Quatre ans après son premier album, THEM conclut donc sa trilogie entamée avec Sweet Hollow en 2016 avec ce Return to Hemmersmoor dont le titre est chargé en promesses. Le groupe formé et mené par Troy Norr affirme même que ce troisième tome est le plus mature et agressif de sa jeune discographie, et à l’écoute de ses douze pistes, on ne peut qu’acquiescer. Pour les néophytes, à la base et comme son baptême l’indique, THEM a été créé en tant que tribute band à KING DIAMOND par Norr, avant de dévier vers des compositions originales pour éviter la redite et pleinement s’exprimer en tant que créateur. La base donc de cette trilogie peut se trouver dans les albums publiés par le danois grimé entre Abigail et The Eye, bien que l’orientation des THEM soit légèrement différente de celle de notre castrat préféré. En effet, la musique de ce collectif international se rapprocherait plus volontiers d’un Heavy/Power Metal contemporain, plus que d’un Heavy à tendance horrifique, et là où KING DIAMOND parvenait toujours à instaurer une ambiance angoissante à la Hammer, Troy préfère un déroulé plus euphorique et puissant ce qui permet d’éviter de sombrer dans le plagiat pur et simple. De là, on adore ou on déteste, on adhère ou on rejette, mais autant admettre que le combo germano-américain fait tout ce qu’il peut pour s’attirer les faveurs d’un public avide de morceaux puissants, modulés, et aux refrains collégiaux qui donnent de l’énergie. Avec sa dégaine à jouer dans AVATAR ou à se présenter à l’élection de Miss Blacky Lawless pour Halloween, Troy Norr est donc un musicien très intelligent, qui a vite compris que la redite et le simple démarquage ne suffiraient pas à rendre son groupe intéressant, et il développe donc depuis son premier album un univers très personnel, ancré dans son époque, acceptant les gimmicks inhérents à son style.
Dans les faits, Return to Hemmersmoor reprend les débats et l’histoire là où Manor of the Se7en Gables les avait laissés, et propose une clôture de trilogie haute en couleurs et en mélodies. Le line-up n’a pas changé d’un pouce, avec toujours Alexander Palma (basse), Angel Cotte (batterie), Richie Seibel (claviers), Markus Ullrich et Markus Johansson aux guitares, et évidemment, Norr en maître de cérémonie. Alternant une fois encore les climats et les approches, THEM propose donc un troisième tome qu’il juge plus aventureux, équilibré et flirtant parfois avec un Thrash light, bien loin des scénarii théâtraux de son modèle. Et une fois la longue intro de « Diluvium » passée, la charge est sonnée, et l’optique est clairement agressive et belliqueuse. Certains se gausseront d’ailleurs de ces passages narrés qui sonnent un peu cartoon, mais l’univers du combo étant plus proche du dessin animé ou du film familial que de l’horreur pure, il n’y a rien à redire sur ces voix exagérées et ces mises en place plutôt amusantes, qui justement évitent au projet de glisser vers le ridicule. D’autant que « Age of Ascension » ne fait pas semblant de cogner, avec en exergue ces envolées vocales rappelant évidemment le KING, mais d’une façon moins démoniaque. Ici, le propos n’est pas d’effrayer ou d’essayer de se hisser à la hauteur de la légende MERCYFUL FATE, mais bien de proposer des chansons qu’on retient, tout en gardant le cap d’un fil rouge les liant toutes. Et une fois encore, la mission est accomplie pour le sextet, qui parvient à nous garder en haleine pendant près de cinquante minutes. Avec une nouvelle collection de riffs catchy et de soli flamboyants, Return to Hemmersmoor nous propose donc un voyage au cœur de l’imagination d’un groupe qui n’a que peu d’équivalent sur la scène internationale.
Produit à la perfection, doté d’un superbe artwork, Return to Hemmersmoor n’hésite pas à s’abreuver à la fontaine de la Bay-Area, et à lâcher les chiens Thrash lorsque la tension monte d’un cran, comme à l’occasion du très réussi et véloce « The Tumultuous Voyage to Hemmersmoor ». Plus puissant et au contraste plus marqué que ses deux aînés, ce troisième chapitre se hisse sans peine en haut du panier de la production des THEM, qui ont mis le paquet sur les effets pour nous persuader de leur potentiel et de leur unicité. Aucune chance de s’ennuyer, puisque tous les morceaux possèdent leur identité propre, naviguant entre Heavy catchy et Power Metal racé, Thrash contrôlé et Horror Metal poli et détouré, et dès « Free », on comprend que le voyage va être animé par des humeurs et des évènements différents, supportant les pires exactions comme les étapes plus calmes. Assez proche de ce que la vague scandinave de Power Metal pouvait proposer dans les années 90, l’album est un conte de fée pour Halloween familial, mais n’hésite pas quand même à s’embrumer quelques peu pour instaurer une ambiance plus poisseuse et mystique. Ainsi, « The Thin Veil » joue la grandiloquence, avec son intro de claviers hantés soudainement interrompus par une guitare sentencieuse, et un chant inquiétant et sombre. Très à l’aise en mode impact immédiat, le sextet fait aussi preuve de flair lors des digressions plus progressives, et parvient à mettre l’emphase sur ses qualités avec toujours en exergue, ces mélodies reprises à plusieurs voix qui enchanteront petits et grands. On pense même parfois à une version assombrie d’AVANTASIA, spécialement lorsque le tempo décolle et que l’euphorie s’impose.
Objectivement, je ne vois aucun grief à formuler à l’encontre d’un groupe qui en quelques années, est parvenu à se créer un univers personnel. D’autant que lorsque la machine se met en branle et joue sur les oppositions de style, nous avons droit à un feu d’artifices digne de la scène italienne (« Waken »). Conscient de plus séduire qu’effrayer, THEM n’abuse pas des effets et se contente de soigner sa partition, répétant certes quelques idées, mais parvenant toujours à trouver un petit gimmick pour faire la différence. Gimmick qui se veut parfois Thrash (« Hellhounds: The Harbingers of Death »), axé sur les percussions et les incursions de claviers (« Battle Blood » qui n’a pas grand-chose à envier au fils bâtard d’EXODUS et CRADLE OF FILTH), ou aplatissant comme un mid tempo explosif dompté par des vocalises typiques (« Maestro’s Last Stand »). Une belle démonstration de force donc que ce Return to Hemmersmoor, qui s’adressera sans doute plus aux fans d’Harry Potter qu’à ceux de Terence Fisher, mais qui enthousiasmera tous les clans de la famille Metal, pour peu qu’ils aient gardé leur âme d’enfant attiré par le monde de l’horreur.
Titres de l’album:
01. Diluvium
02. Age of Ascension
03. The Tumultuous Voyage to Hemmersmoor
04. Free
05. Field of Immortality
06. The Thin Veil
07. Waken
08. Memento Mori
09. Hellhounds: The Harbingers of Death
10. Battle Blood
11. Maestro’s Last Stand
12. Finis
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15