Relentless

Sweet Oblivion Feat Geoff Tate

09/04/2021

Frontiers Records

Depuis quelques années, et suivant son limogeage très houleux de son groupe d’origine, QUEENSRYCHE, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille pour Geoff Tate. Viré sans ménagement par ses trois anciens partenaires, après avoir craché sur eux et joué des poings avant un concert, Tate a débuté sa carrière post-QUEENSRYCHE en reprenant le flambeau de son côté, attendant un jugement de cour donnant finalement raison à ses anciens complices, et lui interdisant d’utiliser ce nom si célèbre. Ce qui n’avait pas empêché Tate de sortir un album complètement foireux sous le nom du RYCHE, avant de repartir à la conquête de ses fans via OPERATION MINDCRIME, le condamnant à vivre dans un passé illustre dont il ne pouvait pas s’extirper. D’où cette question fondamentale : en dépit de son talent surnaturel et de son aura quasi christique, le chanteur est-il capable d’avoir une légitimité en dehors du cadre de son histoire ? La réponse semble claire depuis quelques années, et évidemment négative, car malgré la création par ce bon vieux Serafino du concept SWEET OBLIVION, le contexte reste toujours le même, et pour chanter de toutes ses capacités, Geoff à besoin d’un cadre rétrograde le ramenant à ses vieux démons des jours de gloire.

Le premier album du concept, supervisé par Simone Mularoni (DGM) posait les bases et affichait clairement la tendance : proposer à Tate de se replonger dans les années de gloire de QUEENSTYCHE, et lui tailler un costume sonore sur-mesure, à mi-chemin entre le classique Empire et d’albums moins exposés comme Promised Land. Relentless, élaboré avec un autre équipier, ne change nullement la donne, mais la peaufine, et la perfectionne. Cette fois-ci, c’est l’italien Aldo Lonobile (SECRET SPHERE, AVALON DE TIMO TOLKKI, ARCHON ANGEL) que l’on retrouve dans le rôle de sidekick/mentor, Aldo s’étant chargé de la production, de la composition en collaboration avec Tate, et des parties de guitare. Et l’homme n’a pas fait semblant de se rapprocher de ce son si unique qui apposait une patine brillante aux plus grands albums du RYCHE, puisque Relentless sonne comme un gigantesque leftover d’Empire, son de guitare compris. Plus impliqué dans l’élaboration, Geoff en a profité pour imprimer sa patte à ce second chapitre pour le rendre plus personnel, mais nul n’est dupe des objectifs de la diva : harponner le public qui lui a tourné le dos lorsqu’il a été saqué de son groupe, et qui a pris fait et cause pour Scott, Todd, Eddie et Michael depuis l’éponyme de 2013.

En mettant de côté les analogies flagrantes avec qui-vous-savez, SWEET OBLIVION est évidemment un grand groupe dominé par un chanteur de légende, épaulé par un backing-band de luxe. Outre Aldo Lonobile à la guitare, nous retrouvons Luigi Andreone à la basse, Antonio Agate aux claviers et Michele Sanna à la batterie, belle équipe de mercenaires entièrement dévoués au tandem de base qui parvient en plus d’une occasion à nous refiler le frison du RYCHE de la grande époque. En prenant en compte les analogies flagrantes, chose obligatoire, on ne peut que se rendre à l’évidence : SWEET OBLIVION est  un copié/collé du QUEENSRYCHE des années 90. Tous les ingrédients sont là, avec peut-être une plus grande place donnée aux claviers, moins de nuances, mais entre les harmonies ciselées, les parties de guitare tantôt cristallines, tantôt agressives à souhait, les breaks tombant pile, et évidemment l’interprétation hors-pair de Tate. Et en écoutant un morceau comme « Wake Up Call », la sensation est tétanisante : on a l’impression que la basse ronde d’Eddie Jackson va sortir des enceintes, catapultée par la batterie de Scott Rockenfield. De là, plusieurs solutions sont possibles. Oublier que Tate ne peut pas oublier et qu’il continue de s’engluer dans son passé qui semble être son seul avenir, ou s‘attacher aux détails et remettre en cause la validité de la démarche. La seconde option est la plus honnête, mais elle vous empêchera de vous immerger dans un excellent album qui sent bon la nostalgie et qui parvient souvent à ressusciter la magie du RYCHE le plus classieux. Car aussi pompé soit-il, aussi rétrograde ses compositions sonnent, Relentless est un excellent travail d’orfèvre, à l’image de ces peintres très talentueux mais sans imagination, qui copient les maîtres avec une précision incroyable dans le brossé et le traitement des couleurs.

Alors, en mon âme et conscience, j’ai pris la décision d’occulter ces similitudes trop flagrantes, et ce mimétisme poussé à l’extrême, pour découvrir un excellent album de Hard-Rock, attitude que j’avais déjà adoptée à l’occasion du premier album du concept. Car après tout, aussi fourbe soit la technique, elle nous permet de retrouver l’essence même du QUEENSRYCHE le plus performant, celui qui nous a enchanté dans le passé d’un Hard-Rock précieux et décalé, capable de transcender le Heavy sur « Empire » ou de sublimer le Hard sur « Della Brown ». Evidemment, SWEET OBLIVION, même au summum de ses capacités ne pourra jamais approcher la perfection d’un Operation Mindcrime ou du sublime Empire, mais il parviendra toujours à se montrer allusif à leurs meilleurs côtés, en recréant ces ambiances uniques de cette voix fantastique qui nous fait encore vibrer.

Pour l’occasion, Geoff a ressorti son costume de chanteur opératique aux nuances incroyables, et donne du coffre pour mettre en relief des morceaux vraiment profonds et puissants. Et dès « Once Again One Sin », la magie opère de nouveau, à la moindre envolée vocale, et au moindre tapis de chœurs en velours. Pour l’occasion, Geoff s’est même fendu d’un titre chanté en italien, « Aria », puisque le chanteur travaille en Italie depuis de nombreuses années. Le morceau, terriblement Heavy, nous renvoie d’ailleurs au QUEENSTYCHE le plus récent, mais n’incarne pas l’acmé d’un disque redoutablement intelligent. Il faut plutôt chercher du côté de « Let It Be », au faux rythme assez troublant, ou de « Wake Up Call », qui nous ramène des décennies en arrière, lorsque le RYCHE n’avait cure des querelles de clocher.

Beaucoup se diront, « mais, pourquoi faire finalement ? ». Je n’ai aucune réponse à cette question, mais je sais que Relentless mérite la compassion et l’intérêt. Au-delà de l’incapacité notoire de Geoff à se réinventer (quoiqu’au vu des tentatives d’un Michael Kiske, on se dit que finalement, l’américain a peut-être raison), SWEET OBLIVION reste un groupe crédible, capable de générer une réelle émotion (« I'll Be the One »). Et puis finalement, le plus important est que la voix de Geoff restera toujours aussi belle et incroyablement maîtrisée.             

 

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Once Again One Sin

02. Strong Pressure

03. Let It Be

04. Another Change

05. Wake Up Call

06. Remember Me

07. Anybody Out There

08. Aria

09. I'll Be the One

10. Fly Angel Fly


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par mortne2001 le 28/04/2021 à 14:07
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