La provocation borderline, on connaît. Entre les croix de fer de Lemmy, la passion dévorante de Jeff Hanneman pour le troisième Reich, les délires Punk avec les t-shirts flanqués de croix gammées, la frange moins recommandable NSBM, et les allusions patronymiques de SACRED REICH, WEHRMACHT et d’autres amuseurs moins talentueux, le doigt d’honneur à bien souvent été tendu à la face du politiquement correct, avec des fondements et des dogmes plus ou moins sérieux. Il n’y a pas de mal à jouer avec les limites, tant que tout est fait au second degré ou avec intelligence et finesse. Le cas des internationaux d’INFIDEL REICH appartient aux deux catégories. Ce nom, ce titre, cette attitude répondent à un besoin d’expression, se cristallisant autour d’un ras le bol du politiquement correct, imposé partout et qui épargne soit disant à des victimes potentielles de ne pas être blessées ou injuriées. INFIDEL REICH dans les faits, est loin d’être l’association de jeunes branleurs/provocateurs à laquelle nous sommes en droit de nous attendre. Ce projet de longue haleine a en effet été mis sur rails par de vieux loups de la scène extrême, comme exutoire sympathique à une méfiance naturelle envers les discours policés. C’est ainsi que nous retrouvons au line-up des figures comme Vincent Crowley d’ACHERON au chant, deux anciens ASPHYX à la guitare (Tony Brookhuis) et à la batterie (Bob Bagchus), ainsi qu’un anonyme McNasty à la basse. Et il est évident que Mary Shelley leur pardonnera d’avoir subtilement joué avec l’intitulé de son plus fameux roman pour baptiser ce premier né qui fait suite à un EP éponyme publié il y a deux ans. Alors, INFIDEL REICH dans les faits musicaux, ça donne quoi ? Quelque chose de viable, une simple boutade, une blagounette un peu triste et vieillotte sur les bords ? Non, car ce projet est sans doute l’un des meilleurs hommages indirects aux eighties qu’il m’ait été donné d’entendre depuis longtemps. Et pour cause, puisque les influences du combo sont les plus notables et remarquables d’une décennie qui n’en manquait pourtant pas.
En pratiquant un Death Metal in your face, légèrement passéiste mais à la puissance dévastatrice, Reichenstein excuse la grossièreté de son nom en quelques riffs et idées. S’accrochant à celle que les MOTORHEAD, VENOM, CELTIC FROST, S.O.D, et surtout CARNOVORE furent des héros en leurs temps, l’association américano-hollandaise INFIDEL REICH chie dans les bottes de la bienséance, nie toute forme d’évolution technique, et nous refourgue des plans qui empestent la sauvagerie primale, se posant en digne héritier de l’attitude bravache du Peter Steele des plus grands jours. Musicalement, le quatuor est plus posé et moins véloce que son illustre modèle, mais l’impressionnante puissance qui se dégage de ces morceaux bruts et sans artifices n’est pas non plus sans évoquer les plus lapidaires des tanks Death Metal des origines, les BENEDICTION, CANCER et autres BOLT THROWER, dans une version toutefois plus accessible et moins bruyante. Mais on le sent dès l’hommage à Lemmy qu’est « Reichenstein », basse ronflante en avant, chant bien éraillé qui prend les devants, et rythmique à la Phil Taylor pour bien concasser les oreilles. C’est efficace, immédiat, sincère, et finalement, beaucoup plus technique qu’il n’y parait dans l’effort de mimétisme. Mais avec des musiciens de ce pedigree, il était inutile de s’attendre à une simple resucée, les mecs ayant un peu trop d’expérience et d’exigence pour ça. C’est donc à une adaptation moderne à laquelle nous avons droit, mais surtout, à une déclaration d’intention envers tous les ayatollahs de l’expression libre qui dégainent la censure comme Clint Eastwood ses colts à la grande époque. Ras le bol donc des discours stériles, des coupures sournoises dans les interviews, des propos déformés par la presse, et la fausse compassion qui ne mène qu’à une chose : le mensonge et la frustration. Ici la frustration est détournée pour amplifier le propos, et utilisée comme catalyseur d’une haine tout sauf ordinaire. On sent la rage en filigrane de tous les titres, qui conspuent une époque de malhonnêteté intellectuelle ne pouvant déboucher que sur une seule assertion : allez tous vous faire enculer. Ce qui est peu ou prou le message véhiculé par ce Death aux relents Punk qui envoie tout valser sur son passage, et surtout, l’ordre établi.
