Quand on pense Heavy Metal allemand, on a immédiatement (tout du moins, j’ai) en tête des images et des clichés qui ont la vie dure. On imagine des musiciens d’un certain âge avec l’estomac développé, une bière à la main, l’air renfrogné, qui passent leur temps à évoquer leur jeunesse et leurs patches, leurs vestes de cuir, vantant les mérites d’un bon gros riff qui tue, et s’obstinant à considérer que la musique n’a rien produit de mieux depuis l’avènement d’ACCEPT. On visualise aussi des festivals aux hordes chevelues ou pas, le dossard fier et l’amour de la franchise jusqu’au bout de la canette, entassés dans des tentes bondées sentant bon la sueur et les pieds, et des individus n’atteignant leur plein potentiel qu’une fois le stade d’enivrement limite dépassé depuis deux grammes. Je le sais, j’accumule les poncifs, mais je me suis tellement cogné de disques prévisibles et gras du bide que cette transposition semble légitime, moi dont l’amour du style a commencé et s’est arrêté avec les derniers ACCEPT valables, et quelques efforts de RUNNING WILD. Et ces deux noms font justement partie des influences des PALACE, actifs depuis les années 90, et qui depuis alignent les albums dans un semi-anonymat assez surprenant. Leurs albums sont en effet pour la plupart sortis sur des structures plutôt modestes, avant que le géant Massacre ne les prenne sous ses ailes, ce qui n’empêche pas que nous étions sans nouvelles des hordes germaines depuis six ans, ce qui avait le don d’inquiéter les fans. Les autres s’en moquaient comme de l’an 40 ou d’un nouveau live d’UDO, mais il est certain que le following des originaires de Speyer commençait à méchamment s’impatienter. Et c’est donc avec soulagement que les victimes de la teutonite aigue ont accueilli le nouveau vaccin Reject the System, qui essaie tant bien que mal de combler cette longue traversée du désert, en proposant exactement ce que le groupe a toujours offert à ses fans.
PALACE c’est un peu le même principe qu’AC/DC, MOTORHEAD ou SAXON, quel que soit le délai entre deux livraisons, on sait parfaitement ce qu’on va écouter. Et c’est donc sans aucune surprise que Reject the System délivre le même message que The 7th Steel, à savoir un Heavy Metal allemand franc et massif, dans la plus grande tradition de JUDAS PRIEST délocalisé à Berlin, ou que PRIMAL FEAR, UDO, RAGE ou GRAVE DIGGER. Est-ce pour autant qu’il faut aborder cette nouvelle sortie avec condescendance, considérant qu’elle ne propose rien de plus que les sept albums précédents ? Les fans vous diront que non, et ils n’auront pas tort, le Metal des allemands se montrant toujours aussi solide, malgré le fait que le groupe soit aujourd’hui réduit à l’état de trio. Harald "HP" Piller (guitare/chant), Harry Reiter (batterie) et Tom Mayer (basse) continuent donc leur petit bonhomme de chemin, abordent des sujets de société d’importance dont la manipulation des masses par les médias, l’honneur, la justice, la vérité, et autres thématiques contemporaines, sur fond évidemment d’une bande-son aussi franche qu’un hard-rockeur pensant que Restless and Wild représente la quintessence de la musique moderne. C’est évidemment aussi original qu’UDO sur scène avec un treillis entonnant « Fast as a Shark », mais c’est efficace comme un hymne intemporel entonné devant une foule massive durant un festival près de Brème, et dès l’entame « Force Of Steel », le chaland égaré saura immédiatement à qui il a affaire. Pas de tromperie sur la marchandise, mais bien un cocktail très relevé des influences germaines les plus avouées, et une propension à durcir le ton pour se rapprocher d’un Power Metal pas totalement avoué, mais au moins abordé. Si les morceaux savent se montrer durs et virils, ils n’évitent pas toujours l’écueil traditionnel de la chanson à boire pendant la fête de la bière, cette mouvance Schlager Metal qui empeste la choucroute et la bière bon marché, et « Hail To The Metal Lord » de suggérer une union pas très inspirée entre le MANOWAR le plus triste du slip et le ACCEPT le plus mou de l’enclume. Voici donc les travers du Metal allemand formalisés en quelques minutes, mais heureusement pour nous, ce genre d’exaction reste minoritaire, et le reste du répertoire cavale bon train et muscle ses biceps.
« Soulseeker » en reste l’exemple le plus probant, avec son riff traditionnel boosté d’une rythmique up tempo qui donne des fourmis dans les cheveux. La voix toujours aussi éraillée et très Udo de Harald "HP" Piller est aussi convaincante que par le passé, et parviendrait même à convaincre un fan de Nu-Metal de retourner sa veste pour adhérer aux hordes métalliques les plus traditionnelles. On a beau connaître cette formule éculée depuis Balls to the Wall, on se laisse prendre au jeu de cette guitare agressive et mordante et de ces soli performants, sachant très bien que le groupe ne changera jamais et restera fidèle à cette optique puriste. Après tout, quel serait l’intérêt d‘écouter un album pour n’en dire que du mal, spécialement lorsqu’on sait exactement à quoi s’attendre, et avec une production profonde et nette signée Kai Stahlenberg (qui s’est aussi occupé du mixage et du mastering), Reject the System est une bonne dose de rébellion passéiste et nostalgique, qui nous renvoie au meilleur des années 80 vu du côté de Berlin ouest. Adoptant des postures fermes, le trio lâche les watts, agrémente sa testostérone de mélodies accessibles et mémorisables, et signe un LP tout à fait correct, qui peine toutefois à faire oublier les six années de silence par con caractère trop conventionnel. Mais des hymnes de la trempe de « Final Call Of Destruction », à la lisière d’un Thrash à la PRIMAL FEAR/ANNIHILATOR permettent de se fixer sur une philosophie honnête et entêtante, et une tuerie intégrale et lyrique comme « Valhalla Land » nous en donne clairement pour notre argent. En étant totalement honnête, on a souvent le sentiment d’écouter un best-of de la méthode d’outre-Rhin, mais le tout est tellement euphorique et joyeux qu’on se laisse faire sans trop râler, Harald "HP" Piller se montrant très ferme à la guitare, tandis que l’axe rythmique pilonne comme si sa crédibilité en dépendait.
Rien d’indispensable dans ce genre de réalisation, mais la foi en un Metal non édulcoré, qui parvient trente ou quarante ans après à fédérer des foules énormes. Certes, le cadre idéal de ce genre de musique reste le live, mais rien ne vous interdit une bonne séance d’air-guitar à la maison, comme à la belle époque, au doux son de « Legion Of Resistance », plus ACCEPT qu’une grimace de Wolf Hoffmann. Allez les gars, ressortez les t-shirts de GRAVE DIGGER, les patches de RUNNING WILD, et rentrez dans la danse. Je vous paie la première tournée.
Titres de l’album:
01. Force Of Steel
02. Soulseeker
03. Final Call Of Destruction
04. The Faker
05. Hail To The Metal Lord
06. Bloodstained World
07. Valhalla Land
08. Legion Of Resistance
09. Wings Of Storm
10. No One Break My Will
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