Première écoute : décomplexé. C’est vraiment l’adjectif qui m’est venu à l’esprit en savourant le premier longue-durée des franciliens d’AFTER US ALL. Dans le bon sens du terme s’entend, avec des musiciens se moquant bien d’un quelconque style pour affirmer le leur. Les parisiens ou presque sont sur le marché depuis quelques années maintenant, et ont même pris le temps d’enregistrer un premier EP en 2019, né d’une rencontre tout sauf fortuite avec HK Krauss. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, et l’heure est venue de confirmer les bonnes impressions avec un long.
Dont acte.
M&O Music se sent très fier de l’évolution de ses poulains qui jouent avec les décennies comme d’autres avec les mots. Empruntant au vocable des 80’s, 90’s et 00’s, AFTER US ALL refuse de s’ancrer dans une décennie précise, et préfère papillonner d’une inspiration à l’autre pour trouver son propre son. Un son propre très propre d’ailleurs, précis, clair, au mixage évident, qui fait la part belle au point le plus important qu’un groupe puisse envisager : la cohésion.
Mettre tout le monde au même niveau, ne pas placer la voix trop en avant, pour obtenir une osmose palpable entre les instrumentistes, tous très capables, et bons compositeurs. Je ne parle évidemment pas là d’épiphanie musicale, mais de satisfaction artistique qui permet d’écouter un disque bien fait, sans se sentir coupable de trahir le Heavy de papa.
Céline Himmer (chant), François Masciopinto (guitare/claviers), Olivier Chovet (guitare/claviers), Guilheim Bretillon (basse) et Chris Palengat (batterie) sont bien ensemble. C’est le sentiment qu’ils donnent à l’auditeur qui en découvrant les morceaux comprend que le quintet se sent terriblement à l’aise dans son jus, certes moderne, mais pas aseptisé pour autant. D’aucuns balaieraient le tout d’un revers de manche en glissant le dossier dans le carton des « groupes à chanteuse », mais il convient de se souvenir que le genre d’un vocaliste n’a d’importance que si on lui en accorde. Ce qui n’est pas mon cas.
En outre, Céline Himmer n’a pas à rougir de son interprétation, elle qui évite les arias opératiques pour se concentrer sur des lignes vocales presque Pop, entre Metal et alternatif, et toujours en ligne de mire cette accroche indispensable qui rend les refrains irrésistibles. Comme celui de « 6 Feet Under » qui trace les lignes à suivre pour le reste du répertoire.
Suffisamment Heavy pour intéresser les vilains que nous sommes, assez syncopé pour nous ramener au début de ce siècle, Rebirthed est une renaissance après presque six ans de silence. La prise de conscience d’un potentiel indéniable, celui d‘accoucher de tubes, que l’on se surprend à fredonner lorsque la pièce est vide. « Get Out » pourrait sonner comme les RUNAWAYS si elles avaient poursuivi leur route ensemble jusqu’aux années 2000, alors que le plus lourd et pesant « Rebirth » s’amuse beaucoup de la puissance de son riff principal pour le confronter à une ambiance en demi-teinte, clair-obscur qui met en lumière les nuances dans le timbre de Céline. En jouant habilement avec le tempo et la puissance, le quintet offre à son premier album une variété bienvenue, qui évite les répétitions d’un répertoire trop uniforme.
Ce disque a donc été pensé, construit, les titres enregistrés dans un ordre précis, pour proposer une histoire complète à un public avide de nouveautés fraiches. L’apport des synthés, loin de niveler l’ensemble, lui apporte une dimension onirique qui transperce la nuit sur le superbe « Hear my Call ». Très loin du facilement mis en boite, Rebirthed témoigne d’un appétit artistique indéniable, en réconciliant le GATHERING le plus mainstream et le ELYOSE le moins synthétique.
Je suis toujours circonspect au moment d’aborder un album se proclamant up in time. Les modes passent vite, les concessions sont parfois excessives, et la frontière entre le Heavy mélodique et la soupe radiophonique calibrée étant très facile à franchir, il faut toujours se méfier des artistes jouant avec les limites. Mais les AFTER US ALL sont des gens très intelligents, et des musiciens rompus à l’exercice de la flatterie auditive. Et lorsque les sentiments prennent le pas sur l’énergie, on rentre à la maison des papillons plein l’estomac (« Home Again »).
« Roller Coaster » appuie lui aussi sur cette ouverture d’esprit, qui permet d‘intégrer des composantes externes à une structure Metal. Et si ce premier album n’est pas encore un grand huit émotionnel, il ouvre quand même largement l’éventail des possibilités, pour que le quintet ne se retrouve pas coincé dans une attraction qui finirait par l’ennuyer.
Un gros travail sur les guitares, qui combinent en permanence son clair et distorsion grasse, syncopes efficaces et cocottes en fines traces, rythmique bouncy, et chant versatile, les ingrédients sont dosés avec minutie, et pourtant l’ensemble sonne aussi frais qu’un premier rendez-vous amoureux.
AFTER US ALL, the deluge ?
Peut-être pas, mais de l’emphase (« Are You There »), et beaucoup d’envie (« Last Goodbye », l’explosion finale dont tout album digne de ce nom a besoin). Belle réalisation, construction propre, crescendo habile, Rebirthed n’est ni trop, ni pas assez, ni opportuniste, ni passéiste, et surtout, compétitif au niveau mondial. Je vous souhaite le meilleur, vous le méritez. Maintenant, montez sur scène pour défendre cet album et rameuter les armées. Après tout, vous êtes là pour ça non ? Mais après vous, je vous en prie.
Titres de l’album:
01. 6 Feet Under
02. Empty Space
03. City Lights
04. Higher
05. Get Out
06. Rebirth
07. Hear my Call
08. Home Again
09. Roller Coaster
10. Yours To Keep
11. Are You There
12. Last Goodbye
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
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AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
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Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
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Toute ma jeunesse.Mais franchement, je ne regrette pas cette période : Le nombre d'heures "perdues" à remplir des K7s et faire les pochettes bordel... ... ...
10/02/2025, 10:16
Um som genuíno e nostálgico.Eu olho para Um poema morto, com grande carisma, com a esperança de que a boa e velha desgraça dos anos 90 ainda respire. Abstract Existence, talvez, seja o &(...)
09/02/2025, 11:22
Je milite pour le retour de la k7 et les lecteurs cd dans les voitures . spotify et compagnie
09/02/2025, 10:28