Nous avions déjà les REALM plutôt orientés Thrash, nous avons maintenant les REALM fondus de Stoner, de Doom et de Sludge délicatement psychédélique, ce qui complète le tableau. Et je dois reconnaître que si je n’ai jamais été un grand fan de cette musique, j’en ai toujours apprécié les pochettes chatoyantes, qui replacent dans un contexte purement sci-fi l’iconographie héritée du Haight-Ashbury de l’époque hippie. Mais une pochette, aussi belle soit-elle n’a jamais excusé une musique qui souvent se répète, condamnée à égrener les sempiternelles litanies lysergiques de musiciens plus volontiers portés sur la fumette que sur la créativité, même si les contre-exemples sont quand même nombreux. Et j’y associe volontiers cette nouvelle bande hirsute émergeant de Knoxville, Tennessee, nous offrant son second album, après une entame éponyme déjà fortement connotée d’un style particulier. Leur orientation n’a rien de mystérieuse, et transpose l’esprit frondeur et subtilement Punk avant l’heure des BLUE CHEER, dans un contexte purement southern qui réchauffe le cœur et fait flamber le whiskey, servi à peine sorti de l’alambic dans des verres à la netteté approximative. Les REALM se targuent donc d’un formalisme assez prenant, et citent volontiers leurs références, BLACK SABBATH, ELECTRIC WIZARD, THE SWORD, SLEEP, MASTODON, QUEENS OF THE STONE AGE, DOOM RIDERS, FU MANCHU, BONGZILLA, RED FANG, TRUCKFIGHTERS, INTRONAUT, MONOLORD, EYEHATEGOD, qui si elles ne définissent pas toute avec acuité les contours de leur art, permettent de placer les débats dans le bon créneau. Se déclarant fondus de science-fiction un peu cheap, de picole et de fumette, ces trois-là (Kurt Bell, Jake Lonas, Nick Leichtweis) nous proposent donc un second LP encore plus chargé d’électricité que le premier, et toujours dégoulinant de Fuzz, de nonchalance Rock et de velléités nostalgiques, nous replongeant de fait dans le désir post-sixties d’aller un peu plus loin que Katmandou pour y trouver la paix de l’âme.
Le propos est certes classique, mais l’énergie est palpable. On y sent de solides réminiscences du sud des Etats-Unis, et des clins d’œil appuyés à la vague Nola des DOWN, EYEHATEGOD et autres CORROSION OF CONFORMITY (et les références aux incunables Blind et Deliverance), ce qu’un morceau aussi lourd que groovy comme « Ocean Eyed Woman » confirme de sa distorsion grasse et de son beat chaloupé mais pataud. Chaque instrument y a toute latitude pour s’exprimer, et si on fond pour ce chant embrumé aux accents chargés de liqueur et de tabac froid, on craque aussi pour cette guitare sinueuse et mordante qui se joue de notre complicité pour mieux nous embarquer dans un trip malicieux. Osant un peu plus qu’une simple défonce sonore pour apathiques de l’activisme, les REALM jouent crânement leur carte en toute simplicité, mais se permettent une production un peu plus métallique que la moyenne, qui se gargarise néanmoins de son analogisme prononcé. Et entre des couplets à faire rugir les SLEEP et des breaks à faire partir les SWEET SMOKE, la ballade est plus qu’agréable, enivrante sans être saoulante, et le résultat se hisse sans problème au niveau des standards les plus exigeants du genre, qui ne supporte que très peu la médiocrité. Et dès le très prononcé « Infernal Machine », on reconnaît les enfants illégitimes des HAWKWIND, délocalisés dans un Tennessee toujours très protecteur envers ses petits. Il serait très facile de jouer sur l’analogie entre la machine infernale et la machine d’argent, mais il est certain que le psychédélisme prononcé associé à des obsessions sci-fi joue en faveur d’un rapprochement entre les deux groupes, démontrant que la filiation via l’héritage inconscient a laissé des marques profondes. Mais le trio est bien plus qu’une simple association de clones répétant une leçon apprise par cœur, et dès le title-track à la basse brillante et grondante, on se rend compte que Red Clay Dead River est bien plus qu’une simple somme d’influences, mais plutôt la traduction personnelle de croyances anciennes, qui voit dans le Heavy Psyché du passé un échappatoire à la morosité moderne et aux techniques de production un peu trop aseptisées. Le propos est lourd, à peu près autant qu’une charge prononcée d’ELECTRIC WIZARD, mais ce groove appuyé, et cette volonté de laisser décoller des riffs poisseux a quelque chose de joyeux, et nous laisse dériver le long d’une rivière de sable qui nous promet un oasis d’alcool et autres vices privilégiés.
Alors, on se laisse emporter par ces chansons plus variées qu’elles n’en ont l’air sur le papier, jusqu’à tomber sur « Leh Esh », au titre cryptique, mais aux percussions presque amérindiennes, et au déroulé emphatique qui nous oblige à choisir notre camp. Celui d’un Hard Rock sous perfusion Fuzz, qui ne se différencie pas forcément de celui de ses voisins, mais qui y apporte sa touche entrainante et trépidante. Il y a quelques chose de terriblement sautillant dans ces compositions lourdes, qui décollent grâce à quelques trouvailles bien senties, un mid tempo un peu plus martelé que d’ordinaire, ou un chant faussement lyrique qui distille ses litanies avec une conviction totalement onirique, et le résultat se veut tout autant Doom que Stoner, mais aucun des deux à la fois, et plus focalisé sur un Rock direct que par des digressions interminables. Evidemment, tout n’est pas encore parfait, et on sent parfois l’inspiration divaguer à la recherche d’une bouée, mais globalement, les six chansons proposées par ce second LP ont toute quelque chose à offrir. Et si le court « Smoke And Stone » semble faire tout un message des vices pas cachés de musiciens affranchis, peinant à nous convaincre de son riff directement piqué au BLACK SABBATH le moins inspiré, le final homérique de « Gipsy Trail » rétablit le cap sur un Stoner bluesy au possible, et crépusculaire. Parfait pour incarner une fin de soirée un peu embrumée, ce titre légèrement progressif sur les bords part dans une quasi improvisation de ton, et évoque l’esprit des FU MANCHU, et de toute cette vague des early seventies, pas encore remise des troubles libertaires d’années 60 affranchies, et encore obsédée par le Blues tout autant que le Rock. Du Heavy qui est en par le fond, mais pas forcément dans la forme et qui réactualise des préceptes anciens sans avoir le culot de totalement les faire siens.
Pas forcément très original, ce deuxième longue-durée des REALM séduit par son absence de prétention trop marquée, et par sa fausse simplicité. Egrenant des riffs pesants tout en les allégeant d’une rythmique alerte, le trio joue sur les deux tableaux, tout en se situant avec liberté dans le créneau. Et sans révolutionner le petit monde assez fermé du Stoner/Doom épuré, ils y apportent leur contribution, pas si anecdotique qu’elle n’en a l’air. Mais l’air chez eux est plutôt enfumé, et altère les sens, sans empêcher un jugement objectif…
Titres de l'album:
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41
Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)
03/05/2025, 21:36