Avec Reconnexion, ELYOSE incarne une touche de glamour à la française sur la scène Metal internationale.
Cette affirmation n’est pas de mon cru, mais émane de l’agence de promotion du quatuor. Et pour les deux millions de personnes ayant vu et revu le clip de « Redemption » sur YouTube, il n’est pas difficile d’imaginer d’où provient cette touche de glamour dite « à la française ». Alors oui, Justine est belle, très belle même, mais autant dire que ça n’a aucune importance. Car le succès et le talent des parisiens ne doivent rien à la plastique irréprochable de leur vocaliste, mais bien à la somme des talents individuels de l’ensemble. Après tout, on ne publie pas trois LP consécutifs couronnés de louanges pour rien, et si Reconnexion semble saluer la carrière passée du groupe, c’est tout simplement qu’il en incarne un point d’orgue. Evacuons aussi la problématique dite de « l’album de la maturité », même si l’expression consacrée définit à merveille l’œuvre qu’il m’a été donné d’écouter ce soir. Je l’évacue parce qu’elle n’est qu’un cliché de plus, et ELYOSE déteste les clichés. Campagne de crowdfunding pour financer l’album ? Certes, et alors, les fans décident et ils ont justement décidé de faire confiance au groupe à un moment clé de sa carrière. Opportunisme Electro/Indus à l’heure où le vintage est tellement à la mode qu’on reste ébahi de pouvoir tomber sur un concept qui s’en échappe ? La belle affaire, après tout, la création est un processus personnel, et les accointances synthétiques de Justine et Ghislain ne sont plus à démontrer. Pourtant, en dépit de toutes ces exclusions/inclusions, oui, quelque part, Reconnexion EST un cliché. Mais à prendre dans le sens instantané, une image sonore du groupe tel qu’il souhaite être perçu aujourd’hui. A cheval entre avant et maintenant, pour les ambiances, dur, mais caressant, abrupt, mais mouvant. Une conclusion prématurée ? Non, pas de formules faciles pour un LP aussi riche. De l’intérieur, et de l’extérieur.
Un retour tous les trois ans, la régularité en devient si troublante qu’on en vient presque à espérer le proverbial grain de sable dans la machine. Sauf que les grains de sable, ELYOSE les balaie avec les doutes. Cette nouvelle étape est une marche de plus franchie dans l’escalade du professionnalisme, et personne ne pourra mettre en doute les convictions du quatuor. Justine Daaé donc (chant), Ghislain Henry forcément (basse), Marc De Lajoncquière (guitares) et Pat Kzu (batterie), pour une symphonie de violence qui semble remettre le groupe sur les rails d’un Néo-Metal méchamment adapté à son époque. Bien sûr, les tonalités dansantes et autres arrangements Electro sont toujours aussi présents, et la production les met d’ailleurs plus en valeur que jamais. On se retrouve face à une production gigantesque, digne d’un label aux moyens illimités, alors que l'autoproduction fut reine durant le processus. Une bordée de dix morceaux qui s’enchaînent, sans temps mort, mais avec moult temps forts, la plupart du temps axés sur des couplets électroniques dégoulinants de riffs et de tricks sonores futés, mettant admirablement bien en valeur des refrains explosifs, comme aux temps glorieux des SPINESHANK, KILL II THIS et autres valeurs sûres de la scène 2K. Passé, présent, un mélange détonnant ? Oui, mais pas étonnant, puisque Reconnexion trouve parfaitement sa place dans l’œuvre globale.
