La terre est donc à vendre ? J’aurais tendance à dire que les éventuels acquéreurs ne feront pas une bonne affaire, puisque notre pauvre planète est bradée depuis des années par les industriels, complexes pharmaceutiques, exploitations pétrolières et autres exercices de style des démiurges du bénéfice augmenté…Sans même parler de certains gouvernements qui clairement, font passer leurs propres intérêts financiers avant l’avenir de leurs enfants…Mais c’est justement pour souligner cet état de fait que les italiens de EARTH FOR SALE ont choisi ce patronyme, et reconnaissons-leur une conscience humaine et sociale assez dans l’air du temps. Ce qui l’est moins par contre, ce sont leurs choix musicaux, assez en porte-à-faux et ambivalents, qui risquent de leur aliéner une bonne partie des fans de Rock du monde entier. Non que leur style rebute, ou que leurs compositions manquent leur but, mais en optant pour une convergence entre plusieurs genres, les amis transalpins n’ont pas choisi la voie la plus simple pour se vendre…Alors, après écoute de l’album en question, serez-vous tenté d’appuyer sur la touche Reset de votre lecteur ? Sans vouloir m’engager et parler pour vous, je suis certain du contraire, puisque ce premier album fait preuve d’une incroyable sincérité, d’une touchante naïveté, mais aussi d’un professionnalisme à toute épreuve, et d’une indéniable fraîcheur qui en font l’une des sorties les plus intéressantes de ce mois de mai agonisant sous les dernières trombes d’eau.
En parlant de trombes, les informations concernant ce combo de Milan ne tomberont pas comme le proverbial déluge. Je pourrai tout au plus vous dire qu’il s’est formé en 2014, que Reset est donc son premier LP, et qu’il évolue en structure quintette (Sivla Reale - chant, Marco Vecchio - guitares, Stefano “Steff” Brusa - claviers, Stefano Cavalloni - basse et Fabio Mas - batterie). Niveau influences, pas grand-chose à déclarer non plus, les italiens préférant la globalité évasive du melting-pot géant couvrant un spectre allant de la Pop musclée au Rock trapu et moderne, en passant par la World, s’arrogeant le droit d’utiliser une instrumentation ouverte, à base de guitares classiques, d’accordéon, de Thérémine, et d’orchestrations synthétiques. En partant de ce principe, qu’attendre d’un disque qui ne dit pas grand-chose à son propos en amont, et qui risque d’attiser la curiosité tout autant que susciter l’indifférence ? Qu’il est plutôt bon, qu’il connaît quelques moments de faiblesse, et que certains de ses chapitres auraient gagné à être plus travaillés et moins anonymes. Nous nageons parfois à contre-courant d’une Pop-Rock boostée aux guitares aiguisées, et si l’ensemble tend parfois vers un AOR de grande qualité (« One Light Year », qui rappelle un peu Pat Benatar ou Alannah Myles), certains intermèdes laissent à penser qu’une trop grande tendresse ne joue pas en faveur des musiciens impliqués (« Psyco Love », un peu trop passe-partout et pas forcément très dynamique comme power-ballad)…Nonobstant ces quelques remarques mineures qui ont toutefois le mérite de tempérer les débats, admettons quand même que les milanais ont bossé leur copie, et surtout, que Reset est suffisamment varié pour offrir un petit quelque chose à tout le monde.
Outre des capacités individuelles notables, cet effort introductif peut aussi s’appuyer sur une production clean, quoique légèrement trop par moments. Ainsi, le très bon « Tango », plus Dalbello que FLEETWOOD MAC avec ses accents acoustiques flagrants, aurait grandement pu s’en sortir plus sauvagement en étant épaulé par un son un peu plus âpre et nuancé. Mais on note dans ces moments-là que le quintette est capable de nous prendre à contre-pied et de nous faire valser entre des plans Rock et des couplets plus veloutés, ce qui laisse augurer d’une suite peut-être plus ambitieuse. Nous n’en sommes pas encore là, et en tant que somme de travail couronnant quatre ans d’existence, les onze titres déroulent divers tapis rouges, jouant parfois la carte de l’intimisme pour mieux nous enflammer au détour d’un refrain vraiment passionné (« Guinever »). La voix de Sivla Reale, un peu linéaire sur ses impulsions les plus Rock montre au contraire toute son étendue dans les moments plus posés, et chacun d‘apprécier le timbre d’une vocaliste qui maîtrise déjà parfaitement son sujet. Et que les conditions soient souples et légèrement Funky sur les bords (« Reset », superbe ligne de basse louvoyante à la Stevie Wonder), ou plus symptomatiques d’un Rock adulte des 80’s qui pourrait chercher et trouver son chemin dans les charts (« Wild Is My Heart », un single potentiel qui pourrait faire trembler le marché japonais, pour peu que le label local s’y prenne bien), le background est solide, mais largement assez modulable pour se sentir à l’aise. Il est bien évident que des morceaux comme « Life » donneront l’impression aux fans du HEART des nineties que leurs idoles n’ont jamais cessé d’influencer leurs contemporains, mais avec des digressions comme « Alive », les EARTH FOR SALE sont assurés de capter l’attention des adorateurs d’un Rock subtilement ciselé, dans une adaptation d’un TOTO en prise aux affres d’une Pop-Rock méchamment peaufinée.
Et si l’originalité est souvent sacrifiée au profit de l’efficacité, il serait d’une extrême mauvaise foi de faire la fine bouche, d’autant plus que les mélodies des italiens sont toujours pertinentes, à défaut d’être surprenantes. Les structures sont logiques et prévisibles, mais difficile de tourner le dos à des réussites comme « Amnesia (Days Steal By) », ou au final emphatique « The Night When You Love Me », sur lequel Sivla donne tout ce qu’elle peut. Ajoutez à ça un son de guitare aussi clair qu’une source de montagne, une basse ronde et caressante, et des claviers en appoint qui ne s’imposent jamais, et vous obtenez un bel équilibre des forces en présence, qui assure à Reset une écoute tout confort. Les plus acharnés et furieux d’entre vous auront bien du mal à s’identifier à un LP qui s’affilie plus à un Rock sophistiqué qu’à un Hard-Rock léché, mais les plus sensibles et les plus ouverts découvriront en Reset une promesse qui tient les siennes, et un nouveau groupe qui gagne à être connu et reconnu. Pas sûr qu’à son écoute les industriels et chefs d’état changent leur compte en banque de paradis fiscal et prennent conscience de l’urgence de la situation, mais la musique adoucissant les mœurs, celle des EARTH FOR SALE aura peut-être les arguments pour les faire réfléchir en toute quiétude.
Titres de l’album:
01. Reset
02. Wild Is My Heart
03. Life
04. Psycho Love
05. Alive
06. One Light Year
07. Tango
08. Guinevere
09. Sky’s Fallin’ Down
10. Amnesia (Days Steal By)
11. The Night When You Love Me
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