Etes-vous capable de me citer des groupes nés dans les années 80 (même à la fin, pas d’importance), qui en 2017 évoluent toujours autour de leur line-up d’origine ? Hum ? Au moins un ? Non, même en triturant votre petit cerveau jusque dans le moindre recoin de neurone, la réponse n’est pas évidente à formuler, tant on sait que le Hard-Rock est un genre propice à la valse de musiciens. Pourtant, cette perle rare existe, pas forcément sous les feux des projecteurs d’ailleurs, plutôt du côté d’un underground qu’elle n’a pas vraiment choisi. Underground certes, mais fameux, puisque ce fameux combo de la Bay Area a sorti à l’agonie des 80’s l’un des albums les plus marquants du genre Sleaze/Hard-Rock, aujourd’hui très prisé des collectionneurs, Babylon A.D.
Publié en 1989 par Arista, ayant flairé la bonne affaire de fin de course, cet album ne marquait pas le pas d’un Rock high on energy, même s’il fallait chercher loin toute trace d’originalité. Dans une veine très californienne, ce premier LP s’est vu englouti par la quasi indifférence générale, ce qui n’a nullement entamé la motivation de musiciens bien décidés à continuer leur route coûte que coûte. Un second effort, Nothing Sacred en pleine vague Grunge de 1992, et puis quelques années de silence, jusqu’à ce live de 1999, Live In Your Face. Depuis, un American Blitzkrieg sur Apocalypse Records en 2000, encore un sale hiatus pour reprendre des forces, et un autre live, avant de revenir dans le giron du refuge italien des anciennes gloires en attente de reconnaissance tardive. C’est donc Frontiers qui s’occupe désormais des affaires discographiques des BABYLON A.D., qui sur ce Revelation Highway fêtent le retour de John Matthews, leur guitariste des premiers jours, pour enfin célébrer l’amitié d’une union qui ne date pas d’hier, mais qui regarde quand même vers demain si le destin est moins incertain.
Qu’ont-donc à offrir ces rockeurs intransigeants qui n’ont jamais cédé à aucune mode ? Toujours la même chose justement, du Rock, joué Hard, mais avec sensibilité, et qui retrouve les marques de ses jeunes années. Inutile de dire qu’il est vain d’attendre le moindre changement de la part d’instrumentistes qui savent pertinemment qu’ils ne seront jamais dans le vent, mais cette musique semblant provenir d’un écho lointain d’eighties aux refrains d’airain est loin d’être déplaisante, et nous ramène à la fin de notre adolescence, lorsque la transition entre une fraiche majorité et un âge adulte pointant le bout de son nez nous rendait plus pointilleux à l’égard de riffs teigneux. Ici, ils sont nombreux, tout comme les breaks destinés à vous faire frapper dans vos mains, et pas grand-chose n’a évolué depuis la parution du premier LP éponyme, si ce n’est un son plus brut, des visages plus marqués, mais une envie qui ne s’est pas démentie. D’ailleurs, Derek Davis, le vocaliste, ne tarit pas d’éloge sur son dernier né…
« Le groupe s’est éclaté à enregistrer cet album, et tout cet enthousiasme est lié au retour de notre soliste John dans la bande. C’est lui qui a provoqué l’étincelle qui a allumé le brasier dans nos veines ». Un seul être vous manque est tout est dépeuplé ? C’est ce que semble indiquer cette déclaration qu’on espère plus sincère que promotionnelle, mais avouons qu’en comparaison, Revelation Highway dame le pion aux quelques réalisations les plus récentes du quintette ( Derek Davis – chant, John Matthews et Ron Freschi – guitares, Jamey Pacheco – batterie et Robb Reid – basse), qui commençaient à méchamment tourner en rond.
