Il y a des groupes qu’on ne présente plus. Leur parcours parle de lui-même, et l’entité maléfique américaine NUNSLAUGHTER en fait partie. Pour plus d’une raison d’ailleurs, mais en premier lieu, sa longévité. Formé en 1987 à Pittsburgh après avoir battu pavillon DEATH SENTENCE pendant deux ans, le combo atomique n’a pas traîné en lâchant sa première démo la même année (Ritual of Darkness), imposant un son cru, et une attitude rebelle. Et si à l’époque le secret était encore bien gardé dans l’underground et les clubs locaux, il s’est vite répandu comme une traînée de poudre dans les milieux autorisés, faisant de cette congrégation une sorte de légende miniature dont personne ne pouvait prédire l’avenir. Et l’avenir pour les NUNSLAUGHTER a été plus que chargé et représente en 2021 une somme conséquente de travail. Si les sites référentiels proposent un listing exhaustif de leurs sorties, il reste quand même compliqué de compiler le parcours de la horde sans manquer un épisode. Véritables Zappa du genre, les américains ont publié un nombre hallucinant de EP’s et de splits, devenant par la même l’un des groupes les plus productifs du genre, à même de défier les tarés Grind sur leur propre terrain de prolixité.
D’ailleurs, le format court a toujours été privilégié par Don of the Dead aka Donald Crotsley, seul membre d’origine restant encore accroché à sa basse et son micro. A tel point qu’en trente-quatre ans de carrière, le tempétueux leader ne s’est autorisé que cinq longue-durée, dont ce petit dernier fait partie. Cinq albums en plus de trois décennies, on ne peut pas dire que les trente-trois tours et un tiers conviennent à la musique des désormais résidents de Cleveland, dont le line-up n’est stable que depuis 2019, et l’arrivée de Detonate à la basse.
Pourtant, Red Is the Color of Ripping Death n’est pas vraiment une nouveauté intégrale. Avec ses quatorze morceaux, il propose au contraire un point de jonction entre le passé et le présent, et offre aux fans un enterrement de première classe pour le défunt batteur historique Jim Sadist, décédé en 2015. On le sait, la perte de ce percussionniste a été très difficile à avaler pour Don et les fans, et retrouver des titres co-composés par le bassiste et le batteur devrait permettre aux plus affectés de faire leur deuil dans le chaos le plus logique. Le reste du nouveau répertoire a évidemment été élaboré avec le nouveau line-up du groupe, soit Tormentor (guitare, depuis 2014) et Wrath (batteur depuis 2016), mais il est impossible de faire la différence entre les deux aspects de cet album, le passé et le présent se mélangeant dans une rage incroyable et une énergie explosive, la trademark du groupe depuis ses débuts.
Le quatuor continue donc de fréquenter les couvents pour massacrer quelques bonnes sœurs n’ayant rien demandé au seigneur des ténèbres. De pauvres nonnes qui se retrouvent la jupe en l’air et le fessier découvert, prêtes à subir les pires assauts soniques de cette bande de barbares qui ne conçoivent le Death Metal que sous son aspect le plus blasphémateur et primaire.
Impeccablement produit et mixé pour sonner propre dans la saleté, masterisé pour exhaler des odeurs de sueur sous les aisselles, Red Is the Color of Ripping Death est un pur produit nostalgique bien de son temps. Après tout, NUNSLAUGHTER peut aisément se permettre d’être légèrement nostalgique, sa longue carrière arguant d’une position confortable de précurseur d’un style qui semble primitif, et qui pourtant demande beaucoup de précision dans la débauche. Ainsi, les quatorze nouveaux hymnes au blasphème se décomposent entre attaques écrasantes en mid et courses poursuite en fast tempo, certains morceaux ne prenant même pas la peine de durer plus de deux minutes. Pas de surprise donc, ni bonne ni mauvaise, mais l’occasion d’apprécier le groupe dans un contexte qu’il ne privilégie que très rarement, au profit de formats plus courts. Un LP des américains s’apprécie donc à sa juste valeur, et en encaissant des chocs frontaux comme « Black Cat Hanging » ou « Murmur », on se rend compte que le temps n’a pas de prise sur Don of the Dead, dont la foi sans failles est intacte depuis ses débuts tonitruants.
Je ne jouerai pas la demi-mesure, et j’affirmerai en ces lignes que ce cinquième album est largement supérieur à la déception énorme produite par l’autre légende IMPALED NAZARENE cette année. Alors que l’entité finlandaise s’est assise sur ses lauriers pour sombrer dans le conformisme poli, NUNSLAUGHTER continue de saper les fondations du monde moderne pour le faire exploser de l’intérieur, et créer un choc universel. Toujours aussi à l’aise dans les morceaux les plus crus faisant la part belle à un Death légèrement Thrash et complétement Black dans l’attitude (« Dead In Ten », nucléaire et irrésistible), et dans une approche plus lapidaire et jouissive (« Beware Of God »), Don of the Dead prouve que le temps n’a pas d’emprise sur sa rage, et que quel que soit le line-up, l’importance de son groupe reste la même.
Sorte de MOTORHEAD de l’extrême, NUNSLAUGHTER repose sur l’énergie et la stature d’un leader soutenu par les bons musiciens. Le groupe ne changera jamais d’optique, ne se rangera pas des voitures pour conduire un monospace, et continuera de trousser des nonnes en douce dans la sacristie avant de les saigner à blanc. Et quel plus bel hommage que ce Red Is the Color of Ripping Death pour se rappeler encore du fantastique et sympathique batteur qu’était Jim Sadist.
Titres de l’album:
01. Murmur
02. Broken And Alone
03. To A Whore
04. Banished
05. Red Is The Color Of Ripping Death
06. Eat Your Heart
07. Annihilate The Kingdom Of God
08. Beware Of God
09. Black Cat Hanging
10. Dead In Ten
11. The Devil Will Not Stray
12. The Temptress
13. Casket Lid Creaks
14. Below The Cloven Hoof
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