Avant d’aller plus en amont, précisons les choses. Ceci n’est pas le tant attendu troisième album des japonais de SOLITUDE comme le précisent les informations fournies par le label. Il ne s’agit que de la réédition de leur second long, déjà paru en 2015 chez Spiritual Beast et remis sur le marché l’année suivante par Test Your Metal. C’est donc la troisième occurrence de cette œuvre, ce qui commence à faire beaucoup pour un disque qui n’a que quatre ans, mais sans bouder notre plaisir, autant rester objectif. Il est certain que les danois de Mighty Music ont fait une opération honnête en dealant de nouveau ces morceaux, mais un peu de nouveauté ne nous aurait pas fait de mal. D’autant que les fans les plus hardcore du groupe connaissent déjà ce master par cœur, et que cette édition n’apporte rien de plus aux précédentes, mis à part en termes de distribution peut-être. Les autres ? Il y en a encore beaucoup, malgré la longue carrière du groupe entamée en 1996…1996/2019, deux LP, on ne peut pas dire que les nippons l’ont fréquente, et Reach For The Sky ne leur a pas vraiment permis de toucher un public plus vaste, malgré ses qualités parfois évidentes. Fondé par deux ex-SACRIFICE et un ex-ANTHEM, soit de sérieuses références, le collectif SOLITUDE n’est pas du genre à la chercher, mais à privilégier la communion collégiale on tour, grâce à une musique qui ne fait ni dans la dentelle ni dans la boucherie, mais qui s’évertue à replacer dans le contexte des idées déjà émises dans les années 80. Vous pensez vintage, vous pensez old-school, mais vous n’avez pas complètement raison, puisqu’il est plus question ici de tradition et de méthodes de composition traditionnelles, que d’une tendance à suivre bêtement les modes qui quoi qu’il arrive, resteront cycliques. C’est donc à un Metal fier et viril auquel nous sommes confrontés, ce que le premier long du groupe affirmait lui aussi, via des guitares tranchantes et une rythmique puissante.
Rien de bien neuf à se mettre entre les oreilles, puisque SOLITUDE se veut une sorte d’archétype à lui seul, une machine de guerre bien huilée, qui utilise les mêmes méthodes de canardage que dans les eighties. Des influences qu’on sent dès les premières mesures, et une tendance à voguer au gré des courants pour flotter sur le sien. Nous avons donc droit à un sérieux savoir-faire typiquement Heavy hérité du PRIEST, à un soupçon de Thrash light à la METAL CHURCH, à des accélérations velues dignes de MOTORHEAD, à quelques allusions à METALLICA, mais aussi à des clins d’œil appuyés à la scène nationale, via des citations très EZO et LOUDNESS. Du classique donc au menu, mais joué avec les tripes et le cœur, et qui parvient presque à masquer son manque d’inspiration par une énergie béton, qui certes n’efface pas complètement les quelques clichés qui tournent souvent en rond. On se demande même de temps à autres si le groupe n’a pas du mal à s’ancrer à bon port, tant les digressions vont et viennent, se rapprochant parfois d’une vision très musclée de MAIDEN (« Escape For The Crime », les tierces ne mentent jamais), ou dérivant le long d’un Hard-Rock sous stéroïdes, rappelant subtilement ANVIL, TANK, et autres héros de la série B Metal d’il y a trente ans. Non que le sentiment soit désagréable, mais une fois encore, seuls les accros au classique s’y reconnaîtront, spécialement lorsque les références des japonais deviennent vraiment évidentes (« You Got My Mind », Algy Ward et Lemmy en goguette, ça ne bouffe pas que des cacahouètes), ou que le réveil oublie de sonner pour raccourcir les débats (« Venom's Angel », presque huit minutes de recyclage de TESTAMENT, ça fait long à son The Legacy quand même…).
Excellents musiciens, les japonais (Toru Nishida – basse, Akira Sugiuchi – chant, Takamasa "Mad" Ohuchi – batterie et Shingo Ida – guitare) en connaissent un rayon niveau tradition, et lâchent leurs plans les plus fatals, nous embarquant dans un périple passéiste, certes agréable, certes bien produit (la basse claque même comme celle de Greg Christian sur Practice What You Preach), mais terriblement versatile. On aurait parfois préféré que les tonalités les plus graves et méchantes du début d’album s’incrustent jusqu’à la fin, pour essayer de singer les NEVERMORE avec classe, mais cette façon qu’a le groupe de tergiverser dans ses tendances est un peu étrange, et nous laisse clairement insatisfait. Ils font pourtant de leur mieux pour nous convaincre de leur foi, et placent d’ailleurs les deux segments les plus conséquents en ouverture, avec un « Blow » speed en diable, aux mélodies appréciables, mais au déroulé un peu trop facilement envisageable. Un peu de JUDAS, un peu de HELLOWEEN, un peu de PRIMAL FEAR, un soupçon de Heavy Thrash ricain du tournant des décennies, et le tour est joué. Dommage, car la basse volubile de Toru Nishida est ronde comme une quadrature du cercle, et parce que le chant de Sugiuchi, rauque et grave fait admirablement bien le job. Les pulsions guerrières du quatuor les entraîne même du côté Thrash où ils devraient plus souvent glisser, et « Blow » - encore - de nous en coller une bonne de tous les côtés, formellement certes, mais terriblement efficacement. Alors, pourquoi tout ça fonctionne sans vraiment fonctionner ? Parce qu’en son centre, l’album commence méchamment à adoucir son propos, et à verser dans la mièvrerie Heavy la moins supportable, s’adressant de fait à tous les nostalgiques de la linéarité d’antan (« Reach For The Sky »).
On finit même par rebondir sur un Hard-Rock jumpy et joyeux, laissant place à des démonstrations en solo délectables certes, mais posées sur un up tempo un peu trop guilleret. Et « On The Edge of Sorrow » de se placer en exergue d’un remplissage qu’on aurait facilement pu éviter, en coupant de ci de là quelques minutes pas forcément indispensables. C’est d’ailleurs ce que prouve le long final « December », qui s’évertue à synthétiser tous les plans les plus éculés de la scène Heavy passée, se payant le luxe de plomber neuf minutes sans offrir la moindre variation. Messieurs, cette astuce de combler le vide avec pas grand-chose était autrefois l’apanage du MAIDEN aux interminables digressions soi-disant progressives, et il est donc inutile de tenter de faire encore pire avec encore moins d’éléments. Dommage franchement que Reach For The Sky s’essouffle aussi rapidement, les trois ou quatre (soyons clément…) premiers morceaux laissaient présager d’une œuvre non capitale et encore moins originale, mais au moins d’une musique puissante et efficace, postulat que la seconde moitié de l’album vient gâcher de sa niaiserie instrumentale. Il n’était donc pas forcément utile que les danois de Mighty Music nous proposent une troisième version d’un LP pas franchement carton, mais ça aura au moins le mérite d’offrir une nouvelle chance aux SOLITUDE pour ne pas les y laisser. Sans savoir s’ils le méritent vraiment.
Titres de l'album :
01. Venom's Angel
02. Virtual Image
03. Blow
04. Reach For The Sky
05. Don't Need Mercy
06. Escape For The Crime
07. You Got My Mind
08. On The Edge Of Sorrow
09. December
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