En général, les allemands savent de quoi ils parlent lorsqu’ils thrashent. Oui, finalement, on peut même dire qu’ils ont partiellement inventé le genre avec leur approche clous & bières, symptomatique des KREATOR DESTRUCTION, SODOM et tous leurs suiveurs avides de décibels et de rythmiques franches et rebelles. La vision US du genre était un poil plus sophistiquée et lissée, mais la tradition ayant toujours du bon, les petits-enfants du Thrash boom de 83/84 ont tiré les leçons du passé, et les ont même enrichies de quelques enseignements encore plus brutaux, en flirtant avec le Death histoire d’avoir l’air plus costaud. C’est ainsi qu’en cette fin d’après-midi je vous introduis à la délicatesse des MADBRAIN, qui effectivement ont dû être bercés trop près du mur pour faire un boucan pareil, et pour aborder l’extrême avec une telle paillardise assumée. Mal peigné, mal habillé, l’air renfrogné, ce quintette (Robin – chant, Stefan – guitare/chœurs, Sebastian – guitare, Stephan – basse et Lappen – batterie) reste éminemment sympathique, même si sa musique ne propose rien de réellement novateur pour la matrice, se contentant de rester dans des balises d’outrance déjà repoussées à maintes et maintes reprises. Mais leur bonne humeur et leur dilution Thrash dans un grand tonneau d’acide Death se laisse écouter sans vraiment lasser, bénéficiant d’une brièveté l’empêchant de franchir les frontières de la politesse et de la bienséance. Nonobstant cette remarque somme toute assez sévère, Retribution reste une solide affaire de violence musicale qui sait mixer les influences avec flair, et les régurgiter sans serrer les dents pour garder les plus gros morceaux.
Formé en 2003, le combo n’a donc pas fait ses crocs avant-hier, mais a quand même dû patienter quelques années avant de pouvoir enregistrer son premier longue-durée. A leur actif cependant, deux démos, Shadow of The Beast en 2006 et Tortured Soul en 2007, et même un EP en 2010, Failed Resist, qui finalement constituent une trame solide pour aborder cette première expérience en album bien tassé, disponible en dématérialisé sur les plateformes concernées, mais aussi dans une belle édition CD. Alors, pourquoi se gêner ? A moins d’être un cul-béni ou un adepte des frisottes techniques en furie, difficile de ne pas succomber à l’orgie à laquelle ces cousins germains nous convient, qui si elle ne dévie pas d’une agression systématique sait quand même stimuler nos chevelures et nos zygomatiques. Pour être honnête, on pourrait affirmer que tout est dit sur cette magnifique pochette, qui reproduit façon BD une scène de mise en terre, sans vraiment savoir celui qu’on enterre. Le capitalisme ? L’ennemi des bruitistes ? Le réfractaire à la cause Thrash ou le judas de la foi Death ? Un peu tout ça à la fois, et autant dire que la cérémonie est menée guitares en main, qui saccadent, tailladent, et charclent dans tous les sens pour un festival de riffs qui nous mettent en transe. Voici donc le point fort de ce combo qui évoque autant le TANKARD le plus rigolard qu’un AT THE GATES en traquenard, et qui fait la jonction entre Thrash de souillon et Death tout sauf brouillon. Pour un peu, et si le chant goguenard mais un peu trop standard de Robin ne vous agace pas trop les pavillons, on s’y croirait, et on pencherait pour une absolution.
Pas forcément indispensable dans le paysage de l’extrême mondial, ce premier LP fait pourtant montre de qualités remarquées, notamment au niveau de l’interprétation, très précise et carrée, qui permet de fermer les yeux sur des itérations un peu trop prononcées. Voilà donc le talon d’Achille de cette promotion, ces idées qui traînent de morceau en morceau, et qui abusent des mêmes thématiques, certes ludiques, mais redondantes une fois le quart d’heure passé. En étant très critique, on pourrait affirmer que tout ou presque est dit dès « Zombi Bukakke », et son bon goût incontesté, qui après une courte intro nous gicle dans le sillage d’un Thrash très renforcé, aux cris de morts-vivants assez bien amenés. Difficile de ne pas penser à une version en série B des RIGOR MORTIS, pour ce son de duo basse/batterie à l’écho profond, et pour cette propension à envenimer les débats à la moindre occasion. Mais le quintette sait aussi faire plus ambitieux, et le démontre lors des six minutes du long « MadBrain », qui finit par peiner de ne plus savoir qui va le porter, et qui trahit les limites de créativité d’un groupe pas encore très sûr de son fait. Heureusement, les titres les plus courts rattrapent la donne, et nous en donnent, comme cet infernal « Retribution », qui thrashe à mort, et qui vocalise Death de stentor. Quelques chœurs démoniaques, une guitare qui tronçonne sans arnaque, et l’affaire est emballée et pesée, avec même un petit peu de rab’ au fond du sac.
Mais impossible de passer outre l’allégeance revendiquée, spécialement en tendant ce qui nous reste de tympans sur un hymne de la trempe de « Thrash Massacre », qui tient toutes les promesses de son titre d’une attaque de dément, et qui se porte en point d’orgue d’un album qui aurait gagné à être plus aéré. A la rigueur, cette petite touche Death pas forcément désagréable au prime abord, se révèle retord, et plombe le jeu des allemands, alors même que leur Thrash est vraiment convaincant. Dans les moments les plus rapides, les cinq musiciens sont limpides, alors même que les segments les plus lourds et violents ne sont pas les plus avenants. Non qu’ils aient le cul entre deux chaises, mais celles musicales qui les font suivre la valse des cadors du Thrash est beaucoup plus probante, et lorsque le tempo grimpe dans les tours, les morceaux ne font aucun détour, et frappent fort dès les premières mesures. Dommage donc qu’ils insistent sur la méchanceté d’un Death trop réchauffé, et conseillons-leur de se focaliser sur leurs qualités. En tant que Thrasheurs, les MADBRAIN font notre bonheur, et il est inutile d’enfoncer un peu plus le clou dans le cercueil de la brutalité si c’est pour manquer son coup et s’en coller un sur les doigts à se faire saigner. La saignée justement, n’est pas totale, et le massacre est évité d’une marge confortable, tant ce premier album n’est pas le bain de sang promis, mais plutôt une mise en garde pas assez fournie.
Mais gageons que l’avenir me donnera raison (en tout cas je l’espère), et que ce Retribution ne sera qu’un premier pas sur le chemin d’une longue carrière, que je leur souhaite. Faire des dégâts, OK, mais le faire avec style, c’est recommandé.
Titres de l'album:
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