Un EP, c’est un amuse-bouche, une transition, un appel aux armes avant la guerre, mais ça peut aussi être un point final à une aventure. Il peut être d’importance, et certains se sont même imposé dans le Metal Hall of Fame comme des œuvres majeures, mais ne nous leurrons-pas, selon le groupe, ils agissent principalement en tant que manière de figer le temps en attendant des mouvements plus amples.
Sauf quand on s’appelle NAPALM DEATH.
Nous étions des milliers à attendre la fausse suite de la déflagration intense que fut Throes of Joy in the Jaws of Defeatism, il y a à peine deux ans. L’album, intense, sauvage et rassurant nous avait montré le visage d’une formation toujours aussi soudée, malgré les défections live de Mitch, malgré l’éparpillement de Shane le musico-boulimique, malgré les années passant irrémédiablement. Après tout, personne n’en aurait voulu au groupe de Birmingham de lever le pied, et de se reposer sur des lauriers chèrement gagnés et amplement mérités. Mais là n’est pas la philosophie d’un quatuor qui continue d’avancer et de dénoncer, la société leur donnant toujours matière à réflexion et indignation. Pour l’occasion, Shane, Mitch, Danny et Barney nous offrent presque trente minutes de musique, surprenante parfois, révérencieuse par ses reprises, mais surtout, à l’image de cette fabuleuse compilation offerte en 2018, qui confirmait que les leftovers de NAPALM pouvaient aisément passer pour des achèvements officiels d’autres artistes moins créatifs.
« Narcissus » avait annoncé le monochrome de son classicisme, égrenant les tempi jusqu’à peler l’oignon, et tout le monde pensait savoir de quoi il allait en retourner. Et c’est très mal connaître les ND que de les croire si prévisibles, la preuve. Dès le monstrueux « Resentment Always Simmers », le groupe se retourne vers son passé, se souvient de sa parenthèse Indus, et nous assène l’un des coups du lapin les plus violents du marché. Le chant de Barney profite de l’écho, la production assourdissante teste notre résistance, la guitare adore les dissonances, et la batterie de Danny sonne comme un rappel des troupes après la bataille, pour assainir la scène.
D’ailleurs, Resentment Is Always Seismic - A Final Throw of Throes EST un rappel, un rappel de tout ce que le groupe a pu être, être encore, et rester pour de longues années. On y retrouve ce Crust/Grind de pionniers joué par des passionnés encore verts dont la foi ne vacille pas (« By Proxy », l’un des trucs les plus rageurs qu’ils aient pu composer depuis longtemps), et bien sûr, ces hommages rendus aux influences, influences diverses pour un paysage multiple qui ne rechigne pas à admettre le legs d’autres légendes que les CARDIACS, SWANS et REPULSION.
Ainsi, les SLAB! se voient honorés d’un salut très crédible, et totalement dans la veine du nouveau projet de notre bon Shane, tourné vers la froideur industrielle. Très crédibles lorsqu’il s’agit de se la jouer KILLING JOKE/COP SHOOT COP ou BILE, les ND nous donnent une leçon de rigidité EBM/Indus, qu’on croirait sortie d’une fête organisée par ce bon vieux Mitch pour célébrer l’importance de la raideur rythmique sur dancefloor is lava. Enorme basse qui rappelle Paul Raven ou les SWANS de début de carrière, pour intermède dansant, la surprise est délicieuse, et les jambes se tordent de plaisir.
A l’inverse, « Don't Need It » des BAD BRAINS nous ramène à l’époque de Leaders not Followers, et surtout, aux origines du Hardcore de DC. Brièveté, frappe dans la face, Core pur jus, pour un jeu de rôles très crédible. On prend son panard, d’autant que même la voix de Barney se travestit pour l’occasion.
Les originaux, en majorité ici, tiennent leur rang, et nous montrent le visage d’un groupe apaisé, en adéquation avec son histoire, et prêt à avancer une fois encore. Alors, tout y passe, les slices Grind, les écrasements Heavy, les tics Indus, les crises Crust, et une fois encore, les riffs pondus par Mitch sont top-notch et renvoient la concurrence dans les cordes des convenances les moins tolérables. « Man Bites Dogged » est aussi mordant qu’une mâchoire de mâtin qui en veut au facteur du voisin, « Slaver Through a Repeat Performance » joue les itérations de la période Diatribes (Ô époque bénie), profite des effets et de cette frappe hypnotique de Danny le métronome humain, avant de se barrer en vrille Crust/D-Beat.
« Resentment is Always Seismic (Dark Sky Burial Dirge) », concentré grave sur le DARK SKY BURIAL de Shane, nouveau projet déjà abordé en ces lignes, développe des arguments systémiques, les parties d’un tout formant le tout en gardant leurs propriétés individuelles. Superbe final pour un EP si conséquent que des dizaines d’écoutes sont nécessaires pour en appréhender la variété, et une fois encore, la preuve que NAPALM DEATH en mode mineur est un monstre que ses adversaires craignent toujours.
Ces vingt-neuf minutes en valant des centaines, et complètent admirablement bien les quarante-deux de Throes of Joy in the Jaws of Defeatism. Une fois mises bout à bout dans un jeu de piste excitant, une symphonie se dessine, tout comme le constat de la suprématie de NAPALM DEATH sur l’Xtreme. Failliront-ils un jour ?
Titres de l’album:
01. Narcissus
02. Resentment Always Simmers
03. By Proxy
04. People Pie (SLAB! Cover version)
05. Man Bites Dogged
06. Slaver Through a Repeat Performance
07. Don't Need It (BAD BRAINS cover version)
08. Resentment is Always Seismic (Dark Sky Burial Dirge)
Napalm Death, c'est l'éternel retour. En une demi-heure, même pas, ils font un large tour de toutes leurs influences pour offrir un nouveau cocktail empli de colère et bien plus créatif que la quasi-totalité du reste de la scène. C'est bien vu par la chronique, et ça force l'admiration. On passe par le Crust, l'Indus, la Soul (essayez et vous comprendrez), des riffs Punk ou Death... L'énergie qu'ils ont encore à leur âge et après tout ce qu'ils ont donné est exceptionnelle. Je ne me lasse pas de cet entremets. En plus il revient au son légèrement plus crade qu'ils avaient dans la première décennie du siècle, ce qui ne me déplaît pas.
"Suprématie de NAPALM DEATH sur l’Xtreme"
Tu m'étonnes John !!!
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09