Oui c’est vrai qu’à force d’entendre parler de Deathcore, de Technical Death, de briser mes illusions vintage sur l’écho de batterie triggées et de « performances » toujours plus alambiquées, j’en avais perdu la foi en mon Death sacré.
N’y avait-il donc plus personne pour se faire souvenir d’une époque où la vilénie et l’agressivité putride n’étaient que les manifestations naturelles de musiciens ne pouvant compter que sur leur imagination pour nous faire descendre aux Hadès de l'underground fielleux ?
Je commençais sérieusement à en douter, et je tournais le dos à l’essence même du mal, alors même que le Black semblait renaître de ses cendres perpétuellement tel un phœnix macabre aux ailes brulées…
Ce que je veux dire par là ?
Rien de bien important, juste que des groupes de la vague initiale née à Tampa, Floride ou Stockholm, Suède, me manquaient terriblement parfois…
Mais heureusement, certains n’ont ni la mémoire courte ni l’hommage salement déguisé. Des artistes qui se souviennent qu’un énorme riff froid et minimaliste peut suffire à créer une ambiance, et qu’une rythmique concassée des propres mains et pieds d’un batteur ne nécessite aucun traitement pour sonner puissamment. Honnissons donc la post production des Pro-tools et autres matériels/logiciels de studio pour célébrer le retour d’un des acteurs majeurs de la scène Death mineure internationale, les Américains de RUDE, qui viennent de donner une fois de plus tout son sens à leur patronyme en nous proposant leur second album, Remnants…et ses trois petits points qui en disent plus long qu’ils ne le voudraient…
RUDE, c’est une entité formée en 2008 en forme de marque de respect et d’allégeance aux racines même du mal musical, CELTIC FROST, BATHORY et autres défricheurs de brutalité primitive, qui a depuis évolué en culte du Metal de la mort le plus sauvage et primal, tel qu’on pouvait le pratiquer sur les côtes floridiennes ou suédoises à la fin des eighties.
Et après quelques années d’ajustement, les originaires de Berkeley/Oakland/San Francisco et donc Californiens pas vraiment radieux jusqu’au bout des ongles rongés, ont fini par accoucher d’une première démo, Haunted sortie en 2013, qui finalement les mena jusqu’à l’enregistrement d’un premier long il y a trois ans, le bien nommé Soul Recall.
Et à l’écoute de ce second LP, il est évident que le quatuor (Yusef Wallace – guitare/chant, Jason Gluck – basse/chant, David Rodriguez – guitare et Mike Perata – batterie) à les souvenirs bien ancrés dans cette époque fabuleuse ou la mort restait encore à illustrer avec fidélité en musique glaciale…
Dès lors, pas de complication majeure, ni de problème d’inspiration. Remnants, comme son prédécesseur Soul Recall pioche dans le même répertoire des éternels PESTILENCE, AUTOPSY, MORBID ANGEL, ENTOMBED et autres GRAVE.
Les Californiens ont été jusqu’à débaucher le trait du vénéré Dan Seagrave, celui-là même qui illustrait de son imagination graphique les pochettes de SUFFOCATION, DISMEMBER, MALEVOLENT CREATION, soit cette première/seconde génération de groupes capitalisant sur l’héritage laissé par les DEATH et OBITUARY de l’histoire…
D’ailleurs, pour comprendre ce qui vous attend tout au long de ces neuf morceaux qui pourraient ne former qu’une symphonie unique, il vous suffit de regarder ce merveilleux graphisme qui vous en dira plus long que n’importe quel discours.
Car la musique est à la hauteur de la plume sombre de l’artiste, et répète des recettes déjà éprouvées et réappropriées depuis longtemps. Des riffs circulaires malsains et glauques, un chant raclé qui traîne son spleen de cimetière le long des allées de stèles rythmiques alternant lourdeur oppressante et accélérations foudroyantes.
Tout commence d’ailleurs dans la violence la plus avouée, avec en entame un «Torrent To The Past », qui outre son clin d’œil au passé, lance une charge héroïque digne du « Maze of Torment » de MORBID ANGEL, avec son déluge de blasts menant sur une suite compacte à la double grosse caisse intacte.
Musiciens dévoués, les membres de RUDE n’ont d’autre objectif que de passer en revue toutes les figures imposées du style qu’ils affectionnent, et parviennent sans mal à faire la jonction entre la crudité batave de PESTILENCE, et l’efficacité occulte de la bande à David Vincent. Tout ici respire l’osmose déliquescente entre Consuming Impulse et Altars Of Madness, avec une petite touche du séminal Severed Survival des AUTOPSY pour ce cachet d’embaumeur professionnel qui connaît son travail d’évidage par cœur.
C’est lourd et massif, rapide et incisif, mais surtout, joué avec une passion sans borne et des connaissances énormes sur la question, qui finalement, a apporté sa réponse il y a longtemps.
Alors des progressions d’accords cliniquement maladives, au chant un peu étouffé dans le mix, en passant par un jeu de rythmiques évolutives, jusqu’au soli que Trey aurait pu signer de sa main guidée par Mozart, tout ici respire les marais de la mort tels qu’ils ont été décrits il y a presque trente ans par Chuck, Donald, et Trey A.
Pas de tour de passe-passe de petits malins, juste l’essentiel d’un Death Metal de tradition, doté d’une production large mais qui aurait pu sortir des consoles des Sunlight ou du Morrisound, une incarnation bluffante de vérité, et un alignement de chansons simples, qui certes se ressemblent toutes, mais qui de « House Of Dust » à Sanctuary » en passant par « Remnants » ne ratent pas une seule citation dans le texte.
Signalons un intermède mélodique annonciateur d’une fin torride (« ReBoot »), et un épilogue qui martèle une dernière fois son leitmotiv de façon insistante, en osant cette fois jouer sur la lourdeur ambivalente d’une piste qui en ouvre peut-être d’autres de ses dissonances (« Children Of Atom »).
Mais, ne vous creusez pas trop les neurones, tout est là, à votre disposition. C’est certes très respectueux et révérencieux, mais dans une époque comme la nôtre où le Death est régulièrement maltraité et défiguré pour devenir brutalité stérile, il est bon de constater que certains n’ont pas oublié.
Pas oublié que pour mourir, une entité doit d’abord avoir été vivante et non animée par des machines perfectionnées.
Et RUDE avec Remnants nous prouve que le Death fatal de papa a encore de beaux enterrements devant lui.
Titres de l'album:
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