Au pays des…bref.
Depuis 20 ans, BORGNE observe le monde en mono, sa vision étant amputée d’un côté. Ce qui n’a guère empêché le projet de se construire un univers complexe, sombre et fouillé, comme si sa vue n’était pas handicapée d’une moitié de ses capacités. Le duo suisse mené de main de fer par Bornyhake (ANCIENT MOON, ASTRAL SILENCE, CLAVUS, DIURNAL, ENOID, EXCRETA, LYPEKTOMY, MANII, MOISISSURE, MY DEATH BELONGS TO YOU, NIVATAKAVACHAS, PNEUMOCONIOSIS, PORIFICE, PURE, SERPENS LUMINIS, DARVAZA (live), ex-GERBOPHILIA, ex-HAINE, ex-KRIGAR, ex-ORGAN TRAILS, BORNYHAKOSCLEROSIS, CANAL OF MASH ADDLE, DECOMPOSITION, SNORRE, THE PATH OF MEMORY, THE TWO BOYS SANDWICH CLUB, ex-CAKEWET, ex-CHOKINGONBILE, ex-CRYFEMAL, ex-KAWIR, ex-OCULUS, ex-RAVNKALD, ex-DEATHROW (live), ex-SCHAMMASCH (live), ex-ASS OF SPADES, ex-JANTE ALU), toujours maître à bord et compositeur indétrônable revient en 2025, quelques années après nous avoir asséné le coup dur Temps Morts en 2021. Secondé par Lady Kaos aux claviers, le tempétueux leader a depuis très longtemps assis ses positions, le long de dix albums aussi riches que puissants, et cette cuvée 2025 se devait de rester dans les clous pour respecter l’intensité développée durant toutes ces années.
Industrial Black Metal ?
Si l’on veut, c’est un raccourci facile. Les sonorités synthétiques, les répétitions hypnotiques, l’aspect martial de la démarche font que l’on peut effectivement rattacher l’expérience à la locomotive Industrielle, mais je ne peux guère m’empêcher de trouver cette musique plus froide que robotique, et plus viscérale qu’automatique.
D’ailleurs, certains titres me donnent raison. Ainsi, « Même si l'Enfer m'Attire dans sa Perdition » est à peu près aussi grave et violent que n’importe quelle attaque nordique des années 2000, plongée dans le marasme effectif des productions des Acteurs de l’Ombre. Le duo suisse connaît donc les ficelles, qu’il coupe de son couteau national pour obtenir de petites bandelettes à coller sur un sarcophage. Celui du BM de tradition, ici transcrit dans un langage plus froid, plus impérial, plus ambitieux.
C’est donc une cathédrale sonore qui nous ouvre ses lourdes portes pour mieux les refermer immédiatement et nous prendre au piège. Derrière son autel, Bornyhake psalmodie comme un possédé, engoncé dans ses étoffes lourdes et sa gestuelle empruntée. Avec des arrangements riches et oppressants, Renaître de ses Fanges s’y roule et en revient transfiguré, comme une figure christique défroquée et fascinée par les péchés capitaux. Luxure, avarice, gourmandise, à vous de choisir le plus condamnable, mais ne biffez pas l’envie, car c’est elle qui cristallise les ambitions de deux musiciens qui se complètent à merveille.
Beaucoup d’insistance, des plans qui s’éternisent à dessein, une bestialité clinique qui le confine à la brutalité la plus gratuite, pour un bal organisé en l’honneur du malin, très en joie de pouvoir remonter de ses enfers personnels. Or, ce dernier adore remuer sa longue queue sur le rythme apocalyptique de « Condamnée à Errer dans les Méandres », promenade dans un labyrinthe de pensées impures qui ressemble à s’y méprendre à une traduction suisse des obsessions d’EMPEROR.
Stable mais avec quelques fluctuations qui permettent de changer de direction sans modifier le plan de départ, schéma qui se répète évidemment à intervalles très réguliers, ce nouvel album de BORGNE n’es ni plus ni moins qu’un nouveau chapitre de la saga morbide, qui n’a rien à envier aux précédents. Sa durée qui peut sembler rédhibitoire, ses thèmes qui se doublent de piste en piste, cette façon de rendre plus accessibles des riffs prétextes en leur apposant une couche de claviers est devenu la trademark d’un groupe qui a trouvé son essence depuis très longtemps.