Justine à toujours cette voix reconnaissable entre mille, qui n’abuse pas des circonvolutions et feule, romance, geint, entre en transe, hurle et recommence, pour nous prendre aux tripes, au cœur, mais aussi aux jambes, qui ondulent sous les pulsions d’une section rythmique qui a adopté le millimétré absolu pour ne manquer aucune double croche. En incarnant une sorte de mix parfait entre NIGHTWISH et OOMPH, saupoudrant le tout d’une touche de KORN à la sauce Skrillex, ELYOSE prend tout le monde à rebours, et nous assène un coup fatal dans les oreilles, nous permettant d’espérer autre chose des nouveautés qu’une remise au goût du jour des vieilleries d’avant-hier. Scène française ? Absolument, mais pas du tout en même temps, même si les MASS HYSTERIA auraient pu se convaincre de ce featuring d’Aurel qui sonne comme un leftover de leur propre nostalgie. Mais la nostalgie n’a pas lieu d’être ici, et seul l’avenir compte. Celui des parisiens est pavé de bonnes intentions et d’instincts commerciaux solides, comme le démontre sans ambages le morceau d’ouverture choisi comme éclaireur, « Un Autre Eté », chaud comme une canicule de juillet, et torride comme une flambée de STATIC X dans un club de Los Angeles. Phrasé frenchy, pour énergie totalement Electro-Indus sauce mélodique, et la sauce prend justement, faisant monter la mayonnaise d’une découverte en forme de confirmation, celle qui intronise les ELYOSE maîtres de leur propre jeu, qui n’a rien de dupe.
Cohérence, cohésion, puissance, raison, telles sont les forces de ce nouvel album qui n’hésite pas à forcer les guitares à hurler au loup pour ne pas rester un simple mouton. Panurge n’a pas d’urgence, les suiveurs font le jeu des pseudos-sauveurs, et « Psychosis » en collaboration étroite avec Mark Jensen (EPICA) prouve que les leaders sont toujours suivis par les leurs, en juxtaposant un couplet élastique avec un refrain fantastique, durant lequel la voix du tempétueux guitariste fait merveille de son ton Rock, qui contraste avec les volutes ouvertement provocantes de Justine. Chanteuse qui n’a pas peur de partager la vedette, puisqu’elle éclipse de sa lumière toute l’ombre d’une musique sombre, évoluant en terrain tout sauf neutre, entre les obstacles RAMMSTEIN, MUSHROOMHEAD (par petites touches), LACUNA COIL ou THE BIRTHDAY MASSACRE. Les tournées, les clips, et plus simplement l’expérience parlent, comme en témoigne le plus simple et direct « La Veuve Noire », à l’ambiance moite et aux allusions troubles. On apprécie toujours ce mélange des langues musicales qui se délient dans la fusion des genres jusqu’à la lie, et finalement, ni féminin, ni masculin, ELYOSE incarne une sorte de créature transgenre, au-delà des conventions et des cloisonnements. Une créature capable de sinuer avec un charme vénéneux dans les méandres d’un Heavy moderne et mélodique (« Les Mots Qui Me Viennent »), de jouer avec les mots pour déjouer les maux (« Folle Alliée », que MANSON et ZOMBIE auraient pu célébrer ensemble), tout en acceptant les accalmies des sens lorsque l’innocence se frotte au péché lyrique par essence (« A Cœur Perdant »).
Alors, cette fameuse touche de glamour à la française était-elle l’argument à mettre en avant pour attirer les regards et les ouïes en direction d’ELYOSE ? Non, il eut suffi de s’en remettre à la qualité d’un disque auquel la production massive de Frédéric Gervais rend définitivement hommage, le polissant au-delà de toute aspérité, sans lui gommer les défauts d’un excès de vie. Un disque qui respecte la logique, qui continue sur la lancée héroïque, et qui impose un groupe à part sur la scène mondiale.
Titres de l'album :
01. Un Autre Eté
02. Psychosis (feat. Mark Jansen)
03. De Tout Là-haut
04. Asymétrie (feat. Raf Pener)
05. Folle Alliée
06. Mes 100 Ciels (feat. Aurélien Fouet-Barak)
07. À Coeur Perdant
08. La Veuve Noire
09. Les Mots Qui Me Viennent (feat. Flo Lemonnier)
10. Contretemps (Acoustique)
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