Après un rapide coup d’œil à l’objet en question, mon expérience m’aiguillait vers une énième sortie Death anonyme perdue dans le flot de la production. Et puis, en y regardant de plus près, j’ai décelé des indices menant sur une autre piste. Le logo, le graphisme futuriste de la pochette, la police du titre, tout semblait renvoyer à une époque que je chéris plus que d’autres, celle de l’éveil du Techno Thrash/Death de la fin des années 80/orée des années 90. Les NOCTURNUS, ATHEIST, PESTILENCE, CYNIC, et en louchant sur la rubrique « Similar artists » de The Metal Archives, je me rendais compte que j’avais entièrement raison. En citant DEATH, deux des influences susnommées, mais aussi VEKTOR et HAVOK pour les plus récents, ce site référentiel validait mes impressions, et l’écoute des premiers morceaux suffisait à entériner mon sentiment. HEMOTOXIN appartient donc bien à cette caste de groupes nostalgiques d’une percée technique ancienne, qui permit à de nombreux ensembles de faire valoir leur droit à la différence et à la sophistication. Mais bien qu’étroitement lié à cette vague, ce trio américain n’en est pas pour autant un simple clone malhabile recyclant de vieilles recettes ; il possède son identité propre, et son énergie caractéristique. Fondé en 2010 en tant que projet solo par Michael Chavez, guitariste/chanteur, HEMOTOXIN a vu défiler bon nombre de musiciens en son sein, passant de trio à quatuor à trio, avant de se stabiliser plus ou moins en tant qu’hydre à trois têtes. Aujourd’hui, en 2020, on retrouve toujours Michael aux commandes, secondé par le batteur Brandon Wilcox, membre depuis 2011 et le bassiste Shane Hunt-Dussé, à bord depuis 2018. Et si l’on en croit les paroles du leader, Restructure the Molded Mind serait l’album le plus Heavy de la formation, une véritable déclaration d’intention n’ayant qu’un seul but : mettre l’auditeur à genoux.
Et avec une musique pareille, il n’y a aucun doute à avoir sur les répercussions de l’œuvre en question. Suivant deux autres longue-durée, Between Forever... and the End en 2013 et Biological Enslavement en 2016, bénéficiant tous deux d’un feedback très favorable, Restructure the Molded Mind risque de trouver un écho très fort dans le cœur des fans d’un Death progressif et technique aux légères touches de Thrash, optique emblématique du tournant des deux décennies évoquées plus en amont. On pense évidemment à l’héritage de tous les groupes déjà énoncés, mais surtout, à une version très fidèle et retranscrite du DEATH le plus technique de fin de carrière, dans une traduction beaucoup plus bestiale et violente. Il n’est d’ailleurs pas interdit d’évoquer un possible mélange entre DEATH et SADUS, entre le ATHEIST de Piece of Time et le PESTILENCE de Testimony, tant les morceaux mélangent avec bonheur technique poussée et brutalité maîtrisée. Une fois les éléments mis en place sur l’introductif « Nihilistic Principle », le fan éventuel comprend que l’obsession majeure du groupe reste de bousculer les tympans en les confrontant à une multitude de plans, qui s’entrechoquent à vitesse grand V, sans perdre le fil conducteur de l’inspiration. En bon leader, Michael Chavez met évidemment en avant ce qui fait un grand album de Death/Thrash aux prétentions artistiques : le riff. Cet art ancien retrouve ici ses lettres de noblesse, celles que Chuck lui a conférées en transformant sa créature hideuse en monstre de précision, mais cet art est ici doublé d’une intention très claire : assommer les oreilles d’un pilonnage incessant de la rythmique, avec en exergue la frappe infatigable d’un batteur qui démultiplie les fills, breaks, accélérations, sans perdre le fil de sa trappe. C’est ainsi que l’ensemble donne une impression de chaos intense, avec parfois des passages plus limpides sur lesquels Michael se lâche en solo, donnant une démonstration de talent incroyable de feeling acide.
De là, tout s’enchaîne très vite, pour nous faire perdre tous nos repères. Les morceaux, incroyablement bien construits forment une fois assemblée une symphonie composée en l’honneur de la débauche sonore la plus débridée, et pourtant, l’album dégage un parfum de perfection dans la bestialité assez difficile à définir. Certains titres, encore plus denses que d’autres sont de véritables boucheries, à l’image de « Corrupted Flesh » qui prend un malin plaisir à multiplier les passages en double, soulignés de riffs démoniaques que le grand MORBID ANGEL aurait pu coucher sur partition damnée. Mais parfois, le trio gagne en simplicité et en franchise, lorsqu’il se lâche sur des parties plus Thrash, à l’occasion de « Automation » qui évoque avec acuité ce moment T où le Thrash a commencé sa mutation vers un Death plus élaboré que la moyenne. En choisissant de rester concis dans le temps, et en ne se perdant jamais dans des digressions de plus de six ou sept minutes, HEMOTOXIN se montre efficace et puissant de bout, nous ménageant des instants de démence pure (« Restructure The Molded Mind »), et évoquant parfois les mythiques RIPPING CORPSE. Ne refusant pas la délicatesse d’une transition mélodique (« Self Realisation Through The Sub-Conscious »), pour mieux nous lacérer d’une reprise encore plus tranchante (« The Alchemist »), Restructure the Molded Mind remodèle notre pensée pour la préparer à un trip nostalgique mais pas trop, stimulant les zones de notre mémoire les plus réceptives aux stimuli des années 90, pour mieux imposer quelques tirades plus ambitieuses, mais pas moins dantesques dans la puissance (« Postwar Civilization », orgiaque, et au chant très Schuldiner).
Sans vraiment inclure de données très personnelles dans son travail, mais en adaptant d’anciennes méthodes pour se les approprier, le groupe de Pittsburg réalise donc une opération séduction/destruction tout à fait probante, malgré le handicap certain d’une production légèrement déficiente. La basse, qui tente des circonvolutions intéressantes est souvent enterrée dans le mix d’un magma compact, et la batterie souffre aussi d’un manque de dynamique. La grosse caisse sonnant incroyablement clinique, alors que les cymbales se perdent dans les fréquences. Mais ce handicap, loin de nuire, confère à l’album une aura presque mystique, et achève de le transformer en troisième étape cruciale franchie avec un brio indéniable. De fait, HEMOTOXIN confirme qu’il est vraiment le meilleur dans sa catégorie, et replace les débats sur le terrain de l’ambition efficiente, et pas juste démonstrative.
Titres de l’album :
01.Nihilistic Principle
02.Acrimony
03.Legions Of Alienation
04.Unreality
05.Execution
06.Corrupted Flesh
07.Automation
08.Restructure The Molded Mind
09.Self Realisation Through The Sub-Conscious
10.The Alchemist
11.Incessant Existence
12.Postwar Civilization
13.After Forever
Voilà qui donne envie de découvrir la chose. Merci pou ce papier
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