Je n’y peux rien, mais quand je vois trois mecs encapuchonnés, et fardés comme des prêtres païens en pleine célébration, je pense plus à une pub d’Estée Lauder qu’à l’essence du mal absolu. Ayant déjà vu BEHEMOTH plusieurs fois sur scène, cet accoutrement ne m’a jamais impressionné, sauf lorsqu’il s’accompagne d’une musique qui vaut la peine d’être écoutée. Et justement, celle des parisiens de SANCTUARY est de celles qui méritent l’attention, et ce second LP promu par la célèbre boite nationale gérée par l’omniprésente Ellie va au-delà de ce simple gimmick conceptuel. Mais je l’admets, cette pochette intrigue avec ces trois moines bouddhistes en pleine séance de lévitation, encore plus lorsque vous glissez cette infernale galette dans votre lecteur. Né en 2006 en Île de France, SANCTUARY a mis du temps à se construire un répertoire, et c’est en 2016 que nous avons eu un aperçu de ses capacités, via un premier EP intitulé Beyond the Divine. Et ce sont deux années de plus qui furent nécessaires à l’élaboration d’un premier long, pourtant constitué de matériel composé avant ce premier EP. Le Choix du Mal révélait donc une option française complexe et riche, avec un Metal sombre en appelant aux origines même du BM le plus ample et quelque peu symphonique, et si Resilience s’abreuve peu ou prou à la même source, il fait preuve d’encore plus d’ouverture pour brouiller les frontières entre le Death, le Black, et l’extrême dans un sens plus général.
SANCTUARY dans les faits est souvent coincé dans la case Sympho Black par les sites préférant la facilité de classement. Mais le trio (Julien - batterie, Antoine - guitare/chant, et Sonny - basse) propose beaucoup plus qu’une énième digression sur le thème emphatique, et nous livre avec Resilience une partition très bien rodée. Si les influences sont évidentes d’un point de vue promo (BEHEMOTH, DIMMU BORGIR, IMMORTAL, OPETH, CARACH ANGREN et ANOREXIA NERVOSA), la réalité des faits est plus bien complexe et ne peut se résumer en une liste de groupes qui de toute façon ne sera pas exhaustive. Certes, de nombreux éléments rattachent le concept au Black Metal, cette rythmique incompressible, ce chant rauque et sentencieux, cette théâtralité de surface, et ces accélérations fulgurantes, certes, les quelques arrangements de piano peuvent aiguiller sur la piste de DIMMU BORGIR, mais je vois autre chose qu’un simple succédané français en écoutant ce second album, et la révélation d’une identité propre. Et en écoutant un morceau comme « Ghosts », on ne peut qu’être envouté par cette richesse instrumentale qui ose la guitare acoustique apaisée en intro, avant de tout écraser d’un plan terriblement Heavy quelques secondes plus tard. Le sens de l’emphase de SANCTUARY est manifeste et palpable, mais son intelligence de nuance aussi, et si sa musique garde cette empreinte sombre qui a fait sa trademark, les aérations mélodiques sont si nombreuses qu’on ne peut s’empêcher de penser à une forme de Néo-Folk noir comme la nuit, lorsqu’un break harmonique et fragile interrompt la débauche de violence.
Ces quelques notes de piano qui survolent un tapis de cordes acoustiques tombent pile au bon moment, et lorsque la basse ronde continue d’égrener la litanie du thème central, le voyage prend des airs de rite initiatique, destiné à convertir les masses au culte du trio. Beaucoup plus qu’un simple combo de Black anonyme, SANCTUARY utilise et détourne les codes du Metal extrême en général, sans jamais se tourner vers les facilités Post, et garde intacte sa férocité même lors des intermèdes les plus légers.
C’est ainsi qu’on reconnaît la patte des grands groupes, ceux qui n’hésitent pas à regarder plus loin que leurs influences, et qui capitalisent sur une production impeccable pour explorer les possibilités d’un son riche et ample. Bien sûr, certaines compositions jouent encore un peu le pilotage automatique, spécialement en début de métrage, mais plus l’album avance, plus les ficelles deviennent fines, et le groupe ose alors la richesse d’une instrumentation complexe et l’équilibre d’une technique affûtée pour citer le Thrash le plus sombre, le Death le plus dense, et nous offre un festival d’idées. On retrouve à divers niveaux ces choix d’arrangements délicats, souvent placés sur les intros pour instaurer une ambiance de confiance, et les musiciens dont le niveau technique est au-dessus de tout soupçon en profitent pour affuter leurs saccades et les mesurer au millimètre. Alors, on décolle vers des enfers personnels, et le visage le plus personnel du groupe devient une évidence. Nous sommes donc loin des classiques du Metal symphonique qui cache souvent une pauvreté créative derrière une débauche d’effets, et plus proche d’un Metal extrême solide et unique, qui n’utilise la brutalité outrancière que lorsqu’il en a besoin.
Très cohérent de bout en bout, Resilience nous ramène à l’époque de transition du Death Metal, lorsque les musiciens décidaient de nuancer la brutalité d’une couche de finesse technique. De là à leur accoler l’étiquette de Blackened Death Metal comme certains l’ont fait, il y a un grand pas que je ne franchirai pas, et une vulgarisation qui ne rend pas honneur aux efforts accompli par le trio. Mais je reste fan de cette acoustique ciselée qui intervient régulièrement, et qui permet de reprendre son souffle entre deux riffs morbides et un hurlement d’Antoine, acoustique un peu jazzy, un peu Néo-classique parfois, et qui sert de fil rouge jusqu’au terme de l’album. D’ailleurs, SANCTUARY choisit de clôturer le troisième épisode de sa saga dans un déluge orchestral qui laisse sur un sentiment de grandeur, avec ce riff répété à l’envi dans une atmosphère martiale. Un travail de fond qu’on loue, et un album qui s’apprécie dans sa diversité, et son envie de proposer autre chose que quelques plans faisandés sur des orchestrations de synthé en promo. Alors, encapuchonnés ou pas, les membres de SANCTUARY restent des musiciens accomplis, et des créateurs pour le moins audacieux.
Titres de l’album:
01. At the Gates of Dementia
02. Mental Battlefield
03. Ghosts
04. Rise of the Unpossessed Self
05. From the Dephts
06. I, the Resilient
07. Where the Man Shines
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