Voilà une excellente histoire belge. Non, ne vous attendez pas à une démonstration pitoyable d’humour français seventies, avec accent lamentable et allusions répétées à la bière et aux frites, mais plutôt au parcours musical d’un groupe atypique, né avec le nouveau siècle, mais dont l’évolution a été marquée par de nombreux coups du sort. Fondé en 2004 à Roeselare, SPOIL ENGINE avait en quelque sorte tout pour lui. Une vision de la musique résolument moderne, le soutien assez précoce d’un label célèbre (Roadrunner pour ne pas le nommer), des plans de tournée et des premières parties de luxe, et pourtant, il lui a toujours manqué cette étincelle faisant exploser les barils de poudre de qualité. La faute à quoi alors, manque de talent, pas assez de flair pour saisir les opportunités ? Baisse de créativité ? Non, le sempiternel grain de sable qui vient bloquer les machineries les mieux huilées, à savoir d’incessants changements de line-up qui ont empêché le groupe d’avancer à grande vitesse, et qui l’ont obligé à faire du sur place, voire à s’arrêter pour réparer le moteur. Pourtant, avec Antimatter, l’histoire semblait pliée d’avance, les fans conquis, la planète à feu et à sang, et la célébrité au bout du chemin. Mais c’était sans compter sur l’acharnement de Steven 'Gaze' Sanders, seul membre originel et compositeur principal du répertoire, qui finalement, a réussi à prendre sa revanche sur le destin en trouvant les bons partenaires, solides, et bien décidés à courir à la même vitesse que lui. Ce qui confirme la maxime, « patience et longueur de temps font plus que force et rage », à l’exception près que dans le cas des belges, la maxime se transforme en « patience et longueur de temps décuplent la force et la rage ». C’est d’ailleurs le constat dressé par Steven, qui a décidé une fois pour toutes de mettre les galères du passé de côté pour se concentrer sur l’avenir, et offrir à son public un nouvel album en forme de déclaration d’intention, ce Renaissance Noire qui semble chercher à mériter son titre à chaque plan.
Il aura fallu au guitariste et leader attendre jusqu’en 2017 pour enfin trouver une formation stable, avec l’intégration de Dave De Loco au poste de bassiste. C’est donc quasiment la même formation qui officiait sur Stormsleeper qu’on retrouve ici, moins Bart Vandeportaele, ce qui transforme donc le quintet en quatuor, et semble avoir encore resserré les liens. Et si les créateurs de l’œuvre affirment qu’il s’agit là de leur travail le plus puissant et versatile, il convient de ne pas les contredire. Non qu’on puisse le regretter, mais parce que c’est vrai, et les dix morceaux proposés par ce cinquième album sont parmi les plus solides et performants de la carrière du groupe. Groupe drivé depuis quatre ans par Iris Goessens, chanteuse et coach vocale qui sait parfaitement doser sa voix et ses hurlements, et qui incarne la figure de proue d’un combo à qui on ne la fait plus. Et en 2019, SPOIL ENGINE n’a plus rien de l’enfant gâté qu’on se plaisait à voir en lui à ses débuts, mais à des airs d’adulte qui a une sérieuse revanche à prendre sur la vie et le business. Soutenus aujourd’hui par Arising Empire, subdivision de Nuclear Blast, SPOIL ENGINE avance à terrain découvert, et pourrait incarner la quintessence d’un Néo Thrash à tendance Metalcore, sans aucune vulgarisation. Vous avez lu Metalcore, et je peux sentir une réticence tout à fait légitime. La même que je peux éprouver envers le style, condamné à se répéter depuis sa création, mais la musique des belges est plus à appréhender comme un Metal moderne très intelligemment arrangé plutôt que comme une énième digression linéaire aux rythmiques inamovibles. Ne vous méprenez pas, Renaissance Noire a la patte de ses auteurs, et emprunte au genre pas mal de ses stratégies, notamment au niveau des riffs, plus plombés que jamais, et toujours d’une absolue gravité. La rythmique en est aussi symptomatique parfois, avec des breakdown inévitables, mais le tout s’appréhende plutôt comme une forme de Néo Death remis au goût du jour, et la transposition de l’énergie d’un ARCH ENEMY dans l’univers d’un ARCHITECTS.
C’est peut-être pour cette raison qu’on retrouve au mixage de l’album Henrik Udd (ARCHITECTS, BRING ME THE HORIZON), la production ayant été prise en charge par le groupe lui-même. C’est la paire rythmique qui a bossé sur le son de Renaissance Noire, qui a profité des studios personnels du batteur Matthijs Quaars et de l’expérience du bassiste Dave De Loco. Les deux compères ont donc conféré à l’œuvre un son gigantesque, parfaitement adapté à leur colère et leur recherche de rédemption, ce qu’on sent dès l’entame atomique de « R!OT » qui vous explose dans les oreilles sans prendre le temps de planter le climat. Pas d’intro, mais une décharge d’adrénaline en plein dans le cœur, pour une mise en jambes qui en dit long sur l’appétit féroce du quatuor, et un hymne comme signal du départ. Très en forme, Iris lâche tout dès son entrée en scène, et l’alternance couplets dynamite/refrain T.N.T reste la marque de fabrique du groupe, qui n’est toujours pas décidé à changer sa formule. Néanmoins, et puisque Steven lui-même parlait de versatilité et d’ouverture, il est bon de noter que Renaissance Noire semble avoir été scindé en deux parties. La première, agressive et véhémente au possible, avec des hits immédiats, et la seconde, plus nuancée et marquée par des mélodies amères, ce qui pourra déstabiliser l’auditeur, mais séduire les amateurs de sensations moins systématiques. Cette première partie, à la franchise explosive nous offre donc des moments d’intensité diaboliquement efficaces, dont le pur hit « Medecine », mais surtout le nucléaire « The Hallow », sur lequel Jeff Walker de CARCASS est venu prêter main forte au groupe. Suintant de méchanceté rythmique, ce titre n’en oublie pas pour autant le refrain catchy indispensable, qui à n’en point douter fera jumper les foules lors de la tournée à venir. « Venom » alourdit le propos, mais n’en reste pas moins efficient, mais dès la coupure « Golden Cage », on comprend que SPOIL ENGINE a beaucoup plus à offrir qu’une simple collection de déflagrations assourdissantes.
Laissant place à une basse monolithique et ronflante, ce titre permet à Iris de moduler son approche, et de tutoyer les cimes amères de la nostalgie autrefois atteintes par ALICE IN CHAINS ou PANTERA. Et malgré une violence omniprésente, « Frostbite » continue plus ou moins sur le même schéma, osant enfin le silence, sans perdre en énergie. Energie que l’on retrouve intacte sur le burner « Warzone », chair à pit de première bourre. Et malgré des riffs toujours plus redondants, malgré une assise vocale forte, on sent que les musiciens ont vraiment cherché à varier le propos, condensant parfois en quatre minutes toute leur histoire (« The Void »). Belle revanche prise sur un destin capricieux, Renaissance Noire est une résurrection des ténèbres vers la lumière, et le retour d’un enfant prodigue qui n’a pas encore poussé son dernier cri.
Titres de l’album :
01. R!OT
02. Medicine
03. The Hallow (feat. Jeff Walker)
04. Venom
05. Golden Cage
06. Frostbite
07. Warzone
08. No Flowers for a Pig
09. The Void
10. Storms of Tragedy
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