Resurrection
Galvanism
22/10/2024
Autoproduction
On ne va pas se mentir, quand on écoute un album de Death, et à fortiori un album de Death brutal, ça n’est pas pour s’ébaubir d’un solfège maîtrisé à l’extrême ou pour se pâmer devant des textes fouillés et circonstanciés. Non, tout ce qu’on cherche, c’est à s’éclater la tête sur des rythmiques en chien de fusil, à s’enivrer d’un chant grognon et qui ne sent pas bon, et se faire laminer la chair de riffs éclair qui passent comme dans un cauchemar. Sous cet aspect-là des choses, les colombiens de GALVANISM nous galvanisent de leur méchanceté musicale, s’en tenant à des principes autrefois établis par CANNIBAL CORPSE, SUFFOCATION, et dans une moindre mesure - plus récente - BENIGHTED.
Eloignez-vous âmes sensibles, le troupeau de pourceaux revient, et il ronfle comme un pingouin. Ce quatuor de Bogota ne va pas s’incruster dans le who’s who des dealers de drogue bestiale, mais ils n’en possèdent pas moins des qualités évidentes. Avec cette pochette très cocasse et ces morceaux qui fracassent, la bande pose les bases de sa philosophie, et livre un premier album impeccable dans la boucherie.
Juan Martínez (basse), Jesús Suárez (guitare), Johnny Villalba (chant) et Nelson Duque (batterie) s’y entendent comme personne pour foncer tête baissée dans le pylône, et se prendre une bonne décharge de triphasé qu’ils ont la générosité de partager. Fondée en 2019, cette entité maléfique a donc pris son temps avant de gaspiller le nôtre, et livre une prestation haute en couleurs. On se prend d’affection pour cette vilénie artistique classique mais crédible, entre cette guitare qui s’envole en solo et qui ratisse en gros morceaux, cette basse ludique qui connaît ses gammes et ces petites finesses techniques qui parsèment le programme.
Production parfaite, vitesse déraisonnable, nouveau batteur blastophile, le bilan est lourd, et le son aussi. Gravissime comme tout effort Brutal Death se doit de l’être, mais aussi terriblement précis, Resurrection n’en est pas vraiment une, et plutôt une naissance annoncée avec force « grouik, grouik » et de nombreux « bruuuuuuuuuh ». La folie est donc patente, la technique sous-jacente, mais le résultat excellent.
Ne pas vous aiguiller vers un titre précis ne sera pas preuve de fainéantise de ma part, puisque tous se ressemblent et incarnent un point d’entrée très valable. Chacun dosera sa résistance selon son seuil critique, mais cet exutoire reste fantastique, entre débauche organisée et partouze de démons lubrifiée. Le talent de Johnny Villalba en tant que frontman vraiment pas content éclate au grand jour, et son backing instrumental fait peur aux poules, et abuse des joules. Mais comme je le précisais plus haut, Resurrection a tout ce qu’il faut là où il faut, des courbes généreuses, une luxure de surface pour une plénitude des sens affolés par tant d’indécence.
Disponible sur YouTube dans son intégralité, ce premier album de moins d’une demi-heure se déguste sans y penser. Son goût est très relevé, parfois salement épicé (« The Experiment », et ses saccades qui font mal au bide), formel mais transcendé, grave mais nivelé, et les sensations sont multiples. De l’envie d’aiguiser ses couteaux jusqu’à torturer un pauvre clodo, tout y passe, et la raison trépasse. A la manière d’une trépanation artisanale avec chignole et alcool à 70, Resurrection est une jolie séance de torture pour masochistes auditifs sans limites. Et bien qu’intelligible de son entame à son terme, ce premier jet joue le jeu joyeux d’un Death junior juteux, mais déjà prêt à monter d’une division pour faire plus d’heureux.
Je vous laisse apprécier cette tranche de mort bien emballée, qui ne fuit pas sur les côtés. On s’en remet une couche, souillée, et on repart au combat la fleur au fusil. Et le regard qui sent déjà le roussi.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Hall of Terror
03. Digging Up Corpses
04. Sleep Paralysis
05. Now You’re Just a Corpse
06. The Experiment
07. From Victomizer to Victim
08. The Shoemaker
09. Death, His Salvation
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