Rebelión de los Condenados

Ryvelion

27/11/2023

Green Revolution Prod

RYVELION est un drôle de groupe. Présent sur la scène colombienne depuis 2006, ce trio a changé de nom aussi souvent que David Vincent de teinture, se baptisant au gré des années WEIRDS PAIN, MALDITHORN, RE-EVOLUTION, avant de trouver son appellation définitive. Ce qui n’a pas changé par contre, c’est le duo de base derrière ce concept : Óliver Díaz (batterie) et Pedro Molina (basse/chant). Les deux compères voguent donc sur une mer de violence depuis presque deux décennies, et ont accueilli en 2023 un nouveau lieutenant, José Luis Roa Valbuena, guitariste de son état.

Voilà pour les présentations, abordons maintenant le cas de ce premier album. Considérant le temps qu’il a fallu aux colombiens pour l’enregistrer (même si un premier EP l’avait plus ou moins annoncé en 2021), nous étions en droit d’attendre un modèle de perfection Thrash comme seuls les colombiens savent les empaqueter. Et nous ne sommes pas si loin que ça du but, même si l’approche du trio reste cruellement formelle. Des influences eighties, quelques touches de Groove des années 90, pour un son daté et estampillé passéiste sans complexes.

En une demi-heure de jeu, RYVELION ne justifie pas vraiment sa prudence de production. On sent que cette violence matinée d’agressivité Punk reste l’apanage des populations hispaniques, et entre un Crossover solide et fier et un Metal épais mais global, Rebelión de los Condenados célèbre les fantômes de la révolution, et nous entraîne dans un monde bien connu, celui des riffs touffus et des crises rythmiques velues.

Rien de bien nouveau sous le soleil de Pitalito, mais une belle confiance affichée par trois compères qui connaissent leur bréviaire Thrash. Entre la Bay-Area des années 86/89 et l’Amérique du sud de la même époque, RYVELION joue un jeu franc, et attaque sans relâche en mode allemand pour mieux nous mettre à genoux. Ce qui ne fonctionne pas systématiquement, mais qui a le mérite d’être sincère.

Emballé dans une production honnête, Rebelión de los Condenados est très frais. Il ne se vend pas sur des arguments fallacieux, et propose même quelques petites surprises bienvenues. « Tierra de Metal y Fuego », posé aux avant-postes joue la carte de l’instrumental long comme les cheveux de feu Warrel Dane, et nous surprend de son absence de chant. Cette déstabilisation est savoureuse, peu étant les groupes assez culottés pour prendre un tel risque, d’autant que l’instrumental en question déborde de passion.

Le reste du tracklisting est à l’avenant, entre bourrasques modérées et tempêtes bien installées, et le fan de brutalité raisonnable de s’enthousiasmer pour ce power-trio de l’enfer. De la générosité dans les plans, de la solidité dans les humeurs, un jeu de batterie inspiré et une guitare déchaînée, voici donc les ingrédients de ce premier long qui ne l’est pas vraiment. Mais grand bien en a pris aux colombiens de ne pas jouer les prolongations inutiles, puisque Rebelión de los Condenados garde ainsi son caractère sauvage et spontané.

On appréciera la voix très Schmier de Pedro Molina, les fills habiles d’Óliver Díaz, et on pensera même à un mariage entre DESTRUCTION et OVERKILL, le tout saupoudré de piment bien tassé pour rester en phase avec les racines hispaniques. Un Crossover assez plaisant donc, et même des montées en puissance vraiment décentes. Ainsi, le très direct « Revolución » s’encaisse comme un gros pavé dans la tronche, alors que le très agacé « Caos » aurait pu plaire au SEPULTURA post-Max.

Le seul but du trio est donc de la jouer sincère et sans esbroufe. En ce sens, la mission est accomplie, mais on regrette que les quelques singularités présentes sur certains morceaux n’aient pas été travaillées avec un peu plus de curiosité.

On sent que le groupe est capable de passer la vitesse supérieure sans avoir à trop forcer, pour accoucher d’une œuvre sinon fondamentale, du moins excitante. C’est en tout cas ce qu’on ressent en tombant sur le final « Human Extinction », apocalypse programmée mais subtilement mélodique, et qui clôt les débats avec fermeté et puissance.     

Guitare aguicheuse, up-tempo pondéré mais chant enragé, pour une dernière poignée de main musclée. RYVELION se fait donc plaisir avec son premier-né, et se fraie un chemin dans la jungle des productions old-school internationales. Un petit chemin, qui ne sent pas forcément la noisette, mais qui se parcourt l’écume aux lèvres et la rage au ventre.

 

               

Titres de l’album:

01. Tierra de Metal y Fuego

02. Muerte y Desgracia

03. INGIYAB

04. Badness World

05. Revolución

06. Caos

07. La Ira del Dragón

08. Human Extinction


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par mortne2001 le 15/03/2024 à 17:36
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