Alors, on aborde tous les thèmes, et sans faux-fuyants. L’immigration (« Killing Cultures »), le port d’arme libre et légitime (« Gunzilla´s Stand »), l’avidité de la religion, qui n’en veut qu’à nos sous (« Selling Salvation ») et l’individualité qui pose en victimes toutes les oreilles chastes choquées par un discours non édulcoré (« Victims Inc »). Niveau instrumental, le quatuor n’a pas choisi la discrétion, proposant un hybride entre Death, Thrash, Hardcore et Punk, le tout sous couvert d’une ouverture d’esprit inévitable, parfois terriblement Heavy et jonché de samples vocaux bordéliques (« Killing Cultures », un genre d’ACID BATH passé à la sulfateuse BULLDOZER), et parfois Crusty Punk, dans la plus grande tradition d’un VENOM simplissime, mais toujours efficace (« Victims Inc »). Loin de se contenter de racler dans les grandes largeurs et de proposer des glaviots express crachés à la face de la société, le groupe structure, compose et agence, et nous offre de véritables morceaux, qui parviennent à recréer la magie sombre et poisseuse des premiers HELLHAMMER tout en imposant l’efficacité des hymnes de Cronos & co (« Nuclear Showdowns »).
« Nous sommes la voix de la raison et de la vérité » clament les musiciens. On ne peut leur reprocher cette franchise, d’autant plus qu’elle s’accompagne d’un bon doigt dans le mauvais goût très patent, une façon de rendre intelligibles des propos autrefois vomis avec force bile, et de proposer une sorte de Death Heavy vraiment dense et fourni, qui utilise toutes les armes à sa disposition (« Standby for Revolution », tribal, avec basse tonitruante, lignes de chant traitées, modifications en cours de route et breaks speed pour saucer le tout).
Reichenstein n’est donc pas qu’un simple caprice bruyant de punks à chien qui en ont marre de se gratter les puces seuls. C’est une orgie sonore structurée, qui tripote MOTORHEAD et VENOM pour les faire jouir façon Crust tranquille (« Reich & Fucking Roll »), réveillant le fantôme de G.G Allin pour le réconcilier avec ses démons, les délires coprophiles en moins. C’est une charge saine menée par les cousins d’IMPALED NAZARENE et CARNIVORE contre une société de plus en plus faux cul, qui ne tolère pas la moindre vulgarité, mais qui a celle de laisser crever ses laissés pour compte sans aucun scrupule. D’ailleurs, les gus ne sont pas seuls sur leur bateau puisque le final « Hymn to Victory » leur permet de compter sur la participation de Mike Browning (NOCTURNUS AD), Kam Lee (MASSACRE), Dave Ingram (BENEDICTION), Wannes Gubbels (PENTACLE), Aad Kloosterwaard (SINISTER), Stephan Gebedi (THANATOS), Scott Reigel (BRUTALITY), et Tomas Stench (MORBOSIDAD). Du beau monde, qui comme moi, emmerdent le politiquement correct, parce qu’il ne sert qu’à cacher la misère d’une réalité qu’on doit bien affronter au quotidien. Alors merci les INFIDEL REICH. Et tant pis pour la classe, on verra ça plus tard.
Titres de l’album :
01.Intro: Impius Mundi
02.Reichenstein
03.Killing Cultures
04.Gunzilla´s Stand
05.Standby for Revolution
06.Reich & Fucking Roll
07.Selling Salvation
08.Nuclear Showdowns
09.Victims Inc
10.Hymn to Victory
Faut dire quand même qu'il n'y a rien d'plus soulant que de ramasser des putains d'feuilles hein...Surtout si c'est celles de l'aut' con !
03/05/2025, 10:09
Oui je n'avais pas précisé les causes de la mort... C'est tellement cliché comme mort pour un ricain
03/05/2025, 08:34
“According to The Daily Journal, Montana was involved in a dispute with his neighbor in South San Francis(...)
03/05/2025, 08:09
Armé et dangereux, il a été flingué par la police de SF. Visiblement il est allé jusqu’au bout du concept du nom du groupe..
03/05/2025, 08:03
Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)
01/05/2025, 23:51
Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"
01/05/2025, 22:41
Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)
01/05/2025, 21:22
Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)
01/05/2025, 19:06
Le nouveau line-up est top ! Mais le morceau ne me fait pas grimper au rideau... Finalement j'aime Suicidal quand c'est plus Metal que Punk, avec les solis magiques de Rocky George. Bref, je suis un nostalgique, et même si je serai intéressé pour revoir le groupe sur(...)
01/05/2025, 17:54
Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle
01/05/2025, 16:57
Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)
01/05/2025, 09:15
Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37