Evidemment, il y a six ans, lorsque nous avions entendu parler du projet KILLER BE KILLED, le concept avait tout pour exciter nos oreilles et nos plumes. Et pour cause, supergroupe parmi les supergroupes, regroupant en son sein des maîtres de l’extrême, KILLER BE KILLED se payait le luxe de regrouper DILLINGER ESCAPE PLAN, SEPULTURA/SOULFLY/CAVALERA CONSPIRACY et MASTODON dans la même pièce, ce qui avait eu le don d’échauffer les esprits et de faire fonctionner la machine à fantasmes à plein régime. Mais tout le monde sait que l’addition de gros noms ne donne pas forcément une tête d’affiche incontestable, et la circonspection restait de mise. Pas pour longtemps, puisque le premier LP éponyme du mécanisme était une tuerie intégrale, et que finalement, tout le monde craignait le one-shot génial, mais trop éphémère. Alors lorsque les bruits ont commencé à fuiter des bureaux de Nuclear Blast concernant une suite donnée au projet, les journalistes et fans ont commencé à s’agiter. D’autant plus que le trio de base constitué de Max Cavalera, Greg Puciato et Troy Sanders se voyait renforcé d’un autre capé de la scène extrême, avec l’intronisation au poste de cogneur du grand Ben Koller (ALL PIGS MUST DIE, ACID TIGER, CONVERGE, MUTOID MAN, UNITED NATIONS). Et là, vous tentez d’imaginer le truc, la rencontre, l’échange d’idées entre des légendes pareilles, le processus de composition avec des plans qui fusent de toute part. Non sérieusement, un groupe qui réunit quatre mecs pareils, ça donne le tournis, et encore plus quand on essaie d’extrapoler sur le truc. Hardcore ? Mathcore ? Sludge ? Chaotic Core ? Thrash ? Tout ça à la fois et puis autre chose aussi ? C’est cette dernière possibilité qui s’est avérée la bonne sur l’introductif Killer Be Killed, et qui aujourd’hui, est restée la seule option viable, à tel point qu’on a parfois le sentiment d’un Puciato qui mène les opérations sous la surveillance des deux autres compositeurs. Mais finalement, c’est l’amalgame des talents qui fait la réussite de ce second LP, et encore une fois Reluctant Hero ne ressemble à rien de connu, et nous époustoufle encore de son culot, de sa créativité, de son agressivité, et de sa fertilité. Comme quoi, les vieux en ont encore sous les manches.
A la manière d’un AZUSA qui fait ce qu’il veut avec ses grands noms, KILLER BE KILLED ne se prend pas la tête pour savoir qui de quoi tire les rennes, puisque tout le monde les tient, et aboutit à une sauce qui prend comme la magie d’un lapin zombie qui sort d’un vieux haut de forme. Le truc est pourtant connu depuis 2014, mais on ne peut s’empêcher d’être époustouflé par l’envie manifestée par ces quatre musiciens qui depuis le temps devraient être blasés de servir de référence à la jeune génération. Et le fait que cette petite opération soit restée secrète jusqu’aux derniers stades de préparation rend Reluctant Hero encore plus puissant et soufflant. C’était un choix des musiciens, et particulièrement de Koller qui ne voulait pas mettre la pression. Garder ça dans le secret des alcôves, travailler tranquille, et lâcher le truc une fois prêt. Et dire que ce second chapitre est prêt est un euphémisme. Dès ses premières notes, il vous explose à la gueule et prouve que des musiciens à la carrière exemplaire peuvent encore mettre leur ego de côté pour produire une œuvre de qualité. Il eut été facile à chacun d’imposer une partie de son point de vue, et de proposer un melting-pot MASTODON/DEP/SOULFLY. Mais le but n’était pas là, et finalement, les influences de chacun se sont encore fondues dans le collectif, pour dessiner les contours d’un Metal moderne mais hors du temps, perméable à la jeunesse du Metalcore, mais en refusant les facilités. Et inutile d’essayer de classifier le machin en utilisant des termes génériques : car même si KILLER BE KILLED peut parfois ressembler à un des derniers albums de DILLINGER ESCAPE PLAN, il n’en reste pas moins unique en son genre. Max juge son univers le plus éloigné du résultat final, mais pas tant que ça finalement. Lorsque sa voix rentre en scène, on pourrait penser à du CAVALERA CONSPIRACY adouci, et remis au goût d’un jour plus fluide. Troy Sanders n’en dit pas grand-chose, mais ses interventions rapprochent le tout d’un MASTODON. La frappe de Koller est solide et puissante, mais pas question du chaos de CONVERGE ici. Alors quoi ? Alors un album qui ne joue pas avec les nerfs, et qui sert d’exutoire de qualité dans une fin d’année rongée par la facilité old-school et le pilotage automatique des anciennes légendes.
