Fer de lance de la scène extrême hellène dans les années 80, FLAMES a, à l’instar de LAAZ ROCKIT, PANTERA, ou LIVING DEATH connu un parcours de durcissement, passant d’un Heavy Speed assez générique à un Thrash Death nettement plus redoutable. Si Made in Hell (1985) et Merciless Slaughter (1986) avaient dû attirer un public grec avide de sensations plus ou moins fortes, c’est surtout Summon the Dead qui avait braqué la poursuite sur le groupe on stage, sa musique se durcissant nettement et ses ambitions aussi. Ainsi, le diptyque charmant Summon the Dead/Last Prophecy (disponibles ensemble sur une réédition signée Unisound Records) reste la pierre angulaire de la carrière de ce quatuor de teigneux, qui après deux LPs estampillés nineties s’est muré dans un silence que l’on pensait définitif…à tort.
Il faut dire que nous étions sans nouvelles de ces brutes depuis l’album d’au-revoir In Agony Rise, publié en 1996. Vingt-six ans d’absence sont une longue peine pour des fans énamourés, et quelle ne fut justement pas leur surprise lorsque le groupe annonça son retour via la maison de disques la plus respectable de Grèce, No Remorse Records, qui entre deux rééditions soutiennent la scène Thrash de toutes leurs forces. C’est ainsi que nous avons le plaisir de retrouver le groupe, en grande forme, et prêt à en découdre avec les têtes de gondole Thrash qui occupent toujours les avant-postes…et pas forcément de façon justifiée.
Le groupe revient donc sous la forme d’un line-up reformaté, avec en leaders Andy Kirk (basse) et Chris "R.B. Lee" Kirk (guitare/chœurs), les deux frangins indéboulonnables, accompagnés par le chanteur Thomas Trampouras qui aura fait quelques allers retours dans le groupe par tranches de deux ou trois années, et soutenus par le batteur Nick "Yngve" Samios au CV aussi impressionnant que celui de Dave Lombardo.
De l’extrême ? Mais certainement, et ainsi remotivées, les troupes foncent dans le tas avec ce fameux mélange de Thrash et de Death, poussé ici à son paroxysme de violence. Le souvenir de la manchette Summon the Dead/Last Prophecy est encore très fort dans les esprits, et il est certain que FLAMES a essayé de retrouver sa majesté d’antan, obtenue au prix d’un virage stylistique au cordeau. Exit donc le Speed poli des premières années, et bonjour le Thrash bestial et chirurgical qui a fait la réputation du groupe à la fin des années 80. Pour autant, ce Resurgence se montre-t-il à la hauteur des espérances ? La réponse est claire, nette et sans discussion possible : oui, et même plus que ça.
FLAMES revient sur le devant de la scène plus rageur que jamais, foulant toutes les frontières sans s’excuser de son pas de danse, pour dérouler le tapis rouge sang d’un Thrash à la DESTRUCTION passé à la moulinette et régurgité façon steak haché de boucher, cinq pour cent de matière grasse et une qualité indiscutable.
Les tubes Thrash ne manquent donc pas sur ce septième album qui presque immédiatement, s’impose comme l’une des plus grandes réussites des grecs. On retrouve les sensations éprouvées à la fin des eighties, lorsque les Athéniens (depuis relocalisés en Allemagne) avaient dégainé leur méchanceté pour tenter de faire trembler la suprématie américaine et germaine. Toujours aussi méchants et l’écume aux lèvres, les grecs nous offrent la mise en jambes la plus compétitive du marché avec « Resurgence », tube de comeback incroyable d’énergie, en mode centrale nucléaire en surchauffe. On pense alors à un effort purement Thrash classique, homogène set délicatement nostalgique, mais les musiciens ayant plus d’un tour dans leur sac, le déroulé de ce retour reste beaucoup moins prévisible que prévu.
Car dès « Crawl Beyond », les choses se gâtent, l’orage avance, et les blasts se font une place dans la brutalité ambiante, histoire de montrer que la rigolade n’est pas à l’ordre du jour. Soudés comme jamais, les FLAMES l’entretiennent justement, et nous livrent des compositions méchamment efficaces, au moins autant que les classiques d’il y a plus de trente ans. Alternant finesse en mid et destruction globale en fast (« Rotten Life », ça fait mal à l’estomac mais un pain vaut mieux que deux tu l’auras baguettes), FLAMES joue la carte de l’affrontement entre brutalité excessive et séduction catchy, le meilleur choix possible, qui transforme cet album de re-bonjour en fête mondiale de la claque dans la tronche avec excuses dissimulées sous des couches épaisses de riffs tendus.
Si à l’époque, le quatuor évoluait dans une seconde division européenne modeste, il a les armes aujourd’hui pour défier tous les cadors de la nostalgie, appuyant sur le fait qu’il était là avant tous les autres. Ceci ne suffit pas bien sûr, mais en savourant le redondant « The Crib », en dégustant le mortel « Shell Shocked (Western Front) », on comprend que les exilés n’ont pas cherché à tergiverser, signant sans doute les meilleurs morceaux de leur carrière. Entre EXUMER, DESTRUCTION et KREATOR, FLAMES s’est bien acclimaté à son pays d’adoption sans renier ses racines, et signe là une œuvre qui se place en peloton de tête d’une carrière erratique.
Un album qui fait du bien, qui défoule, mais qui reste intelligent lorsqu’il le faut. Comme diraient les BANGLES, « An eternal flame ».
Titres de l’album :
01. Keeper of the Burning Flame
02. Resurgence
03. Crawl Beyond
04. Rotten Life
05. Murder Taste
06. War in Mind
07. The Crib
08. Mercy Denied
09. Shell Shocked (Western Front)
10. Yourself Unknown
11. H8red
12. Legend III (The Final War)
Sympa, en effet, au vu des titres écoutés, ça s'est clairement germanisé, avec du Necronomicon (et donc du Destruction) inside. Merci pour le papier.
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