Au fond, je suis toujours le gros bourrin que j’étais dans les années 80. Tenez, une belle pochette et l’appellation Thrash comme caution et je fonce tête baissée, sans me préoccuper d’une quelconque qualité. Mais il faut dire que l’illustration ornant le premier album des colombiens de SHELLFIRE vaut vraiment le détour, et sent le vintage à plein nez. Un peu Pulp sur les bords, suffisamment belle pour être accrochée dans un salon, et signée de la main habile de Luisa Fernanda Agudelo, elle accroche méchamment l’œil et donne salement envie d’en savoir plus sur ce jeune combo, qui reste assez flou sur ses convictions profondes. Fondé en 2008 à Tulua/San Pedro, ce quatuor aura patiemment attendu le bon moment pour faire parler de lui, et c’est en 2016 que son premier EP a vu le jour, Bringers of Self Destruction qui de son titre en disait long sur l’esprit revanchard de la bande. A trop ronger leur frein, les colombiens ont donc mis le paquet, malgré quatre années de battement entre leurs deux efforts discographiques, et Reality... and Other Tales of Terror tombe à point nommé nous rappeler au bon souvenir de ces furieux fans d’un Thrash d’antan, mais pas aussi passéiste que celui de certains de leurs collègues plus aguerris, mais aussi plus classiques. Avouant des influences assez traditionnelles (TESTAMENT, MEGADETH, DARK ANGEL, GAMA BOMB, SOLSTICE, DEMOLITION HAMMER, ANNIHILATOR, METALLICA), les SHELLFIRE précisent que leur inspiration se situe tout autant dans les eighties que les nineties, et qu’ils n’hésitent jamais à insuffler un peu de technique et de modernité à leur approche formelle. Et c’est effectivement ce qu’on constate en écoutant ce premier LP qui tient solidement la route, et qui se place dans une très bonne moyenne de Thrash old-school.
Présentations officielles : Felipe Giraldo (basse), Carlomario Tascon (guitare), Andres Castillo (guitare/chant) et Luis Rojas (batterie), un album mixé et masterisé par Guido Rodríguez (OLD ENEMIES), une colère raisonnable, une basse énorme et ronflante rapprochant le tout d’un savant Crossover à la EXCEL/NUCLEAR ASSAULT/LUDICHRIST, des chansons efficaces avec un nombre conséquent de plans, voilà donc le résumé que l’on peut faire de ce premier album qui place les colombiens sur la carte mondiale de l’hommage même pas déguisé. Rien à reprocher sur le fond ou la forme à ce quatuor qui a parfois de faux airs de DBC en moins avant-gardiste, mais qui a certainement beaucoup écouté FORBIDDEN et VOÏVOD, sans oublier DEFIANCE ou ANTHRAX. Les riffs sont saccadés juste ce qu’il faut, la rythmique assez inspirée pour ne pas se contenter du pilonnage de rigueur, et Andres Castillo a ce petit côté rauque dans le timbre qui lui permet de grogner Death comme il vitupère Thrash. Assez technique sans être démonstratif, SHELLFIRE nous propose quand même des morceaux qui s’agitent à la CORONER (« Broken Hopes »), et suggère même des accointances avec l’école allemande de Techno-Thrash, et les fameux VENDETTA, HOLY MOSES, MEKONG DELTA, spécialement dans cette modération au niveau du tempo qui les empêche de se rapprocher de trop près du Thrash classique, sans tomber dans l’excès de prudence des groupes les plus timorés. C’est en quelque sorte une synthèse parfaite des années 88/91 que nous proposent les colombiens, avec un son sec, mettant en relief la sauvagerie intelligente des guitares, et l’épaisseur de la basse. On se demande même parfois si Felipe Giraldo n’est pas le fils caché de Dan Lilker et Frank Bello, tant ses lignes qui arrondissent les angles mènent sur la piste du meilleur Thrash/Hardcore.
Chaque titre prend son temps pour argumenter, et la plupart des entrées atteignent ou dépassent les cinq minutes, sans jamais manquer de jus. Inspirés au moment de trousser des breaks ambiancés, les musiciens se permettent des inserts mélodiques à la METALLICA/TESTAMENT sur « Commanded Apocalypse » qui fleure bon les 80’s les plus puristes, mais on en vient presque à regretter que le quatuor ne se soit pas lâché sur des titres plus brefs et percutants. Sans attendre la densité féroce d’un KREATOR, les mid-tempi se taillent un peu trop la part du lion, et lorsque le batteur fait monter la mayonnaise, on sent qu’il se retient et n’emballe pas trop les débats. Heureusement, les nombreux riffs nous tiennent en haleine, à tel point qu’on pourrait presque parler de Thrash progressif parfois, dans l’optique d’un BLIND ILLUSION moins obsédé par le psychédélisme des années 70. Mais le groupe tient quand même son hymne à la EXODUS/MEGADETH avec « Psychophobia », qui multiplie les accélérations, les syncopes, et de montre incroyablement performant niveau rendement. L’unité flagrante de l’album pourra sans doute lasser les amateurs de sensations fortes, mais je concède au combo un panache indéniable au moment de trouver l’atmosphère idoine. Ainsi, l’intro grondante et ténébreuse de « 732-Squad » permet d’aborder la fin de l’album avec un minimum de curiosité, même si le thème principal nous ramène toujours aux obsessions initiales. Rester calme, ne pas s’énerver pour rien, et tricoter un maximum de licks pour étaler les idées au grand jour.
Il n’en reste pas moins que Reality... and Other Tales of Terror est un produit très compétitif, qui tient largement la comparaison avec la production old-school actuelle, et qui se fera une bonne place dans la playlist de tous les maniaques de la nostalgie Thrash. Et rien que pour cette sublime pochette, les SHELLFIRE méritent d’être soutenus dans leur bon goût manifeste.
Titres de l'album :
01. Reality
02. The Crawling Chaos
03. Dog Faced God
04. Broken Hopes
05. Commanded Apocalypse
06. Psychophobia
07. 732-Squad
08. Infernal Breeze
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"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
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