Vous allez me dire que mes critères sont stupides, et vous aurez probablement raison. Mais quand je vois deux musiciens propres, avec des t-shirts neufs et/ou bien repassés, j’ai confiance, et j’ai envie d’en savoir plus. Et lorsque je découvre un deuxième album à la pochette splendide, ma joie illumine la grisaille quotidienne. Voilà, c’est évidemment très partial et subjectif, mais comme quelqu’un qui arrive à l’heure à un rendez-vous, j’ai des principes.
Les MOTIVIK m’ont donc donné envie d’écouter leur dernier album, qui fait suite à l’entame Death of the Gunman, publié il y a quatre ans. Ryan Roebuck (tout/chant) et Courtney Simmons (chant seulement) se débrouillent toujours comme des grands, et s’épanouissent dans un registre complexe et exigeant, celui du Heavy/Thrash qui requiert des connaissances et de l‘aisance. Ce qui tombe fort à propos, puisque les deux musiciens n’en manquent pas. Enfin surtout Ryan Roebuck.
Difficile de croire en écoutant ce Renouncement qu’un seul homme est responsable de cette instrumentation diaboliquement séduisante. La sensation d’écouter une formation classique guitare/basse/batterie/chant est telle qu’on est vraiment surpris par le rachitisme du line-up, et on se dit que finalement, un quatuor ou un quintet n’aurait pas fait mieux. D’autant que le groupe se permet d’être allusif à toutes les têtes d’affiche de ces trente dernières années, plus quelques OS fameux que personne n’a oubliés.
Puissant et mélodique. Voilà l’affaire résumée en deux mots, sans rien oublier. Dans un style que MEGADETH a balayé durant les nineties, lorsque Dave et Marty tâtaient du Metal plus commercial, Renouncement s’impose par ses ambitions, et parvient même à restaurer la grandeur du ARMORED SAINT moderne sur certains titres. La combinaison Mustaine/Bush tourne à plein régime sur le monstrueux « Break the Walls », hit flamboyant qui se permet même un break de toute beauté et en toute clarté.
A l’inverse « Dethroned » nous ramène à la seconde partie de carrière des thrasheurs chrétiens BELIEVER, avec cette complexité instrumentale couplée à une volonté farouche. Largement de quoi se faire les dents donc, et une énergie globale qui souffle les quelques doutes qui pourraient encore planer. En une poignée de morceaux, MOTIVIK impose sa vision d’un autre monde, violent mais harmonieux, et nous embarque dans un voyage au long-cours…pendant une heure, ce qui n’est pas la durée la plus facile à gérer dans le style.
Mais les moyens et la concentration font que chacune de ces minutes est savoureuse, sinon indispensable. Le duo varie les humeurs à loisir, plaque des intermèdes sensibles au bon moment, pour mieux nous surprendre d’une montée en puissance ou d’un plan saccadé à outrance. Ainsi, malgré son titre peu engageant, « Septicemia » revient dans le giron des années les plus adoucies de METALLICA, lorsque les californiens expérimentaient sur Ride the Lightning.
D’ailleurs, la comparaison est loin d’être anodine. On retrouve chez MOTIVIK ces mêmes velléités progressives, cette façon de lâcher plusieurs idées pour former un concept musical global, et une envie d’aller plus loin que les codes habituels du Heavy et du Thrash. Transcender l’inspiration classique pour la rendre personnelle, tout en incorporant les ingrédients d’usage. C’est ce que « This Man I Am » développe, avec ses six minutes aussi passionnantes que dévorantes. Entre un ANTHRAX nineties agrémenté de quelques fantaisies FLOTSAM & JETSAM, ce titre évolutif est une petite merveille, et permet d’oublier le revers du dernier HEATHEN en rappelant sa jeunesse plus créative.
Entre efficacité immédiate et effet qui se dissipe dans l’organisme, ce deuxième album est d’une maîtrise incroyable. Sorti de presque nulle part, il fait la nique à bien des grosses productions de chez Massacre, Metal Blade ou Nuclear Blast, avec des compositions riches, denses, imaginatives et tourbillonnantes, comme sur « Harbinger of Demise », petit précis à l’usage des malades du Heavy joué avec les tripes de la Bay-Area.
Et alors qu’en toute objectivité, on attend la faute de goût, le mauvais geste ou le dégagement précipité, Ryan Roebuck et Courtney Simmons ne lâchent pas la rampe et parviennent à maintenir le suspense jusqu’au bout. Par des idées simples, comme cette superbe intro Folk sur « Final Hour », power-ballad sublime que le SKIDROW de Slave to the Grind aurait pu nous pondre, ou ces syncopes très viriles sur « Lord of Death » qui louchent presque vers le Néo sans lui faire du gringue.
Il est époustouflant de constater que sur treize morceaux, aucun n’est à mettre de côté. « The Storm Within » brûlot Thrash raisonnable à la ANNIHILATOR, « The Head Collector », formel mais fondant, « Dead by Daylight » à l’atmosphère chargée d’électricité, le chronomètre tourne, mais les erreurs se font attendre…en vain.
MOTIVIK redonne ses lettres de noblesse à un genre qui ne peut être pratiqué que par une poignée d’esthètes qui savent le doser. Sans se prétendre plus futés que la moyenne, les deux musiciens parviennent à tenir la dragée haute aux cadors, et à faire sonner le dernier METALLICA comme un générique de série TV française. Colportez donc la nouvelle, propagez la bonne parole, Renouncement le mérite amplement. J’ose à peine imaginer ce qu’un troisième album peut donner, pour peu que les américains gagnent encore en confiance.
Je vous le disais, ils sont propres et nets. Et leur musique aussi. CQFD
Titres de l’album :
01. Palace of Ashes
02. Dethroned
03. Renouncement
04. Break the Walls
05. Septicemia
06. This Man I Am
07. Harbinger of Demise
08. Final Hour
09. Lord of Death
10. The Storm Within
11. The Head Collector
12. Dead by Daylight
13. Once Again
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