« Nous n’avons pas réinventé la roue, mais au moins, nous lui avons offert des pneus neufs ! »
C’est de cette façon qu’Anders Wikström définit les grandes lignes de sa collaboration avec son ami de longue date, Mats Levén, et on ne peut que saluer cette franchise qui part d’une constatation pleine de lucidité et d’honnêteté. Honnêteté, c’est d’ailleurs le mot clé de cette association de bienfaiteurs, qui s’agitent dans l’ombre depuis pas mal d’années, mais qui ont enfin décidé de franchir le pas les séparant de la lumière des projecteurs. Et en écoutant les onze pistes de ce premier LP éponyme, impossible de ne pas les féliciter d’avoir enfin tenté leur chance, puisque les chansons qu’ils nous offrent sont simples mais efficaces, et méchamment mémorisables. Leur recette ? Un Hard-Rock subtilement moderne, qui va pourtant piocher son inspiration dans deux décades bénies pour notre genre de prédilection, les glorieuses 70’s et les chatoyantes et exubérantes 80’s. Mais peut-être serait-il utile d’en savoir un peu plus sur ces deux musiciens attachants, qui ne cherchent pas l’effet choc, mais plutôt la séduction sur le moyen et long terme, et qui parviennent en quelques idées classiques mais appliquées avec passion à nous convaincre de leur potentiel de persuasion. Mats Levén (chant) et Anders Wikström (guitare) viennent donc de Stockholm, peuvent se targuer d’une amitié longue de trente ans, et d’un pedigree de compositeurs extérieurs assez solide. Ayant tous deux fait partie d’une multitude de combos nationaux, le désir de partager un peu de cette complicité de façon plus formelle les titillait depuis trop longtemps pour qu’ils n’y cèdent pas, et c’est donc ainsi que REVERTIGO naquit.
Au départ, le projet formula concrètement une démo de trois titres, qui termina son périple sur le bureau du stakhanoviste Serafino Perugino, enchanté de ce qu’on offrit à ses oreilles expérimentées. L’homme décida donc de signer le duo sur son label, leur offrant ainsi la possibilité de s’exprimer sur un LP complet, qui se présente donc aujourd’hui sous un emballage éponyme et une pochette pour le moins abstraite. Mais leur musique elle, est aussi simple qu’elle n’est riche, et aussi directe qu’elle n’est à la croisée des chemins. Mais ça n’est pas pour autant qu’elle tourne en rond pour revenir à son point de départ, puisque les horizons sous lesquels évolue le duo sont multiples, et complémentaires, tant dans le fond que dans la forme.
Première chose frappante lorsque nos tympans se retrouvent chatouillés par ce Revertigo bien troussé, le professionnalisme des intervenants. On sent à chaque note que les deux instrumentistes/compositeurs traînent leurs basques dans le business depuis un bail, et qu’ils en connaissent toutes les astuces, évitant de fait l’écueil dangereux de la complaisance de vieux briscards se reposant sur un passif plus que sur un passé. Si le label italien aime à les comparer à un certain nombre de valeurs sures (TREAT, PRETTY MAIDS, ECLIPSE, HARDLINE, REVOLUTION SAINTS), avec une indéniable pertinence, leur inspiration peut aussi se chercher du côté de leur propre parcours, mais aussi dans les traces d’un SIXX A.M dont ils empruntent pas mal de tics d’interprétation et de création (« The Cause », qu’on aurait pu trouver sur Prayers for the Damned, Vol. 1 ou Prayers for the Blessed, Vol. 2). Même propension à intégrer des mélodies presque Pop dans un contexte alternatif contemporain, même conviction d’incarnation, et même musicianship complémentaire et complice. Pour autant, le parallèle ne se veut pas global, puisque chaque morceau possède son emprunte, et l’ensemble sa cohésion. On trouve aussi des traces de révérences beaucoup plus anciennes, dont l’ombre du ZEP qui plane bas au-dessus de l’introductif « HoodWinked », adoubant son riff qu’on croirait échappé de « Kashmir », et donnant l’accolade à cette rythmique parrainée par feu Bonham et Jones. On pense alors à une mouture plus agressive