Célébrant ainsi trente ans de carrière, ces dix nouveaux titres ont gardé une pêche d’enfer, comme si le combo avait retrouvé son flair, et ses tics de jeunesse lorsque la vie était encore devant eux et que le possible laissait présager du mieux. On retrouve donc le feeling furieux de Babylon A.D., cette urgence palpable à la moindre partie de guitare et au moindre coup rythmique, et concédons aux californiens d’avoir su capter l’air d’un certain temps révolu, plus ou moins mis au gout du jour. Bien sûr, ce sont les riffs les plus saignants qui ont été choisis, retour au bercail du héros tricoteur oblige, mais parfois, la sensibilité prend l’avantage sur l’agressivité, et nous plongeons en plein bain AOR à la tiédeur délicieuse, qui aurait fait les belles nuit d’un Billboard en jacuzzi (« Last Time For Love », typique des hits late 80’s, avec ces chœurs enjôleurs et ces mélodies de cavaleurs). Mais rien à craindre pour les fans les plus portés sur l’énergie, puisque le groupe déboule à cent à l’heure avec un truc épidermique et atomique, ce « Crash and Burn » que les BANG TANGO se seraient fait un plaisir d’interpréter avec une mine emballée. Illustré d’une vidéo, ce morceau est l’épitomé d’un style simple à l’abrasivité palpable du bout des oreilles, qui renoue avec les habitudes certaines d’un début de carrière qui aurait dû découler sur une célébration respectée. Mais peut-être que l’histoire ne va pas se répéter, et espérons que des perles comme « Fool On Fire » et son ton plus sombre introduit à l’acoustique ne tombe pas dans les tympans sourds d’amoureux d’un Hard Rock un peu lourd aux harmonies de velours.
Revelation Highway est le type même de disque en CD qu’on enfourne dans son autoradio pour bouffer du bitume en solo, regardant les kilomètres défiler comme les années. Rien de formel à lui reprocher, mis à part un classicisme qui peut rebuter les plus perméables à la mode, mais dès que résonnent les accords nostalgiques de « One Million Miles », qui vous emmène très loin, on en oublie tous les griefs de circonstance pour se concentrer sur un Rock qui danse, et qui se souvient avec tendresse de sa naissance…Subtil mélange de morgue frondeuse et d’émotion à fleur de peau, ce quatrième effort studio fait la part belle aux meilleurs morceaux, et sonne sincèrement comme le best-of déguisé d’une carrière erratique, qui n’a pourtant jamais entamé l’enthousiasme et la foi. Les textes résument d’ailleurs bien ce sentiment, et les plus anglophones d’entre vous sauront déceler des éléments à charge, qui toutefois leur indiqueront aussi que ces cinq-là ont toujours la rage.
Mais difficile de résister à « She Likes To Give It », qui nous ramène en Californie, ou à « Rags To Riches » qui synthétise tout l’esprit de cette scène Sleaze/Hard bravant les interdits, et qui nous a tant offert. D’ailleurs « Saturday Night » se souvient avec tendresse de ces concerts sur le Strip qui laissait une faune bigarrée envahir les trottoirs de coiffures permanentées, mais de cœurs entièrement dévoués à une cause musicalement enjouée. Le binaire si cher à ces artistes qui ne souhaitaient que jouer leur va-tout est tangible, et les intonations de la voix de Derek sonnent comme des appels au rappel tout comme ces guitares en envol nous prennent sous leurs ailes pour nous faire gravir les sommets une fois encore. Et ces sommets sont atteints lors du final « Don’t Tell Me Tonight », qui a lui seul hume bon le parfum des fins de semaine, lorsque les fans que nous étions rentrions chez nous pour poser notre sac et headbanguer comme des fous. Un album de fans pour les fans ? C’est de cette façon qu’on peut voir les choses, et parions que les BABYLON A.D vont en gagner de nouveaux, séduits par ces chansons simples mais efficaces, qui ne cherchent pas POISON au Roxy, mais bien les hard-rockeurs au saut du lit. Revelation Highway sans être cette autoroute révolutionnaire vers l’enfer, sait les déchaîner pour vous enflammer et après tout, mieux vaut être maudit pour ce qu’on aime que béni pour une foi incertaine.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09