Et pour la seconde fois, KILLER BE KILLED nous laisse faire notre marché sur cet étal d’humeurs inégales, mais de qualité constante. On peut y acheter du pur Hardcore virant sur le Pop Punk en choisissant « Filthy Vagabond », mais on peut aussi opter pour quelque chose de plus complet, un repas presque exhaustif en mettant dans son panier virtuel le monument « From A Crowded Wound ». Sept minutes de riffs dissonants et d’une atmosphère plombée comme un NAILBOMB revu et corrigé par DILLINGER, sept minutes qui justifient à elles seules toutes les capacités de ce groupe capable de sauter sans transition d’un tube Modern Metal à une longue réflexion sur un monde agonisant, en utilisant les codes de l’Indus, et en passant le bonjour à Mitch Harris et ses nombreux projets. Ce qui marque encore sur ce nouvel album est le mariage des voix des trois chanteurs principaux, même si Greg reste le maître de cérémonie. Mais lorsque les trois timbres se mélangent ou se succèdent, la magie opère à plein régime, et les singles ont presque des airs de tubes qu’on pourrait retrouver sur une BO, ou au sommet des charts. C’est en tout cas l’impression que donnent les deux premières interventions de l’album, « Deconstructing Self-Destruction » et « Dream Gone Bad ». Les guitares de Max et Greg rugissent comme de jeunes instruments à peine sortis du magasin, les nappes vocales créent un lien surnaturel avec l’auditeur, et le trip commence comme un album de Hardcore moderne revu et corrigé par des anciens à qui on ne la fait plus. Chacun dans son registre apporte sa pierre à l’édifice vocal, et l’alchimie est extraordinaire. Miracle ? Peut-être, mais Lourdes est loin et parfois, le talent et la complicité suffisent.
Produit et mixé par le cador Josh Wilbur (LAMB OF GOD, MEGADETH, GOJIRA) au sud de la Californie, Reluctant Hero est un peu à l’image de son titre. Un héros qui ne souhaite pas vraiment l’être, mais qui pourrait nous sauver du marasme créatif. Un héros qui n’hésite pas à retourner piocher chez SABBATH et TYPE O de quoi imposer des ambiances lourdes, immédiatement interrompues par des silences coutumiers chez DEP (« The Great Purge »), un héros qui laisse le vent le porter, en rythme avec un mid tempo pilonné et hurlé par Max à pleins poumons (« Comfort From Nothing »), un héros qui s’emballe sur un tempo à la CONVERGE/SEPULTURA pour sauver les victimes à temps (« Animus »). Un héros qui en quarante-sept minutes et onze morceaux fait bien plus que d’autres superhéros en une discographie et une poignée de hits. Et KILLER BE KILLED tue le suspens une fois encore en lâchant la bombe la plus meurtrière du marché, réussissant à moudre l’ADN de ses participants pour servir le café le plus goûtu et corsé du marché.
Titres de l’album:
01. Deconstructing Self-Destruction
02. Dream Gone Bad
03. Left Of Center
04. Inner Calm From Outer Storms
05. Filthy Vagabond
06. From A Crowded Wound
07. The Great Purge
08. Comfort From Nothing
09. Animus
10. Dead Limbs
11. Reluctant Hero
J'ai vomis.
Super tes commentaires 78.192.38.132. Tu ne voudrais pas aller vomir ailleurs, on vient juste de nettoyer les chiottes.
Bah non pourquoi ?
Bien naze cet album. Au moins autant que le nom du groupe, cest peu dire.
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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