Vous prenez une légende allemande en exil volontaire en Sardaigne, un gentleman anglais en tournée avec lui, vous les faites s’entendre comme larrons en foire, puis vous les mettez sur le chemin d’un russe et d’une poignée d’autres allemands, et vous obtenez un projet qui tient sur le papier, mais aussi sur partitions. En version très résumée, c’est peu ou prou l’histoire qui a mené à la création du projet PENDULUM OF FORTUNE, qui nous a offert en mars dernier un album de très haute volée. Plus précisément, PENDULUM OF FORTUNE est le bébé du batteur mythique Bodo Schopf, qui a agité ses baguettes au sein de combos et en compagnie d’artistes prestigieux, dont THE MICHAEL SCHENKER GROUP, Eric BURDON, Udo LINDENBERG et Jack BRUCE, mais surtout ELOY et SWEET, ce qui lui permet d’afficher un CV plus que fourni et une crédibilité indéniable. En 2012, Bodo taille la route avec David Readman (PINK CREAM 69, VOODOO CIRCLE), lui fait écouter quelques chansons, et le vocaliste s’empresse de s’imposer comme chanteur d’un éventuel side-project qui commence à prendre forme en dehors de l’imagination des deux hommes. Quelques recrutements plus tard, dont ceux du guitariste moscovite Vladimir Shevyakov, du vieux pote germain Franky R (RONNIE JAMES DIO, KINGDOM COME ou VANDEN PLAS), et Matze Ehrhardt (CRIME, mais aussi le tribute band THE JACK), et Searching For The God Inside le premier LP du groupe vit enfin le jour, permettant de mettre une musique sur le concept. La presse underground ou pas salua unanimement ce premier jet, empreint de classicisme 70’s adapté aux exigences du nouveau siècle, et les six compères aux résidences séparées purent alors envisager l’avenir sous un jour plus personnel et en adéquation avec leurs envies.
Et c’est donc très légitimement que Return To Eden, signé sur le label allemand El Puerto Records a pu voir le jour, histoire de confirmer toutes les bonnes impressions éprouvées à l’écoute de son prédécesseur, dont il reprend peu ou prou les mêmes recettes, en y ajoutant pas mal de mélodies catchy et de hits en puissance. Profitant de la cohésion apportée par les années, ce second effort ne ménage pas les siens pour prouver que PENDULUM OF FORTUNE est plus qu’un petit caprice ou qu’une banale récréation, et se pose en album d’une indéniable sincérité, qui ne cherche en rien à bousculer la hiérarchie mondiale, mais qui ose assurer une jonction entre les époques. Il est certain que le parcours hétéroclite de Bodo Schopf a grandement du contribuer à la versatilité d’une musique qui refuse de se fixer sur un style particulier, se sentant plus à l’aise dans un créneau généraliste Classic Rock que les musiciens défendent bec et ongles. Classic Rock, mais à tendance Hard, puisqu’avec des guitaristes de la trempe de Vladimir Shevykakov, Laki Ragazas et Matze Ehrhardt, la distorsion refuse de se laisser enfermer au placard de la douceur, et les morceaux atteignent souvent des pics d’intensité que les hard-rockeurs les plus agressifs sauront apprécier. Mais on ne joue pas au sein d’ELOY par hasard, et c’est donc sans surprise qu’on sent que les accointances progressives ne sont jamais loin, même si elles s’inscrivent plus en filigrane des compositions qu’en réelle volonté de démonstration. Non, ici, c’est l’efficacité qui prime, qu’elle serve l’émotion ou la colère, l’enthousiasme ou la nostalgie. C’est ainsi que Return To Eden offre un joli panaché de morceaux qui valsent entre douceur et virilité, offrant ainsi une complétude appréciable qui transforme l’ensemble en visite guidée des manies Rock de ces trente ou quarante dernières années. Le jeu de batterie du leader est toujours aussi fluide et solide, et c’est bien sûr la voix puissante et lyrique de David Readman qui retient l’attention, lui qui parvient toujours à transcender des harmonies simples de son timbre chaud et de son vibrato assuré. Mais la cohésion que dégagent les six musiciens est aussi flagrante que leur talent, et c’est particulièrement frappant sur des morceaux à l’intimisme sincère comme « Don’t Make a Fool out of Me ».
Intimisme, mais pas mièvrerie. Les arrangements et la précision d’interprétation font souvent penser à une version très simplifiée de RUSH, ou à une adaptation des standards Hard-Rock des seventies, lorsque les DEEP PURPLE, CACTUS et autres régnaient sur la scène mondiale (« Broken Universe »). Il est tout à fait raisonnable de voir en PENDULUM OF FORTUNE une fusion des capacités naturelles de Bodo Schopf et David Readman, un peu comme si PINK CREAM 69 et ELOY se proposaient une trêve de genre pour avancer ensemble, et c’est en tout cas ce que semble suggérer l’entame « Diamond in the Rough », au riffs acérés et au rythme enlevé, dans la plus grande tradition du « Ballroom Blitz » des SWEET, l’esprit festif en moins, mais la folie Rock en commun. Solide, ce second LP propose une redoutable variété de tempi et d’accroches mélodiques, permettant de distinguer chaque morceau du précédent sans avoir à tendre l’oreille pour en saisir les nuances, et « We Stand for Rock n’Roll » d’accentuer encore cette allégeance au Rock le plus sincère, au beat plombé, mais à l’ambiance légère comme une jam d’été. Sans tomber dans les travers d’un Blues Rock adulte mais rebattu, le sextet prend les choses avec fun, et donne beaucoup de plaisir, stimulant même sur ce morceau notre fibre artistique californienne, sans se départir de ses origines européennes. On sent très bien que les musiciens ne cherchent pas à prouver quoi que ce soit, et c’est sans doute pour ça qu’ils bifurquent acoustique dès le troisième morceau, pour nous offrir un tapis de velours « Lucky Man » aux cordes délicates et aux arrangements vocaux doux comme de la soie. Et cette dualité électricité/acoustique est présente sur tout l’album, comme si le groupe souhaitait appuyer sur l’ambivalence entre les sentiments les plus opposés, mais sans formaliser cette sensation en sombrant dans le sentimentalisme dégoulinant. Les titres les plus calmes sont des modèles de beauté en épure, et les voix prennent le relais de l’instrumentation, avant que celle-ci ne revienne via des imbrications sophistiquées (« Wings of a Dove »).
Difficile de pointer du doigt une quelconque baisse de régime, la pluralité ambiante nous l’empêchant formellement. Certes, tout n’est pas parfait, mais lorsque la machine s’emballe, on est prêt à pardonner quelques fautes de facilité, et « Rockanini » de plaisanter avec sérieux sur la technique impeccable de musiciens suffisamment rodés pour ne pas se sentir pousser l’ego. Mais cette technique, même effacée derrière l’envie de partager est toujours tangible (« One of a Kind » et son harmonica ludique), et confère à Return To Eden une aura particulière, humaine mais très mystique à la fois, comme un regard porté sur le paradis de musiciens qui ont suffisamment travaillé toute leur vie pour mériter un repos de créativité personnelle.
Titres de l'album :
1.Diamond in the Rough
2.We Stand for Rock N Roll
3.Lucky Man
4.Skin and Bones
5.Return to Eden
6.Wishing Well
7.Never Be
8.Don't Make a Fool Out of Me
9.Broken Universe
10.Wings of a Dove
11.Gravy Train
12.Rockanini
13.One of a Kind
14.Bitter End
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