Il faut un minimum d’abnégation pour encaisser un tel choc. Rien que le triptyque final tape dans la petite demi-heure, comme si le temps n’était qu’une donnée facultative. Mais le bon côté de la chose, est que BORGNE a toujours quelque chose à dire. Si son discours linéaire recycle des arguments passés et présents, il parvient quand même à fasciner les amateurs de Black qui ne rechignent pas à se voir exposer des faits clairs plusieurs fois lors d’un même échange. C’est ainsi que « Dans un Tourbillon de Douleur » continue le tracé, avec ses cassures grandiloquentes et sa violence impitoyable, alors que « Un Espace Hors du Temps » déjoue tout plan de narration logique pour placer des pièges et des trompe-l’œil un peu partout sur le chemin.
Pur produit de son époque, agressif et sans complaisance, ultraviolent mais maîtrisé de bout en bout, Renaître de ses Fanges nous enjoint à sortir de nos immondices pour renaître en tant qu’êtres doués d’une volonté hors-norme susceptible de remettre l’ordre mondial en cause.
Ceci étant posé, nombreux sont ceux qui continueront à se rouler dans leur soue, trop contents d’avoir quelques trognons à boulotter. La boue, les excréments, la plèbe se noyant dans les immondices, le tableau a de quoi écœurer, mais correspond bien à l’état d’esprit actuel. Mieux vaut se vautrer dans sa propre merde que finir dans celle des autres. Un chacun pour soi très logique, qui laisse augurer de temps souillés et prévisibles.
BORGNE observera le chaos à travers son bandeau. En attendant que tout crame et qu’on reconstruise sur ce qui restera. Pas grand-chose, peut-être rien, ou alors la promesse d’un monde meilleur. Ou pire selon les options.
Titres de l’album:
01. Introspection du Néant
02. Comme une Tempête en Moi qui Gronde
03. Même si l'Enfer m'Attire dans sa Perdition
04. Condamnée à Errer dans les Méandres
05. Ils me Rongent de l'Interieur
06. Dans un Tourbillon de Douleur
07. Un Espace Hors du Temps
08. Royaumes de Poussière et de Cendre
Sans doutes leur meilleur album !
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@Gargan, non malheureusement, je n'ai pas pu y aller. Je m'en mords encore les doigts...
15/04/2025, 16:51
On peut avoir tourné la page, écouter des nouveaux trucs, mais se faire un kiff en réécoutant ou en allant voir les anciennes légendes d'un style selon moi. L'un empêche pas l'autre. Alors oui c'est des papis (encore que Slayer sur sc&e(...)
15/04/2025, 08:56
Imagine un concert avec Maiden Slayer Megadeath et Metallica, imagine à quel point se serait de la merde.
15/04/2025, 08:17
Et va te faire foutre avec ton histoire de masque à la con, comme si je cachais quelque chose.
15/04/2025, 07:56
J'en ai juste marre des nostalgiques à la con qui sont incapables de tourner la page. Tu aurait une reformation avec tout les membres de ton groupe que tu aimais ado en fauteuil roulant que tu aurais un public pour dépenser 500 balle le ticket. Oui c'est à charge..
15/04/2025, 07:52
Les masques tombent. Je vois. Ton post n'a donc aucune crédibilité vu que c'est à charge. On se demande donc bien quel est son intérêt ici. Un mystère de plus. Comme si moi j'allais poster sous un groupe ou sous un style dont je me balec. Br(...)
15/04/2025, 06:37
Tu as des mecs qui déboursent une fortune pour aller voir les vieillards de Black Sabbath jouer péniblement, à un moment il faut tourner la page désoler, pareil pour Maiden et compagnie.
15/04/2025, 05:15
Oh mais si ça ne tenait qu'à moi tout ce qui est heavy ou thrash speed et compagnie c'est poubelle. On a poussé le metal plus en avant, ces reculs nostalgique d'adulescent c'est pas pour moi.
15/04/2025, 05:06
On reconnaît quelques intonations de Rinehart mais a l'instar de Doty, qu'on a pu entendre sur des réenregistrements, ça sonne pas terrible. Bon attendons tranquillement l'album.Par contre pas d'accord avec les posts précéde(...)
14/04/2025, 17:28
Je rejoins en partie Arioch91...le chant? Et la production? Ca manque d'âme je trouve, en tout cas si je compare à "Darkness Descends" ( oui, c'est le seul album que je connais d'eux....)....
14/04/2025, 14:35
Un petit message hors sujet mais bon, je regrette en effet la disparition du Fall of Summer...
14/04/2025, 14:30
Bon ça me parle déjà plus que leurs dernières sorties, on retrouve un peu d'adhérence dans les guitares, à voir !
14/04/2025, 07:29