que nous, tu meurs. Preuve en est que certains morceaux donnent clairement envie de beugler un tonitruant « From Beyoooooooooond !!!! » bien gras dans la gorge. Mais loin de se contenter d’une resucée de l’histoire fameuse d’un des groupes les plus essentiels de l’underground, INHUMAN CONDITION va plus loin, et diffuse une large dose de tisane Trash dans son infusion Death, pour éviter la confusion d’une fausse suite que personne n’attend plus depuis sept ans et la sortie de Back from Beyond.
La tonalité générale, très grondante et affiliée aux préceptes en vogue à l’orée des nineties (production épaisse, riffs grossiers et soli sifflants, grognements caverneux et attitude rudimentaire) nous ramène directement à la première partie de l’épopée DEATH, durant ces quelques années où les adversaires BENEDICTION essayaient de se mettre à la hauteur. De loin, Rat°God a donc de faux airs de frère handicapé de From Beyond, mais de près, le marmot révèle ses traits de caractère les plus personnels, et c’est bien dans ces traits que l’intérêt de la réalisation se cache. Malin, le gamin dissimule sous une épaisse couche de violence des tendances plus fluides et acceptables par le mainstream Thrash, lâchant entre deux protestations d’outre-tombe quelques revendications plus saccadées.
La première alerte de singularité est donnée par « Killing Pace », au riff terriblement classique mais redondant, souligné par la voix toujours délicate de Jeramie Kling, batteur/chanteur qui renvoie les Dan Beehler et autres Barry Stern à leurs chères études. Judicieusement placé en quatrième de couverture, ce morceau d’obédience formelle et au développement hautement prévisible casse le schéma Death trop bien creusé, et offre une dynamique à ce court album pour le rendre encore plus accrocheur qu’un simple glaviot Death vintage craché à la face de la technique.
« Tyrantula » est le second indice qui laisse à penser que ce Rat°God est beaucoup plus fourbe qu’un simple exercice de style. Longue intro de percussions sauvages, avant un premier couplet dominé par des syncopes qui ne sont pas coutumières des manieurs de pelle de cimetière. Evidemment, le naturel Death revient aussi vite au galop que Johnny qui a peur pour bébé et qui en a marre de parcourir le monde comme un cheval sauvage, mais cette envie de s’extirper d’un traquenard trop prévisible honore ses auteurs, qui ainsi proposent un compromis assez fascinant entre les deux styles.
Sans vouloir vous mentir et vous survendre un produit de bonne qualité, mais qui ne fera tomber aucune barrière entre les peuples les plus primitifs, je concède toutefois aux trois membres d’INHUMAN CONDITION une intelligence Crossover assez rare dans le créneau, et un respect du passé qui regarde encore vers un avenir probable. J’ai craqué pour le trépidant « Rat°God », hymne comme le VENOM moderne aurait pu en pondre, mais aussi pour la doublette finale « Crown Of Mediocrity » / « Fait Accompli », qui renvoie la concurrence nostalgique dans les bacs de la photocopieuse.
Court mais malin, traditionnel mais fourbe, ce premier album d’une association qui tourne à plein régime donne envie d’en savoir plus, et pas seulement parce que le nom de MASSACRE apparaît plusieurs fois dans cette chronique. Pari gagné donc, car exister par soi-même est la plus belle des revanches.
Titres de l’album:
01. Euphoriphobia
02. The Neck Step
03. Planetary Paroxysm
04. Killing Pace
05. Gravebound
06. Tyrantula
07. Rat°God
08. Crown Of Mediocrity
09. Fait Accompli
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