20 SECONDS FALLING MAN, c’est un univers à part où la violence côtoie l’apaisement dans des morceaux aux structures riches et complexes.
Une accroche comme une autre, mais qui dans le cas d’un groupe de Post-Hardcore convient à quatre-vingt-dix-neuf pour cent des groupes en activité. Puisque la base même du Post-Hardcore est justement cette collision permanente entre mélodies et puissance, entre divagations éthérées et réalisme rythmique. Pas de quoi fouetter un chat donc au moment d’aborder le deuxième album des nantais, trois ans après l’introductif Void qui avait bien secoué la scène Core française.
Resilience, comme son nom l’indique, se base sur une expérience passée pour avancer. Se sert de cicatrices mal refermées pour évoquer une guérison complexe. Et décrit un monde atroce qu’on est tenté de défendre bec et ongles jusqu’à ce que mort s’ensuive. Des leçons apprises, des méthodes engagées, et une certaine obstination à combattre le mal par le mal, le silence par les cris, et l’ignorance par la connaissance. Et le groupe nantais nous offre avec cette longue déclaration un point de vue classique, mais convaincant.
Du Post Hardcore dans les règles de l’art, ni plus ni moins.
On retrouve donc HYPNO5E, TENGIL, ALCEST et beaucoup d’autres, le songbook étant construit autour de figures paternelles incontournables. Enregistré et mixé par Christophe Hogommat (DUST LOVERS, MAD FOXES), masterisé par Thibaut Chaumont au Deviant Lab (CARPENTER BRUT, HYPNO5E, BIRDS IN ROW), et agrémenté d’un artwork peaufiné du pinceau de ce cher Jeff Grimal, Resilience est donc un sérieux candidat sur le ring de cette formule ambivalente, entre Alternatif, Hardcore, Metal, Sludge, et tout ce que vous voudrez bien y mettre.
Immédiatement l’épaisseur du son prend à la gorge. Les guitares sont tristes comme un disquaire rangeant Pornography de CURE dans ses rayons, la rythmique pulse comme un poumon artificiel branché sur un tuberculeux en phase terminale, et le chant s’efface dans le mix comme pour excuser ses textes mélancoliques, tragiques, ou revendicateurs. Le tout est agencé de façon à prendre un bloc en plein visage, tout en pouvant admirer les ornementations de très près. Souvent à la limite d’un Sludge nauséeux ou d’un Doom parasite, 20 SECONDS FALLING MAN fait durer la chute, et nous brosse un tableau pas vraiment réjouissant d’une réalité de plus en plus cauchemardesque.
Malgré ses trente-sept minutes, cet album passe très vite. Vite comme un nuage noir poussé par le vent, vite comme une existence qui coule entre les doigts comme le sable d’un désert d’émotions. Il laisse au contraire une impression très durable, à la manière d’un NEUROSIS plus apaisé et nuancé. Des nineties revues et corrigées pour que le nouveau siècle en comprenne de nouveau le langage, et un cheminement logique bâti en crescendo qui nous envoie haut, très haut, pour mieux nous faire chuter de notre tour de Babel blasphématoire.
Aussi violent qu’il n’est contemplatif, Resilience est surtout très humain et très sensible, même si ses pics de puissance pourront effrayer les fans de Post les plus modérés. Ainsi, « Our Life is Now » repousse les limites de la distorsion, alors que le chant s’égosille dans le vide d’un écho qui ne vous répond pas. Ou qui ne vous répond plus. Mais le résultat est le même.
Prônant des valeurs classiques, 20 SECONDS FALLING MAN utilise le son clair à son plein régime, qu’il laisse percuter la vapeur sortant d’un ampli qui fume en surrégime. « In the Gloom », ouverture franche, se pose en parfait contrepoint de « New Moon », épilogue contemplatif à la puissance au moins équivalente aux regrets d’un homme arrivé au tournant de sa vie. Tous ces sentiments sont purs, connus de tous, et le travail accompli par les nantais reste traditionnel, et dans une moyenne haute d’inspiration formelle.
C’est ainsi que le voyage promet quelque secousses, quelques vagues tranchantes, et un roulis qui peut donner le tournis. Mais l’un dans l’autre, et quelle que soit l’issue, l’homme finira par chuter du piédestal de prétention duquel il croit encore dominer le monde, alors que c’est justement le monde qui l’observe dans toute sa petitesse.
Le réalisme à son prix, et vous n’avez pas besoin de calculer la vitesse de chute d’un corps pour savoir qu’il va s’écraser quelques étages plus bas, et y laisser ses cervicales et sa colonne vertébrale. Un suicide à l’heure de pointe attire beaucoup de badauds.
Mais ça reste un suicide.
Titres de l’album:
01. In the Gloom
02. Resilience
03. Shadow of the Past
04. Crossroads
05. Fear of the Unknown
06. Our Life is Now
07. New Moon
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