Raw Black démos

Cultellus, Kurjuus, Helveteskrypt

 

Autoproduction, Autoproduction, Autoproduction

Cultellus - Filth and Sickness

Chroniques groupées pour efforts médium. Retournons donc dans le giron du Black Metal underground pour y faire la connaissance de quelques-uns de ses représentants, et commençons par la Suède, l’un des pays exportateurs d’atrocités en tout genre. Mais qu’y trouve-t-on vraiment de nos jours ? Des musiciens toujours aussi fascinés par les ténèbres, mais qui ne refusent pas de les illuminer faiblement avec quelques mélodies acides.

Ainsi, premier de la liste et peut-être de la classe, CULTELLUS. Fondé par l’énigmatique et cagoulé Nord aka Anders Nord en 2022, ce projet fait partie d’une multitude d’autres concepts dirigés par l’homme à la hache (DEADLIFE, DECEPTI, HERMOÐR, MIST, TWO RAVENS, ex-ABYSMAL SILENCE, ex-DECAYER, ex-ENDLESS WOODS, ex-GAST, ex-GRAVSATT, ex-MEGABAT, ex-NECROTICUS, ex-SCAR TISSUE, ex-SODOMIZING CHRIST, ex-SVARTSEKT, ex-VARGHEIM, ex-VREDESMOD, ex-WASTE, ex-EERIE GLOOM, FRIDFULL, ex-AMULETO DE CALAMIDADES, ex-EXTINCTIÖN, ex-INSINERATION, ex-MATOOL, ex-SLAGGPRODUKT) et s’inscrit dans une logique de Raw Black mélodique et accrocheur.

Nous sommes donc loin des cris atroces exhortés de la pièce d’à côté sur fond d’instrumental Bontempi enregistré sur un magnétophone Fisher Price, et plus proche d’un Black progressif subtilement teinté de figures Folk. Mais malgré cette sophistication de composition, Filth and Sickness peut s’accrocher à la locomotive du Raw Black eu égard à son son très rêche et sous-mixé, symptomatique des dogmes d’un sous-genre qui répugne à donner de la rondeur à ses rythmiques.

Le tout est donc très digeste, plus en tout cas qu’une énième démo enregistrée à la hâte pour être plus Trve que ses voisins. Les cinq compositions proposées sont toutes longues, élaborées, complexes et chargées d’arrangements de cordes, de synthés, tandis que la voix, classique, s’époumone dans un ailleurs que l’on peine à apercevoir.

Nimbé de brume, ce nouvel épisode de la saga CULTELLUS est surprenant, et utilise la force de deux longue-durée déjà proposés par le passé. Intelligente, créative, bouillonnante, cette démo est une bonne surprise, et peut même faire regretter cette optique d’économie de moyen tant on sent que ses idées se seraient sublimées d’une production plus ambitieuse. Mais avec une longue suite comme « Never Again » en guise de final, Nord plante les jalons d’un troisième album qui pourrait bien être l’épiphanie attendue par les fans d’un BM rauque, et sans concessions. Comme quoi, sauvage ne rime pas toujours avec ravage, et peut incarner la fertilité d’un style qui semble pouvoir se renouveler sans trop de problèmes. Quitte à sonner moyenâgeux à l’occasion.          

        

Titres de l’album:

01. This World Will Burn

02. Filth And Sickness

03. A Little Knife

04. The Final Storm

05. Never Again


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Kurjuus - Erakon tie

Passons de la Suède à la Finlande, et restons dans le froid de pays nordiques activement frigorifiés par des températures atteignant presque les cinquante degrés sous le zéro. Et c’est exactement le climat qui sied à ce nouvel EP de l’entité nationale KURJUUS, one-man-band dans la plus pure tradition du nord, et qui depuis sept ans nous inonde de démos, d’EP’s et autres splits pour mieux propager sa mauvaise parole.

Mené de main noire de suie par Hämärä (HARHAOPPISTEN YLIPAPITAR, SAASTUNUT), KURJUUS est un vecteur d’expression classique pour misanthrope indécrottable, et amasse tous les clichés possibles semés sur sa route pour pondre une œuvre fondamentalement enracinée dans la culture lo-fi. Tout y passe, le son immonde, le chant exhorté, les riffs pauvres et sursaturés, l’enregistrement à l’économie, avec une batterie sonnant comme un lave-linge maltraité par une barre de fer, les grésillements généreux, et pourtant, quelque chose de spécial émane de ce format moyen.

Une aura qui nimbe le projet de mystère, mais qui ne l’éloigne pas de la réalité brute d’un Black Metal mélancolique et suicidaire. Parfois franchement à la limite d’un DSBM transposé dans un langage norvégien de la grande époque, Erakon tie nous vrille les tympans de ses médiums poussés à l’extrême, mais sait aussi nous égayer d’un riff sautillant ou d’un upbeat bondissant.