des BLACK COUNTRY COMMUNION qui auraient troqué leurs tics seventies contre une attitude solidement 90’s, juxtaposant leur amour du Blues à une passion du Néo-Hard Rock de la décennie Grunge. Et si les surprises sont plutôt discrètes sur ce premier album, elles n’en sont que plus appréciables, et transforment de fait ce premier album en véritable réussite qu’il convient de saluer comme elle le mérite. Musicalement, le groupe est évidemment affuté, et si les deux associés se sont chargés de la quasi-totalité de l’interprétation ils ont confié les rythmic duties au vieil ami Thomas Broman (GREAT KING RAT, MICHAEL SCHENKER, ELECTRIC BOYS), qui offre au duo une assise plombée et assurée (« Symphony Of The Fallen Angels »). Dans son rôle de MC, Anders Wikström ose des incarnations vraiment agressives, que le chant râpeux mais harmonieux de Mats Levén transforme en petits hymnes à la gloire du Metal scandinave, empruntant de fait le vocabulaire musical du EUROPE le plus contemporain, pour le traduire dans un langage purement américain (« Gate Of The Gods », jumpy). Mais les morceaux défilent et on s’échine à tenter de trouver le moindre point faible à cette première réalisation des REVERTIGO sans vraiment y parvenir.
Il faut dire que les deux instrumentistes/compositeurs ont mis les petits plats dans les grands, en osant quelques clins d’œil bien sentis. Ainsi, « False Flag » et son parfum légèrement Techno Metal nous explose à l’occasion d’un refrain fédérateur déchainé, tandis que « Luciferian Break Up » ose le groove chaloupé soutenu d’une guitare enflammé pour nous rapprocher de seventies bondissantes catapultées dans des 80’s chamarrées. On pense à un STRYPER dopé, ou à un GREAT WHITE modernisé, et surtout, à une science de l’idée pertinente qui tombe toujours pile quand il faut, notamment sur ces chœurs fédérateurs qu’on peut reprendre à toute heure. Les analogies semblent parfois curieuses à ceux possédant un bagage musical typiquement frenchy, et j’ai cru déceler dans la montée harmonique de « Sailing Stones » un démarcage à peine travesti de la mélodie popularisée par Joe Dassin sur « Dans les Yeux d’Emilie », ce qui en dit long sur le spectre d’influences possibles et inconscient de Mats et Anders…
Mais comme il est relativement difficile de définir un courant porteur, autant apprécier cet album pour ce qu’il est. A savoir une sacrée compilation de morceaux qui groovent, et qui bénéficient d’une production parfaite signée par le trio Peter Mansson/Anders Wikström/Mats Levén, et d’un mixage équilibré soigné par Peter Mansson. Ce qui leur permet parfois d’imiter les BONFIRE à la perfection (« Joan Of Arc », avec ce petit parfum HARDLINE qui fait la différence), ou de se montrer plus nuancés mais commerciaux, revenant dans le giron des SIXX A.M à l’occasion d’un « Break Away » au riff vraiment béton. Et comme elle fait souvent le larron, tout ça autorise un peu toutes les variations de direction, passant d’un Hard n’Heavy carton (« Revertigo », un hymne qui fait déjà référence là-haut), à une sensibilité montant crescendo (« Unobtainium »), pour un résultat aussi homogène qu’hétéroclite, révélant le talent éclatant de deux amis dont la complémentarité et la complicité font vraiment du bien à entendre. Il eut été dommage que Mats et Anders restent chacun de leur côté, puisque leur union leur permet d’exploser, et de proposer l’un des LP les plus séduisants de l’écurie Frontiers de ce début d’année. Alors non, ils n’ont pas inventé la poudre, mais savent la faire parler. Et non, ils n’ont pas révolutionné la roue, mais lui ont offert de belles jantes chromées, et des pneus de qualité. De quoi avaler des kilomètres de route des tubes plein la tête, histoire de relier la distance séparant la Californie de l’Italie, pour finalement rentrer chez soi du côté de Stockholm en connaissant le parcours sur le bout des doigts.
Titres de l'album:
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