Saluons l’obstination et la passion. En effet, ce sont les deux mots qui me viennent au clavier au moment de parler des ORIGIN'HELL qui accuseront l’année prochaine deux décennies de carrière. Formé en septembre 2001 à Vitré en Bretagne, ce combo méritant fait partie de ces acteurs de l’underground que nos webzines louent tant, eu égard à leur motivation qui ne décroit jamais, au regard des obstacles qu’ils doivent affronter pour enregistrer leur musique, la distribuer, et trouver des concerts pour pouvoir la promouvoir. J’ai moi-même été dans cette position il y a fort longtemps, mais n’ait pas eu la chance de pouvoir continuer, alors je ne peux que louer l’énergie dont font preuve les bretons pour être encore là en 2020 et proposer à leur fanbase ce cinquième album, publié sur leur propre label et distribué par Coop Breizh Distribution. Un cinquième LP, ça n’est pas rien dans la carrière d’un groupe, ça témoigne d’une longévité et d’une énergie de tous les diables, énergie qui se retrouve dans les morceaux proposés par les bretons sur cet endiablé Realm Of Necromass qui ne trahit en rien leurs convictions Thrash/Death de puristes, qui les animent depuis leurs débuts. Nous étions d’ailleurs sans nouvelles du groupe depuis cinq ans et la parution de Voices From Chaos, mais l’inquiétude n’a jamais frappé à notre porte. Nous savions très bien que les musiciens allaient revenir un jour ou l’autre avec un autre album sous le bras, un album truffé de riffs sévères et de rythmiques d’enfer, et c’est chose faite aujourd’hui avec cette petite demi-heure de musique qui comblera les plus modérés de l’extrême d’entre vous.
Forts de scènes foulées en compagnie et/ou ouverture d’IMPALED NAZARENE, NOSTROMO, ALL SHALL PERISH, MERCYLESS, NO RETURN, GOROD, MISANTHROPE, KRONOS, INHUMATE, THE NEGATION, KLONE, ou THE ARRS, mais surtout d’une expérience musicale forgée avec les années, ORIGIN'HELL n’a absolument rien changé à sa démarche, et continue de mixer un Thrash radical à un Death mélodique, faisant toujours preuve d’un grand panache au moment de mixer les deux courants. C’est ainsi qu’une fois encore, certains morceaux se détachent du lot, comme cet imparable « The Necrosurgeon's Slavery », qui ressemble à s’y méprendre à un instrumental de DEATH ANGEL repris par les MASSACRA, avec toujours en exergue ces mélodies héritées du folklore breton qui soulignent une puissance incroyable, puissance qui se manifeste au travers de riffs certes classiques, mais Ô combien efficaces. Car l’ambition des bretons n’a jamais été de révolutionner la scène, mais bien d’y apporter leur contribution, et cette humilité leur permet de signer des œuvres formelles mais jouissives, qui piochent un peu partout dans le répertoire historique, chez MORBID ANGEL, AT THE GATES, SUFFOCATION, mais aussi EVIL DEAD, LOUDBLAST, et quelques autres références incontournables. Pourtant, la musique du quatuor (Alexandre - batterie, Cédric - chant/basse, Damien - guitare/chant, et Antoine - chant/guitare, le même line-up depuis les débuts, chapeau) est résolument personnelle, et nous retrouvons avec plaisir cette dualité vocale infernale, mélange de growls sombres et de cris hystériques, mélange qui confère aux compositions un léger parfum démoniaque qui ne fait qu’accentuer la sensation d’agression permanente. Mais sur ce Realm Of Necromass, les bretons font encore une fois preuve de finesse, et ne se contentent pas de pilonner pendant trente minutes. Ils agencent leurs idées, ce qui leur permet de proposer des ambiances plus aérées, comme à l’occasion de « Black Winter », furieux dans la forme, mais précieux dans le fond, et véritable hymne Death/Thrash comme on en fait peu.
La formule n’a pas changé, et gageons qu’elle ne changera jamais. Le quatuor a élaboré sa démarche depuis bien longtemps, et seul le professionnalisme gagne du terrain. Disposant d’un son clair mais cruel, ce cinquième né est d’une envergure conséquente, et si de temps à autres, les néophytes auront du mal à accepter les tonalités de ce chant plus clair à la lisière de la rupture, les fans reconnaîtront leur groupe, celui qui depuis vingt ans se repose sur des rythmiques solides pour développer ses arguments. Et comme rien ne les y empêche, ils glissent avec régularité des licks plus souples sans sonner trop mosh, histoire de se rapprocher d’un Thrash brutal à la française, dont la franchise a été déposée dans les années 80. Mais avec une ouverture aussi franche et bestiale que « Forest of the Impaled », au riff saccadé qui prévient de la boucherie à venir, ORIGIN'HELL ne tâte absolument pas le terrain et fonce bille en tête en toute confiance. Ils ont raison, puisqu’ils savent pertinemment qu’on adore leur optique depuis des années, ce classicisme justement guidé par cette passion dont je parlais, et qui permet de transcender des idées assez convenues. Mais avec une réelle science de la mise en place, des accélérations fulgurantes, des sifflantes démoniaques, et ce chant qui prend aux tripes pendant que la basse les sort de l’abdomen, Realm Of Necromass est encore une fois un modèle du genre, qui renouvèle le répertoire, et y apporte un peu de fraîcheur (« Rotten Plank »).
En toute honnêteté, je ne vois évidemment rien à redire sur cette production qui fait honneur au parcours des bretons. Un Thrash/Death de première catégorie, joué comme à la parade, mais pas en pilotage automatique, et avec un investissement total. Pas le temps de s’ennuyer, avec une utilisation assez futée du mid tempo pour proposer des segments plus joyeux et chantants qui peuvent surprendre (« The Necrosurgeon's Slavery », encore), mais qui reviennent vite dans le giron de la brutalité la moins gratuite. Alors messieurs, bravo encore une fois, continuez de nous faire vibrer avec votre musique, et félicitations d’être encore là après vingt ans, passion intacte et dextérité en bandoulière.
Titres de l’album:
01. Forest of the Impaled
02. Rotten Plank
03. Invocation of the Black Sheep
04. The Hammer of Damnation
05. The Necrosurgeon's Slavery
06. Hymn to the Fallen Stars
07. Incubator of Evil
08. Black Winter
09. Realm of Necromass
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