Au lieu d'admirer benoîtement vos enfants chéris chercher des œufs de Pâques dans votre petit jardinet de banlieue, prenant l'air faussement étonné que les cloches les aient placés exactement à l'endroit auquel vous aviez pensé, et jetez-vous donc sur le premier album des hollandais de SLAVERY FARM. Certes, le tout est beaucoup moins familial et bon enfant, et sent plus volontiers les effluves d'une vieille salle de répète pourrave d'Amsterdam que le chocolat de supermarché. Mais au risque de passer pour des parents indignes, la blague mérite d'être faite à vos marmots de toute façon trop gâtés, et qui ont besoin de découvrir la vie telle qu'elle est. Et l'existence décrite par ces originaires de Rotterdam n'est pas du genre idyllique, mais plutôt proche d'une réalité très concrète et fort peu empathique...Formé sur les cendres de plusieurs groupes locaux (FOKKUM, ROTT N'DAMNED et THE AFTERVEINS), SLAVERY FARM n'a toujours eu qu'un but avoué, enregistrer l'album de Crust/D-beat le plus sale et méchant de la création, et sous ce point de vue-là, admettons que l'entreprise est à moitié réussie. Si les bataves ne peuvent prétendre pour l'instant faire partie de la caste la plus néfaste de la frange extrême du Hardcore, ils peuvent au moins revendiquer un statut respectable, puisque leur premier effort, ce Reborn dont je m'apprête à vous parler est tout à fait honnête et solide dans son entreprise de destruction de la musique moderne. Obsédés par des références aussi avouées que les DISFEAR, WOLFPACK, DOOM, NAILS, NASUM, TRAP THEM, WOLFBRIGADE, ou les SKITSYSTEM et autres HIS HERO IS GONE, les quatre hollandais (Mathew Altorf - chant, Ries Fokkum - batterie, Daniël Dijkstra - guitare et Xander van Dijck - basse) foncent donc bille en tête, mais ne se contentent pas d'accumuler les saillies ultrarapides, travaillant leur partition pour nous offrir de purs moments de lourdeur et d'oppression, sans pour autant dévier de leur philosophie d'origine.
Pas de grosse surprise toutefois à attendre d'un disque somme toute assez prévisible, mais emballé dans une superbe pochette signée Jasper Swerts (Infested Art), et qui développe de beaux arguments de violence, tout en admettant quelques accointances avec l'univers d'un Hardcore plus nuancé, et strié de riffs méchamment syncopés et balancés («Tank », plaidoyer pour un mosh endiablé). On pense à l'école la plus anglaise des EXTREME NOISE TERROR et autres DOOM, spécialement à cause de cette ambiance sourde et joliment sombre, mais les efforts consentis pour éviter les pièges de la facilité permettent à Reborn de souvent décoller d'un sol jonché de détritus, pour s'envoler vers des paradis Crust n'Core remarquables. D'un niveau instrumental plus que respectable, ce premier long se hisse donc à la hauteur de quelques influences admises, sans chercher à les transcender, mais en y greffant sa patte durement griffue. Proposant des morceaux dépassant rarement les deux minutes chrono, le quatuor reste dans sa zone de confort, et en profite pour glisser quelques pirouettes rythmiques histoire de nous surprendre un peu, aménageant parfois de jolis breaks poisseux pour nous regarder droit dans les yeux (« Downfall », assez Death dans le fond, mais vraiment dérangé dans la forme, et suggérant une politesse rendue aux NAPALM DEATH, les instigateurs). Ce mélange de sonorités héritées de l'école suédoise des années 90, et des enseignements de la perfide Albion de la décade précédente est particulièrement savoureux, et lorsque l'esprit Punk prend le dessus, on pogote comme des rageux (« The Blood Flows », ou comment ramener les fans enragés des années en arrière pour leur apprendre les mauvaises manières), admettant une passion consommée pour les riffs de guitare légèrement dissonants. Se situant donc dans une joyeuse moyenne de D-beat à consonance Crust, SLAVERY FARM nous propose donc sa propre vision de la proverbiale ferme d'Orwell, et dépeint un tableau cruel où les animaux, fatigués d'être pris pour des billes se révoltent et avancent pour tout casser.
Violent, mais respectant quand même les limites de la décence, rapide mais prenant le temps d'imposer des thématiques actuelles (« Burn » au parfum corsé très TRAM THEM envahi de fumée), mais se laissant parfois aller aux joies de l'instantané culbuté (« Controlled », et ses petites trouvailles de kick qui catapultent le classicisme dans les cordes), ce premier LP est d'une qualité formelle indéniable, et décolle à intervalles réguliers. On retrouve même l'emphase des DISCHARGE coincée entre deux accélérations brusquées (« No Escape »), et surtout, cette lucidité Death qui autorise la jonction entre l'Angleterre des late 80's et la Suède des early 90's, le tout traité façon Metal de la mort, sans sombrer dans l’exagération d'une pesanteur trop prononcée (« Restless »). Adeptes indécrottables du DIY, les SLAVERY FARM bouffent à tous les râteliers, et réconcilient les extrêmes dans une même euphorie, matérialisant une saine colère musicale qui leur permet de rester à la surface d'une scène prolixe, mais souvent complaisante. Mais ici, rien n'est gratuit, et aussi instinctives soient ces pulsations, on sent que le groupe a mûrement réfléchi son plan d'action, pour ne pas verser dans l’approximation les condamnant au chaos sas nom. C'est d'ailleurs parfois ciselé comme un orfèvre de la boucherie, à l'occasion d'un irrésistible « Touch And Die » qui propose un nombre conséquent de plans, sans se perdre dans ses propres couloirs. L'ombre des influences citées ne condamne pas le groupe à des ténèbres forcées, mais les expose au contraire à la lumière d'un Hardcore/D-beat vraiment malmené, mais brillamment structuré, sans toutefois dénaturer cette haine qui semble les animer. Et le tout se termine même sur un dernier accès de rage, via ce « Garbage » qui en dit long sur leur manière de penser et leur façon de jouer. Au final, Reborn est un acte de naissance à prendre en sérieuse considération, célébrant l'émergence d'un nouveau-venu qui ne peinera pas à imposer son propre son. Alors, cloches de Pâques ou pas, chocolat et chasse au trésor dans les bois, l'occasion est trop belle de rester chez soi et de savourer une bonne tranche de brutalité made in Hollande. Et pas François, l'autre. Celle de Dave.
Titres de l'album:
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"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
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