Un compromis assez intéressant entre le nihilisme et le prosélytisme, pour quatre titres qui vont évidemment exploser vos enceintes. Mais si la production date de l’âge de pierre des multipistes à K7, le rendu n’en est pas moins intéressant, de par l’équilibre trouvé entre le purisme et l’envie de s’émanciper des obligations minimalistes en ajoutant de tristes harmonies.

Mais masochistes, rassurez-vous. Le tout est emballé dans un sac de douleur aussi opaque qu’il n’en a l’air, et l’écoute est évidemment éreintante. En prenant en compte ce jeu de batterie erratique et aussi fidèle au click qu’un Lars Ulrich distrait, cette voix atroce qui semble vouloir traverser les speakers, et cette atmosphère générale de confinement dans une forêt finlandaise, Erakon tie mérite son titre d’EP Raw Black de cette rentrée, sans prendre les fans pour des imbéciles, mais sans les rendre plus intelligents non plus.

Classique, mais sévère.           

 

       

Titres de l’album:

01. Erakon Tie

02. Totuus Virtaa Tautiseen Sieluuni

03. Vaikka Kaikki Ympärilläni Palaisi

04. Syntyvä Uudelleen Erämaan Täydellisessä Hiljaisuudessa


Bandcamp officiel

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Helveteskrypt - Dødens Prest

Suède, Finlande, Norvège. La boucle est bouclée et les fenêtres grandes ouvertes pour bien laisser rentrer le froid. C’est donc dans le pays d’origine du Black Metal que nous terminons notre périple matinal, avec le premier album de HELVETESKRYPT, duo mystérieux composé de Count Warlock (instruments) et Muilcorch (chant).

Pardonnez-moi d’avoir un peu triché sur ce coup-là, puisque ce premier long n’est ni une démo ni un EP (quoique je n’en sois pas absolument certain puisque Metal Archives n’en parle même pas), ce qui ne l’empêche pas de s’inscrire dans la logique lo-fi de cette chronique groupée. Et pour être honnête, Dødens Prest est sans doute le témoignage Raw le plus fidèle aux dogmes de ces trois entrées.

Raw Black ou Trve Black ? La question se pose eu égard au caractère très formel de cette réalisation. Mais avec sa pochette photocopiée deux ou trois fois et sa production plus que roots, Dødens Prest peut se permettre d’incarner les deux camps, quelque part entre DARKTHRONE et SPECTRAL WOUND. Des structures classiques donc, pour un répertoire qui ose les imbrications et autres déviations, histoire de fournir à ses adorateurs leur dose de grisant en noir et blanc. Le chant évidemment raclé, placé au premier plan au détriment d’une basse totalement absente, la guitare laminant les sempiternels motifs circulaires, les rares soli inaudibles, et cette rythmique réduite à une batterie rachitique font de ce premier long un sacré cadeau empoisonné à tous les fans de Black lo-fi, qui attendent de leur pitance qu’elle arrache leur tympans déjà fragilisés.

Néanmoins, ne mettons pas de côté les ambitions dont les norvégiens font preuve. Loin d’une bouillie sonore imbuvable et mauvaise pour la santé mentale, Dødens Prest incarne le volet le plus authentique du BM norvégien, rappelant cette époque bénie des précurseurs se perdant dans les forêts habillés de cuir et de clous, les deux bottes dans la neige et la masse d’armes dans la main.

Il n’est donc pas si difficile d’apprécier cet album qui garde une certaine musicalité, toutes proportions gardées évidemment. Si bien sûr l’influence de Nocturno Culto et Fenriz est palpable du début à la fin du métrage, les deux complices norvégiens parviennent tout de même à insuffler à leur musique une aura plus personnelle, à l’occasion de breaks plus construits, et autres digressions riches en idées.

Mais le résultat est là, et Dødens Prest est à peu près aussi traditionnel qu’un slip de peau de Quorthon mis à sécher sur la corde du jardin de sa mère. Le maître suédois se voit d’ailleurs honoré d’une reprise tout à fait honnête bien que manquant de la patine grandiloquente de son inspiration, via un « Call From the Grave » rachitique, lancinant, et aussi stimulant qu’une balade dans les bois par un hiver des plus rudes.

HELVETESKRYPT n’est pas une révélation, mais bien un concept viable. Ses intonations sont sincères, et sa mise en forme convaincante. A réserver toutefois aux inconditionnels du genre ou aux indécrottables complétistes.     

        

Titres de l’album:

01. Intro

02. Dødens Prest

03. Uhurlige Ummenskelighet

04. Necromancer

05. Porten Til De Dødes Verden

06. Lord Misanthrope

07. Den Siste Veien

08. Call From The Grave (BATHORY cover)


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par mortne2001 le 14/03/2024 à 16:33
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