L’agression musicale est sans aucun doute l’exutoire le plus efficace à cette violence intérieure qui nous anime tous. Je ne sais pas pour vous, mais lorsque j’écoute pour la dix-millième fois « Pleasure to Kill » ou « Raining Blood », je sens mes chakras s’ouvrir et toute ma haine se déverser comme des eaux usées dans le tout à l’égout. Ce qui est plutôt bénéfique, puisque cette extériorisation empêche le cerveau de trop turbiner et de ne plus pouvoir faire la différence entre fantasme et réalité selon les circonstances. En gros, me prendre un pain musical m’évite d’en coller deux ou trois IRL. Voilà qui m’épargne bien des ennuis, et pas qu’avec la justice.
Et en parlant d’exutoire fabuleux, l’Allemagne est sans doute avec le Brésil le pays le plus en phase avec ses propres démons. On ne compte plus les artistes locaux hargneux qui défendent un certain art de vie, via une approche belliqueuse et une attitude pugnace. Et si en matière de Heavy, nos amis germains n’ont plus de leçon à recevoir de personne depuis des lustres, il en va de même lorsqu’on parle de Thrash, l’autre spécialité nationale avec le gratin patates/saucisses/bière/patates/ventrèche.
AORYST est un nouveau venu sur la scène d’outre-Rhin, mais sa réputation risque de dépasser ses frontières assez rapidement. Relics Of Time est en effet un premier album plus que solide, et surtout, en convergence de sous-genres brutaux qui s’entendent fort bien entre eux. Se promenant sur la ligne séparant le Thrash du Death, tout en assumant une technique poussée, le quintet (Manuel Köster - basse, Dominik Schlüter - batterie, Manuel Förderer - guitare, Julian Müller-Terbille - chant, Kristian Leš - guitare) n’hésite donc pas à tâter des extrêmes, en insérant des mélodies soutenues à sa brutalité ou au contraire, à souiller l’ambiance bon enfant de quelques accélérations graveleuses.
Pour la faire simple, AORYST joue du Thrash, c’est indéniable, mais va beaucoup plus loin que le principe de base saccade/couplet hargneux/refrain teigneux/solo besogneux/break venimeux. Un esprit progressif anime cette première réalisation déjà parrainée par MDD, qui ne s’est pas trompé au moment de dégainer un contrat. Il y a quelque chose de beaucoup plus fort qu’une simple nostalgie de surface chez nos amis allemands, qui tout en assumant leur héritage louchent du côté des Etats-Unis et du Canada pour agrémenter leur folie d’un brin de rigueur harmonique.
En s’appuyant sur l’instrumental « Exogenesis », on peut par exemple se souvenir du CORONER des jeunes années, de DEATH ANGEL, mais aussi d’IRON MAIDEN, ce qui ouvre des perspectives beaucoup plus larges que celles disponibles pour un simple Thrash-act lambda. Aussi fin qu’il n’est large d’épaules, Relics Of Time a parfois un faux air de SLAYER reprenant du MESHUGGAH, à la mode 1987/88.
La comparaison est osée, et certainement moins pertinente qu’une analyse poussée, mais cette rigueur de ton associé à une sauvagerie de baston peut éventuellement valider les métaphores les plus culottées. On sent parfaitement cette confrontation permanente entre agressivité et méthodisme sur l’entame franche et radicale « Deterministic Chaos » qui sonne plus SLAYER que les clous de Kerry glissant sur un tableau d’école. Le chant raclé et rauque vient durcir un instrumental souple et multidirectionnel, ce qui permet au quintet de se frotter sur la pelisse d’un Death/Thrash de première catégorie.
Mais un Death/Thrash raisonnable et d’une cadence gardée sous contrôle. Le nombre de plans est assez bluffant, sans que la cohérence n’en pâtisse. Dans un registre de Thrash technique et bestial, les allemands donnent une véritable leçon à leurs concurrents, encore bloqués à l’étape « copie fidèle et premier degré ». Si le spectre du bourrin teuton ramène parfois ses petons, l’approche est beaucoup plus américaine, avec des références comme ATHEIST, DEMOLITION HAMMER, et bien d’autres qui vous viendront à l’esprit après quelques minutes d’écoute
Techno-Thrash ?
Sans aller jusque-là, autant admettre qu’AORYST joue dans la cour des grands les plus influents, et qu’il peut espérer faire partie de l’avant-garde de la nouvelle vague nostalgique des années 2020. Avec deux guitaristes qui connaissent leur manche et leurs gammes et une section rythmique qui ne reprend que très peu son souffle, Relics Of Time est un sacré moment de revival, qui nous replonge dans les fières années du combat fratricide entre l’Allemagne et les Etats-Unis.
Jouant habilement avec les contrastes et les accélérations abruptes, le quintet nous ébouillante de sa vilénie, tout en travaillant avec style (« Call of the Void », carré, fourbe et séduisant à la fois). Si beaucoup d’albums vintage se contentent du service minimum, Relics Of Time va jusqu’au bout de sa formule, et avance à grands pas vers la perfection. Cette perfection que l’on retrouve sur certains morceaux encore plus travaillés (« Etno » qui concasse encore plus efficacement qu’un KREATOR en stage à la DDE), et qui finalement définit assez bien les contours de cette première œuvre qui ne rechigne pas à provoquer d’une embardée salée (« Hybrid Forms »).
« Extractor of Death », fluide comme EXODUS dans une pâte à crêpes, « Anoxia » ambitieux mais pernicieux, le cheminement est logique, et le résultat sans faute. On se prend donc de passion pour un album qui s’est creusé la tête pour s’extirper du carcan de la reproduction trop fidèle, même si cette influence SLAYER reste assez présente.
Nonobstant ce petit parrainage, AORYST est un client sérieux, qui joue plus dur, et qui joue mieux. Et après ces quarante-quatre minutes de traitement, ma violence intérieure s’est tue pour laisser place à un caractère charmant. Le Thrash est donc moins cher qu’une thérapie, et donne des résultats plus probants.
Titres de l’album :
01. Deterministic Chaos
02. Call of the Void
03. Etno
04. Hybrid Forms
05. Extractor of Death
06. Exogenesis
07. Oceans Below
08. Anoxia
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