Du Thrash chanté en espagnol, des looks qui fleurent bon les années 80, une photo prise de nuit avec des postures viriles, voilà de quoi aiguiser ma curiosité en ce mercredi pluvieux, jour des enfants qui chôment pour pourrir la matinée de leurs vieux. La solution pour calmer les moutards ? Une bonne dose de violence musicale, du scotch, des chaises solides, et la joie de voir leur faciès repoussant grimacer de douleur. Mais le Thrash n’est pas qu’une arme défensive, il est aussi une attaque très efficace contre la morosité, spécialement lorsqu’il est emballé dans un package de passion à l’unisson, et ce trio de La Paz est l’un des plus concernés de sa génération.
BESTIA n’a pas choisi son baptême par hasard. Les musiciens chargent comme des bêtes, mais le font intelligemment. Plus proche de la sinuosité du serpent prêt à mordre que du sanglier qui charge le pare-bluffe sans penser aux conséquences sur son organisme, le trio bolivien nous offre une belle démonstration de pertinence, de déviance, de déviations et autres enrichissements sonores qui font les albums les plus intéressants.
D’ailleurs, on remarque assez rapidement un timing conséquent. Plus de cinquante minutes pour des présentations officielles, c’est beaucoup, encore plus dans ce créneau. Les arguments sont-ils à la hauteur des sentiments ? La plupart du temps oui, et ce, même si Reinado Del Terror a une production assez proche d’une démo améliorée dans un bon studio. On note cette approximation sonore héritée des OS de la période dorée, cette guitare brute, cette batterie matte, ce chant approximatif mis en avant, et cette basse grondante, qui nous replongent dans un univers bien connu des spécialistes.
Le règne de la terreur. Une thématique classique qui permet d’imposer une bestialité raisonnable. Les intitulés ne laissent guère planer de doutes sur les avis très tranchés, et les hispanophones tranchent sur la situation d’un monde en perdition, évoquant les addictions, le diable, les dictatures, l’agonie de la démocratie, et les dérives du pouvoir qui corrompt tout le monde. Des obsessions assez justifiées, et mises en musique avec un brio incontesté. Adeptes d’une logique de progression, Doom (guitare/chant), Alvin (basse) et Gonthrash (batterie) sont des musiciens qui se connaissent bien pour avoir souvent joué ensemble au sein de PHRONEXIS, de GENETIC INFECTION ou d’ASFIXIA, et leur unité leur permet de viser plus haut que la moyenne, en imposant par exemple un morceau de plus de sept minutes en guise d’intro.
« Experimento Fallido » est donc tout le contraire de son titre. Expérience réussie avec brio, ce premier chapitre donne méchamment envie de lire le reste, et oppose classicisme et spontanéité, dans un ballet étourdissant d’une violence mesurée. Plus brutal que bestial, le trio bolivien ne vise pas les cimes de l’ultraviolence, mais plutôt les pics du Crossover le plus touffu. On sent clairement des influences nettes, qui ressuscitent ATROPHY, la scène Thrash espagnole des années 90, EXCEL, sans pour autant tomber dans la gaudriole mosh. La force du groupe se trouve au niveau de l’imbrication des idées, fluide et logique, et qui permet de laisser courir le chronomètre sans craindre les prolongations inutiles.
Je ne compte pas vous flouer sur la marchandise, en vous affirmant que ce premier long est un creuset d’émotions primales et essentielles. Il est une première étape franchie avec brio, mais qui témoigne encore d’une certaine naïveté de composition. Les riffs ont tendance à se répéter, le tempo n’est pas toujours bien choisi, et les titres les plus pesants ne sont pas les plus efficaces. On traîne parfois un peu la patte, et on mise un peu trop généreusement sur des chœurs certes efficients, mais systématiques. Mais ces critiques ne doivent pas cacher la réussite de nos amis du jour qui sont parvenus à peindre un tableau exhaustif du Thrash d’il y a quelques décennies, en faisant parfois preuve d’une certaine aisance dans la fulgurance. Ainsi, « Baphomet », s’il n’est pas aussi diabolique que son titre le laisse entendre, s’amuse beaucoup de la confrontation entre une première moitié stable et une seconde plus affable et mordante.
Quelques contretemps et autres finesses techniques, une envie de se montrer plus inventif que la moyenne old-school, et des inserts de très grande qualité, comme ce fulgurant « Cataclismo » qui s’abreuve à la source acide du Thrash allemand pour régurgiter à l’ibère en colère.
Plus téquila que bière, Reinado Del Terror ne terrorise pas vraiment, mais en donne pour notre argent. J’ai personnellement laissé un bon pourboire à « Lucifer » qui montre ses cornes et déjoue les plans d’une soirée morne, et si le chant très monocorde et limite faux peut venir à bout de la patience la plus solide, l’instrumental reste solide et donne de méchants coups de faux.
Seul regret notable, l’absence de morceau vraiment fou au rythme maboul. Une embardée de saison eut été appréciée, pour imprimer une folie plus manifeste au produit. Certes, le tout est convaincant et séduisant, mais les systématismes deviennent rapidement évidents, et les limites d’un mixage poussif empêchent le tout de décoller à des hauteurs enviables. C’est évidemment dommage, et espérons que les boliviens apprennent avant de retourner en studio.
BESTIA n’est pas encore la bestiole la plus dangereuse du cheptel, et inquiète plus qu’elle n’effraie. Comme la chouette.
Titres de l’album:
01. Experimento Fallido
02. Sabueso
03. Adicto
04. Del Más Allá
05. Baphomet
06. Cataclismo
07. Lucifer
08. Killing Democracy
09. Todo Poderoso
10. Hipnofobia
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