La période est rude, mais paradoxale. Alors que l’Europe s’excite en suivant des sportifs pousser un ballon, la France s’entredéchire entre front populaire et extrême-droite. Ceux qui n’aiment pas le foot raillent les supporters qu’ils jugent décérébrés et inconscients des enjeux, les gauchistes fracassent les fascistes qui le leur rendent bien. C’est à celui qui sera le plus virulent, et celui qui sera capable de faire oublier quelques instants ce marasme pesant. Entre temps, partout dans le monde, la chose inquiète. Enfin, surtout en Europe, il faut l’admettre, même si les Etats-Unis se sentent concernés et que la Russie de Poutine se frotte les mains. Tout comme le font les grands patrons des médias qui depuis des mois nous bassinent avec leur poulain et « le grand remplacement ».
Alors, que reste-t-il à faire de raisonnable ? Choisir le bon camp, et ne pas oublier de s’amuser tant qu’on le peut encore. En écoutant le premier album des colombiens de MAD THRONG par exemple. Sorti en tirage confidentiel sur un label national, Retribution Is At Hand incarne une certaine vision passéiste de la violence californienne, et une digression intéressante sur la seconde division brutale des années 80.
Ce jeune quatuor (Oscar "Thrashattack" - basse/chœurs, Cesar "Octopus" - batterie, "Mad" Daniel - guitare/chant et Jason Ardila - guitare) semble avoir été traumatisé par les première et seconde vagues Thrash américaines, et pioche sans vergogne dans les coffres à bijoux pour embellir le cou de SLAYER tout en prenant soin des poignets de VIO-LENCE et RECIPIENTS OF DEATH.
Vous l’aurez compris, le boucan organisé proposé par ces huns est orienté sur l’efficacité et la bestialité. Mais à contrario de leurs frères d’armes d’Amérique du sud, ces quatre pingouins s’y entendent comme personne pour arrondir les angles avec quelques mélodies bien choisies, évitant ainsi l’écueil d’un Black Thrash certes plaisant, mais terriblement prévisible.
Le message est donc clair, et relativement bien exprimé par cette pochette aux traits tonitruants. Cet axeman qui débarque dans un bureau avec sa B.C Rich, secondé par une paire d’enceintes à grosses bouches est sans doute le sauveur qui va nous libérer du joug de l’éducation forcée ou de l’administration damnée, substituant aux formulaires une formule Hair, et aux copies d’examen des coups pile dans les reins. Pardonnez ces jeux de mots lamentables, mais l’euphorie m’étreint, et la violence des colombiens me sied. A merveille même, puisque j’y ai retrouvé l’essence même de l’underground Thrash de la fin des années 80, lorsque les américains lâchaient leurs derniers mastodontes pendant que les allemands s’abandonnaient à la technique progressive.
Mais la musique de MAD THRONG n’est ni aussi complexe, ni aussi ambitieuse. Non, le Metal des lascars est franc, massif, mais aussi terriblement saccadé, et entraînant comme une toupie possédée. Si les riffs sont évidemment d’un classicisme inévitable, si la rythmique pilonne avec intelligence et à bonne cadence, c’est surtout l’ambiance qui prend aux nouilles et qui les fait tourner comme des glands. Modérément agressif, mais très épais et carré, Retribution Is At Hand tire son épingle du jeu par un habile passement de jambes au moment opportun, marquant des points sur les breaks en solo et les accélérations fumeuses d’une paire de guitaristes aventureux. Avec dans les cages, un batteur explosif qui n’est pas à une figure acrobatique près, l’équipe est donc compétitive, et le jeu séduisant.
Mais foin des comparaisons sportives, et concentrons-nous sur l’aspect rugueux de cette première expérience discographique. Un soupçon de SACRIFICE, des allusions à Kerry King et son ancienne bande, le tout généreusement arrosé d’un chant rauque et raclé typiquement sud-américain, pour un festival de savoir-faire qui trouve son acmé sur le terrifiant et mordant « Living the Dream ». Intelligemment placé en ligne médiane, ce titre qui réconcilie les fans de HOLY MOSES et les supporters de SACRILEGE nous punkise le Thrash tout en laissant une grosse basse Crossover s’exprimer librement.
Sans titre faible, sans ventre mou, Retribution Is At Hand profite d’une production parfaite (pour le style évidemment) pour porter des estocades fatales (« Pain by Desire »), et des attaques planifiées et très organisées. Ainsi, l’instrumental « Thrashmanship » redore le blason d’une vieille tradition Metal en se dispensant de chant pour se concentrer sur une osmose sacrée, à grand coup de syncopes meurtrières et de soli stellaires.
Du haut de gamme donc, mais surtout, une injonction à oublier ses soucis sur le paillasson. « Bang Your Fucking Heads » ne peut pas dispenser le message plus clairement, et la joie de se retrouver en 1989 chez un disquaire fourni est si réelle qu’on s’y croirait.
Du bon boulot, entre bestialité précise et brutalité qui incise, et de quoi oublier quelle période de merde nous vivons actuellement. Espérons que toute cette violence reste conscrite à des œuvres musicales et non consécutive à des élections remportées par les tortionnaires de la liberté.
Titres de l’album :
01. Crimson Eyes
02. The Hunting
03. Feel My Wrath
04. Outcast by Conviction
05. Living the Dream
06. Pain by Desire
07. Enslaved
08. Thrashmanship (instrumental)
09. Bang Your Fucking Heads
J'ai apprécié ce que j'ai écouté. Achat de l'album fait. A voir dans la durée.
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