La langue portugaise sied donc formidablement bien aux musiques extrêmes, et s’insère totalement dans un contexte de brutalité ambiante. Les groupes de Hardcore brésiliens et portugais peuvent en témoigner, mais les groupes de Thrash aussi. Ainsi, les originaires de Macaé, Rio de Janeiro de VINGADOR mélangent leur langue natale avec l’anglais sur ce deuxième album, qui tombe à point nommé pour rassurer leurs fans éperdus. Créé en 2009, ce trio belliqueux n’avait plus donné de nouvelles depuis la sortie de son EP Let the Hate Flow en 2016, et leurs suiveurs fidèles commençaient à sérieusement s’inquiéter. Mais Renegado, en quelques riffs et lignes vocales saura les remettre en confiance, tant le groupe apparait soudé comme jamais, et plus que décidé à dénoncer quelques injustices et autres situations inconfortables.
Du line-up d’origine, restent les deux leaders, Diego Neves (basse/chœurs) et Alexandre Cabral (guitare/chant), qui depuis 2017 sont soutenus par les percussions de Magno Moreira Elias, aka Mad. Et visiblement le trio s’entend à merveille, puisque les dix compositions de ce second effort sont d’une solidité alliée à une fluidité exemplaires, les mélodies se taillant une bonne part du gâteau, sans atténuer les effets d’une violence sous-jacente, exprimée il est vrai de façon assez modérée.
Entre Heavy/Thrash, Speed Metal, Crossover light et quelques allusions Core, VINGADOR se situe en convergence de deux influences majeures, allemande d’un côté avec l’importance de DESTRUCTION, et canadienne de l’autre côté avec la tutelle d’ANNIHILATOR, pour produire un cocktail détonnant à défaut d’être étonnant. On retient de cet album ses riffs multiples et francs, ses sinuosités harmoniques, la propension de Cabral à sortir de sa guitare des soli tout à fait capables, et la simplicité d’une rythmique qui ne cherche pas les embrouilles. De la concision donc, malgré un timing respectable, des couplets rageurs, des refrains fédérateurs, et de longs breaks évolutifs, presque progressifs parfois, qui confèrent une patine ambitieuse à ce comeback inattendu.
« Renegado do Metal », l’insert le plus bref et certainement le plus rapide est intelligemment mis en avant-plan, histoire de séduire les fans d’un Thrash musical plus radical. On pense alors à un brin d’OVERDOSE, à du HEATHEN plus teigneux et moins conséquent, et aussi à une forme très fidèle d’EXODUS, passé au prisme joyeux d’Amérique du Sud. On aime cette sincérité dans l’instrumental, et ce duo de voix rageuses, qui hurlent des lyrics engagés, mais aussi une allégeance à la famille Metal dont les trois brésiliens font évidemment partie.
Une fois ce choc encaissé, la machine ralentit dans les tours pour trouver sa vitesse de croisière, mais le voyage ne perd aucunement de son intérêt. Les BPM tombent moins nombreux, mais la guitare ne se calme pas pour autant, et lâche un maximum de riffs, tandis que les fills diaboliques de Mad se restreignent pour que le tout puisse cheminer sans encombre. Peu de surprises donc à attendre de la part de Renegado, mais beaucoup de plaisir d’écoute. Une grosse basse ronflante à la ANTHRAX, une guitare solide et volubile, un chanteur au timbre ferme et aux harangues convaincantes, et finalement, tout ce qu’on est en droit d’espérer d’un solide album old-school, qui s’ancre de lui-même dans une tradition d’extrême brésilien assez loin de ses racines les plus fermement ancrées en sol bestial. Ici, on ne braille pas comme un petit démon à qui on a marché sur la queue, on n’accélère pas le tempo pour fricoter avec le Death ou le Thrashcore, mais on joue fin, intelligemment et de façon compréhensible (« Mumia »).
En travaillant tous les secteurs de jeu, les trois musiciens ont bétonné leur projet, et toutes les intros sont d’importance. Qu’elles soient mélodiques ou percussives, elles ne sont pas que de simples prétexte à introduire le thème principal, et développent des trésors d’ingéniosité. Et lorsque les brésiliens se souviennent des méthodes de la Bay-Area, d’ATROPHY à METALLICA, ça nous donne de petits classiques en devenir, à l’image de l’imparable « O Chamado ». Les plus féroces regretteront sans doute cette modération, mais les plus exigeants sur la qualité se repaîtront de « Lucifer Legacy » et son ambiance pur TESTAMENT des grands jours. Se rapprochant parfois d’un Techno-Thrash humble aux proportions humaines (« Hadley's Hope »), VINGADOR singe le HOLY MOSES de The New Machine, toutes proportions gardées évidemment, et toujours en louchant du côté le plus tournoyant de l’histoire allemande.
On aurait certes apprécié quelques crises de folie plus prononcées, mais impossible de déceler le moindre point faible dans cette réalisation, sauf en soulignant quelques redondances frappantes dans l’inspiration. Mais la fin de l’album nous réserve quelques bonnes surprises, à l’instar du lourd et agressif « Scarlet Flag », ou du lapidaire et très OVERKILL/DESTRUCTION « O Retorno de Lenin », communisto-Thrash en diable. Excellent travail donc de la part des brésiliens de VINGADOR qui se font pardonner de la plus belle des façons pour leur long silence. Une vengeance sur le temps qui se mange bouillante, et une tranche de vie lusophone qui tiendra le test du temps sans forcer.
Titres de l’album:
01. Renegado do Metal
02. Hospital Colônia
03. Mumia
04. O Chamado
05. Lucifer Legacy
06. Hadley's Hope
07. Semente da Resistência
08. Scarlet Flag
09. M.G.U.
10. O Retorno de Lenin
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30