Trois ans après vous avoir entretenu du cas des floridiens de DRUID LORD via leur second long Grotesque Offerings, me revoilà pour les replacer au centre des débats, alors que Hell Headbangers nous propose le troisième chapitre de cette saga américaine, glauque et suppurant de tous les pores d’un Death/Doom épais comme un dernier glaviot avant extrême onction. Grotesque Offerings n’était déjà pas bien guilleret, mais Relics of the Dead semble s’acharner à justifier son baptême à chaque riff, chaque note et chaque grognement, nous entraînant de fait dans les abysses de la gravité Death des années 90, lorsqu’INCANTATION régnait en maître absolu sur les enfers terrestres.
Avec ce lent Doom traité au prisme d’un Death de fond de cercueil, les floridiens tapent juste, lourd et fort, et achèvent de convaincre les réfractaires à l’oppression de leur justesse de ton, suggérant parfois des accointances avec la mélancolie rance des MY DYING BRIDE, sans pour autant relâcher la pression
On trouvait cette analyse rapide en lisant ma précédente chronique, et je constate que le temps n’a pas eu beaucoup d’effet sur la philosophie des floridiens qui continuent leur travail de sape sans se questionner sur les évènements extérieurs. Toujours portés sur l’horreur la plus viscérale et les films de série B, le quatuor (Pete Slate - guitare, Tony Blakk - chant/basse, Chris Wicklein - guitare et Elden Santos - batterie) ajusté il y a trois ans nous offre donc encore une fois l’équivalent des films italiens les plus putrides de Fulci ou Mattei en musique, tergiversant entre Death cryptique et Doom lancinant, pour composer une symphonie de l’horreur vraiment prenante, à la production parfaite pour le genre. De fait, les riffs sonnent toujours aussi graves, les guitares sous-accordées, le ton ronchon, l’atmosphère confinée, et Relics of the Dead fait donc remonter à la surface les zombies transalpins les plus lents, soudainement pris de crises de kung-fu aigues, comme à la grand époque de Zombi 3, coréalisé par Fulci et Mattei justement.
On retrouve sur ce troisième album les brumes italiennes les plus épaisses, cette confrontation permanente entre le morbide onirique et le grotesque gestuel, et l’analogie avec Zombie 3 prend tout son sens lors du déroulement d’un album qui sinue, change brutalement d’humeur, et coup de poigne sans prévenir d’un énorme parpaing virus dans la tronche vous transformant en créature de la nuit déambulant à la recherche de cerveau frais.
Toujours enrobé dans des arrangements nocturnes qui accentuent cette sensation de menace persistante, toujours fidèle à une éthique nineties agrémentée de baroque italien, Relics of the Dead fait honneur à la réputation des DRUID LORD, qui décidément, incarnent l’avant-garde la plus crédible du mouvement Doom/Death moderne. Tout ici empeste les charniers, les vieux cadavres empilés, la peur constante, la sueur acide, et les mélodies biscornues ne font qu’accentuer le malaise ambiant en renforçant les passages les plus lourds de leur fausse légèreté amère. J’en tiens pour preuve ce maladif « Mangled As The Hideous Feed », qui se traîne le long d’un décrescendo traumatique, symptomatique des pires litanies du Doom des années 90, soudainement écrasées par le poids des responsabilités post-mortem et celui d’une double grosse caisse concassant les os au passage.
Agrémenté de quelques samples effectifs, ce troisième tome de la saga morbide DRUID LORD est sans conteste leur travail le plus ambitieux à ce jour. Entre les mélopées espagnoles de l’interlude incongru « Nightside Conjuring », et les coups de boutoirs insistants de « Relics Of The Dead », qui nous ramène aux grandes heures du bis italien et de petits chefs d’œuvre comme Le Notti del Terrore d’Andrea Bianchi (et sa séquence de zombies impatients qui assiègent le château pour avoir leur diner mérité), ce nouveau volume des aventures les plus poisseuses de l’underground US convainc sans avoir à forcer le talent de ses auteurs, et nous trimbale d’atrocités en scènes de torture, imposant sa lancinance pour mieux excuser ses massacres sanglants.
Tout ceci est évidemment formel, mais joyeux dans l’interprétation, sut surtout crédible dans son approche d’un spectacle horrifique pour les oreilles. Les guitares à l’unisson de « Thirteen Days Of Death » ressuscitent le cinéma le plus cheap mais impressionnant, et entre les harmonies effrayantes et les coups de gueule de Tony Blakk, l’heure n’est pas à la rigolade, mais plutôt au combat de self-défense contre un ennemi qui n’est pas humain, et qui n’a cure des politesses de circonstance.
On peut presque sentir l’odeur fétide des chairs décomposées, et les mains des morts-vivants se posant sur nos frêles épaules. Avec toujours en exergue ces soli plus que capables et ces embardées parfois déraisonnables, DRUID LORD utilise donc toutes les armes à sa disposition, fouillant l’armurerie du Death floridien de la fin des années 80 comme les coffres du Doom anglais de la décennie suivante pour proposer le Crossover le plus puissant et efficace d’un marché déjà saturé depuis longtemps.
Sans vraiment connaître d’acmé, Relics of the Dead ramasse les linceuls, compte les membres, observe les mouvements de la pleine lune, et se réjouit de cette ambiance de mort prononcée. « Festering Tombs », moche comme du CANDLEMASS repris par TYPE O en version 16t/minute, « Monarch Macabre », et sa grandiloquence mélodique qui empeste la cérémonie funèbre de second choix, contribuent à faire de ce troisième album un achèvement en soi, et surtout, une œuvre qui fascine, qui pue, mais qui permet de garder les pieds sous terre.
Après tout, la COVID ou les asticots, personne n‘est obligé d’aller à la pèche en temps de grippe.
Titres de l’album:
01. Relics Of The Dead
02. Thirteen Days Of Death
03. Mangled As The Hideous Feed
04. Nightside Conjuring
05. Immolated Into Ashed
06. Festering Tombs
07. Monarch Macabre
08. Ethereal Decay
Une de mes découvertes de l'an dernier...
Hâte de foutre une oreille sur cet album putain !
Comment fait-on pour retrouver ta chronique de leur deuxième galette ?
C'est un des groupes dont j'attends leur nouvel album, le titre partagé m'avait beaucoup plu, à creuser car la chronique donne clairement envie.
@humu : tu cliques sur le tag "Druid Lord", ça te proposera cette chronique et également celle-ci :
Merci grin.
(sic)
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