Je me suis toujours demandé quels efforts d’imagination avaient dû faire preuve les journalistes de l’époque lorsqu’ils se retrouvèrent confrontés à des albums comme Dimension Hatross de VOIVOD, Control And Resistance de WATCHTOWER, ou Mental Vortex de CORONER. Trouver les mots pour décrire des musiques aussi inventives et imprévisibles n’a pas dû être chose facile, mais finalement, j’en ai eu un aperçu ce matin lorsque je me suis moi-même retrouvé face au sixième album des anglais fantasques d’AKERCOCKE. Certes, il est certain que j’aime les défis, et je connaissais la difficulté de l’entreprise avant même de m’y atteler. Mais savoir décrire avec pertinence et créativité un disque qui justement en repousse les limites est toujours une gageure incroyablement difficile, et on est vite tenté de jeter l’éponge au-dessus de l’évier…D’autant plus que les bougres ont laissé couler le sablier du temps avant de nous donner de leurs nouvelles, ce qui nous oblige à comparer ce dernier né à son ainé Antichrist, publié en 2007, qui déjà nous avait laissé une drôle d’impression dans les oreilles médusées…
Ne tournons pas autour du pot, AKERCOCKE, c’est le chien fou dans le jeu de quilles un peu mou. Le trublion qui fait tout pour se faire remarquer, non par ses frasques, mais par son talent inné pour détourner des styles et des codes usés, en donnant l’impression qu’ils viennent de les inventer. Et Renaissance in Extremis ne fait aucunement exception à la règle, et a même tendance à l’enfoncer. Le style n’a pas changé, du moins l’absence de style puisque les limites sont toujours aussi floues, comme est culotté ce mouvement perpétuel qu’ils imposent sans broncher.
Alors pour les formules facilement troussées et les punchlines déposées, vous pourrez toujours repasser.
Revenus dans le giron rassurant du label national Peaceville, Jason Mendonca, David Gray, Paul Scanlan et Nathanael Underwood semblent se rapprocher de la quintessence de leur art, et osent en guise de sixième chapitre nous proposer leur travail le plus complet et complexe, et pourtant fluide et sans complexes. Il est difficile de détailler l’œuvre dans sa globalité, puisque sa globalité se compose de détails qui s’imbriquent dans une logique imparable, en prônant toujours ce métissage extrême qui a tant fait pour leur réputation immaculée de noir. On pourrait une fois encore jouer le petit jeu des comparaisons en citant DEATHSPELL OMEGA, TALANAS, CYNIC, KOROVAKILL, et tous les apôtres d’une musique affranchie de toute contrainte, mais ce jeu s’avèrerait vite vain tant la personnalité des londoniens est à part, et digne d’une exégèse que le néophyte ne comprendra de toute façon pas. Alors, hésitons un instant. Tombons-nous dans le panégyrique aveugle et sourd, ou tentons-nous de poser quelques mots sur une musique qui mélange la brutalité du Death, le radicalisme du Thrash, le culot d’un BM débarrassé de ses oripeaux occultes, et l’expérimentation mélodique avant-gardiste dans un même creuset d’influences qui seront de toute façon impossibles à identifier clairement ? Ecoutons simplement les neuf morceaux de Renaissance in Extremis, qui en effet, ressemble en tout point à une renaissance miraculeuse d’un quatuor qu’on pensait perdu dans les limbes de sa propre imagination…
AKERCOCKE joue toujours ce jeu de mélange très dangereux, qui perturbe des harmonies éthérées par un torrent de blasts déchaînés. Techniquement, la construction est imparable, et découle naturellement d’une envie d’aller voir ailleurs si l’originalité n’est pas mieux acceptée. L’arbre musical est toujours constitué d’une myriade de branches auxquelles il est impossible de se raccrocher, et l’ensemble dégage une telle impression de puissance fragile qu’une station un peu prolongée vous garantit un équilibre faussé vous condamnant à une chute que vous ne pourrez éviter. Entre les passages en growls et ceux en chant clair, les riffs massifs et les arpèges délétères, les saccades Thrash noyées dans un océan de haine Death dissonant, et les digressions planantes symptomatiques d’un Post Metal plus frais que n’importe quel accroche de THE OCEAN, la valse sans hésitation de Renaissance in Extremis nous entraîne aux confins d’un monde sans pareil, qui voit et entend les choses à l’envers et tente de les retranscrire à l’endroit, dans une langue que seuls les plus érudits pourront déchiffrer. Et dans un désir de sincérité remarquable, le groupe a même osé franchir le pas de dix années d’absence remarquée par une entrée en matière sans douceur, via le monstrueux « Disappear », qui colle à la peau de leur parcours comme aux os de leur carrière. On y retrouve en un peu plus de sept minutes tout ce qu’on a toujours aimé chez ce groupe affamé de sons peu usités et d’audace terrorisant les plus timorés, à commencer par ce non-choix entre des courants extrêmes qu’ils aiment à faire cohabiter.
Dotés d’une production miraculeusement claire et détaillée, les quatre anglais laissent parler leur naturel avec une touchante naïveté comme si tout ça semblait découler d’une étrange normalité. Pourtant, tout au long de ces neuf longues pistes, rien ne semble répondre à une équation clairement posée. Même les segments les plus concentrés osent un nombre d’idées dont la plupart des groupes ne peuvent que rêver (« Unbound By Sin », aux motifs tournoyants et progressifs massacrés par une sauvagerie cryptique, comme si PERIPHERY tentait d’apprendre la crudité d’un AUTOPSY via les enseignements de Paul Masvidal, qui lui non plus n’a pas forcément compris), alors que les moins recentrés se perdent sur des routes célestes pavées de mauvaises intentions Ambient/Jazz-Metal sans issue clairement indiquée (« Familiar Ghosts », une énigme énoncée de Death progressif transcendé de Jazz-Rock détourné). Dès lors, les options se resserrent, et la tête commence à dodeliner sans sentir la migraine progresser. Mais la céphalée est évitable, pour peu que l’on renonce à ses repères les plus stables, et que l’on accepte de s’abandonner dans un destin non programmé, qui n’évitera pas les pièges d’une inspiration traversant les années (« A Final Glance Back Before Departing », du QUEENSRYCHE joué par RUSH découvrant par précognition un PARADISE LOST empêtré dans un Heavy Death embrumé).
Alors, à savoir si OPETH aurait pu jouer tout ça en se jetant dans les bras d’un THE ANTICHRIST IMPERIUM pourtant peu amène de cajoleries déplacées…A-t-on vraiment besoin de savoir ? Non.
On se contente d’avancer dans un album dont on admire l’horrible beauté, et on se laisse divaguer le long des ondulations envoutantes de « One Chapter Closing for Another to Begin », pour finalement se fracasser sur la réalité absconse d’un final aussi homérique que cathartique. « A Particularly Cold September » débute comme un HYPNO5E perdu dans les couloirs du temps, et finit par proposer une évolution ahurissante de délicatesse instrumentale, dominée par un chant refusant les principes harmoniques les plus élémentaires, et singeant les tics faussement opératiques d’un Morrissey copiant sans le savoir la grandiloquence d’un Tom Warrior en pleine montée Into The Pandemonium.
Mais pour en arriver là, il faudrait pouvoir poser des mots sur cette musique aussi inventive qu’imprévisible. Et c’est un petit jeu auquel je refuse de jouer. Alors vous n’avez rien lu, et vous allez tout écouter. Parce qu’on ne parle pas et on n’écrit pas sur AKERCOCKE. Autant essayer de traduire en paroles un sentiment désincarné…
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
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