« Je pense que la seule façon d’apprécier notre musique est de garder l’esprit ouvert. De n’avoir aucune idée préconçue à propos du groupe ou du style. C’est en tout cas dans cet état d’esprit que nous l’avons créé, et je pense que c’est de cette façon qu’il doit être apprécié. Honnêtement, je ne pense pas qu’il s’agisse d’un disque d’Indus ou de Death Metal, c’est tout bonnement de la musique extrême. Les passages d’une rare violence sont contrebalancés par des ambiances légères. C’est un album organique, et pas du tout le genre de bruit industriel digital que nous sommes constamment censés produire »
Ainsi parlait non Zarathoustra, mais Timothy Pope, responsable des claviers et des samples au sein du groupe australien THE AMENTA (pour les néophytes, sous terre en égyptien). Mais depuis sa création en 2002 à Sydney, ce groupe unique n’a eu de cesse de redéfinir son approche pour conserver sa singularité, profitant de longues périodes de silence pour faire des bilans et retrouver l’inspiration. Et cette fois-ci, le quintet (Diazonon - batterie, Erik Miehs - guitare, Timothy Pope - claviers/samples, Dan Quinlan - basse et Cain Cressall - chant) a clairement mis à profit les huit années d’absence séparant ce quatrième album de son prédécesseur. D’ailleurs, loin d’une interprétation personnelle, ce constat est validé par le groupe lui-même qui admet avoir eu besoin de recul pour continuer son histoire musicale singulière. Flesh Is Heir avait pourtant méchamment marqué les esprits, à tel point que les fans le pensaient proche de la perfection la plus absolue dans un genre n’en étant pas vraiment un. Mais THE AMENTA n’est pas le genre de groupe à se reposer sur ses lauriers, et nous notons sur ce Revelator une volonté d’aller plus loin, encore plus loin, sans changer de nature ou contredire ses précédents postulats.
Qui sont vraiment ces musiciens, qui une fois réunis, repoussent les limites de l’extrême pour lui faire épouser des formes étranges ? Les éléments de réponse se trouvent dans la discographie du combo, qui s’étale aujourd’hui sur quasiment vingt ans depuis la sortie du séminal et introductif Occasus, déjà largement loué à l’époque. Un groupe qui utilise des éléments épars pour les mélanger au sein d’un creuset d’inspiration unique, en convergence du Death, du Black, de l’Indus et de l’Ambient. Un groupe qui a donc raison de refuser les étiquettes pour n’accepter que celle généraliste d’un Metal vraiment extrême, mais pas dans le sens le plus brutal du terme. Non, ici, le terme revêt sa définition la plus précise, dans l’absence de limites.
Dans ses arguments promotionnels, le quintet fait appel à une emphase assez coutumière, mais définit très bien les contours de son projet :
THE AMENTA a utilisé ces sept années de hiatus pour déconstruire méthodiquement son approche, et la ré imaginer. Le groupe a intégré des éléments de Black Metal Industriel puissant, des textures Ambient/Noise assez perturbantes et cinématiques, des parties de violon traité, de l’acoustique effrayante et des éléments électroniques qui forment un labyrinthe constitué d’hymnes infectieux à l’effondrement de la société, qui juxtapose des moments oniriques étrangement calmes avec un malaise discordant d’une gigantesque charge émotionnelle.
Cette description peut paraître pompeuse, et elle l’est d’une certaine façon, et pourtant, elle fournit les clés pour comprendre l’œuvre. Et dès l’attaque longue et féroce de « An Epoch Ellipsis », on comprend que l’ellipse sera l’un des éléments majeurs de cette réalisation, comme si le groupe n’avait pas voulu tout révéler pour que l’auditeur trouve sa place dans la traduction de la musique. A vous donc d’interpréter les silences, les acoustiques précieuses et les instants de rage pure. En juxtaposant la rudesse d’un Death contemporain à la rigidité Indus d’un Black vraiment martial, les australiens créent un vortex de puissance dont nul ne sort indemne. Les stigmates sont physiques évidemment avec des tympans mis à rude épreuve, mais aussi psychologiques : car en tant que bande-son d’une époque trouble, ce quatrième album est d’une haute teneur en lucidité et représente peu ou prou la concrétisation artistique d’une fin annoncée.
Outre l’immense travail instrumental de collage et de liberté de ton, c’est la prestation hallucinante de Cain Cressall qui laisse admiratif. Le chanteur s’est incarné en oracle d’infortune, et module ses respirations, ses cris, et ses invocations pour nous guider à travers ce labyrinthe qui ne propose sans doute aucune sortie. Epaulé par une section rythmique inspirée et par le talent incontestable du frappeur poulpe Diazonon (ABRAMELIN, CONSUMMATION, CRISISACT, KING, PROPHET OF ABHOTH, PSYCROPTIC, RUINS, WEREWOLVES, ex-DISSEMINATE, ex-PESTILENCE, ex-BLOOD DUSTER, sorte de Hellhammer des années 2010), Cain profite donc des riffs dissonants et discordants, mais aussi des cassures en silence inquiétant pour égrener ses litanies, et offre une performance théâtrale.
De fait, et plus simplement, l’album se découpe en pistes de longueur variables, mais nécessite une écoute globale pour être appréhendé tel qu’il a été conçu. Entre les inserts brefs et classiques (« Psoriastasis »), et les longues progressions incantatoires et hypnotiques (« Twined Towers », Heavy Metal extrême et Ambient qui sonne comme une musique de film), l’équilibre est instable mais parfait, et laisse libre cours à l’imagination des musiciens. Inserts brefs et troubles (« Wonderlost »), reprise tonitruante et écrasante de Death/Indus (« Overpast »), Revelator revient à l’essentiel, mais refuse la facilité. Tel un cliché pris à un instant T et qu’on développe, il fonctionne comme un portrait très ponctuel de THE AMENTA, qui sans avoir vraiment changé de traits, offre un visage plus mature.
Une photo qui ramène le groupe à la vie, et qui continue une histoire fascinante née à l’orée du nouveau siècle. Tout en sachant très bien que ce siècle pourrait justement être le dernier.
Titres de l’album:
01. An Epoch Ellipsis
02. Sere Money
03. Silent Twin
04. Psoriastasis
05. Twined Towers
06. Parasight Lost
07. Wonderlost
08. Overpast
09. Parse Over
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