Ride

Hellings

30/06/2019

Autoproduction

I said I know it's only rock 'n roll but I like it.

Back to basics. Parce qu’au bout d’un moment, on a besoin de revenir aux fondamentaux. Sans aller jusqu’à se rappeler de ce hoquet génial dans les années 50 qui braillait « That’s Allright Mama » sous les yeux et oreilles médusés de Sam Phillips, il convient une fois de temps en temps de se replonger dans ce que cette musique nous a offert de meilleur depuis son émergence. Allez, dites-le, ça fait du bien aussi de se confier. De se souvenir qu’avant les grosses distorsions, les énormes amplis, les hurlements à faire trembler les stades, il y a avait une poignée de mecs sur scène, celle d’un bar, qui nous balançaient douze mesures un peu plus nerveuses que la moyenne, ces fameuses douze mesures que le ZEP allait transcender pour en faire une musique unique. L’émotion man, c’est comme ça que ça marche, et tous les rockeurs le savent. Ils ont tous un jour ou l’autre rangé leurs arrangements pour revenir à la source, une simple guitare branchée, un micro, pas mal d’amitié et des heures passées sur la route à aller de ville en ville pour propager la bonne parole. C’est ce que fait Brett HELLINGS depuis des années, un mec plutôt beau élevé à la Motown par des parents qui aimaient danser, et qui a jour, a vécu son épiphanie musicale à un concert des STONE TEMPLE PILOTS alors qu’il n’avait que quatorze ans. Un jour unique gravé dans sa mémoire qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. Un musicien simple, qui croit en son art, qui revendique ses influences et tente de les reproduire à sa façon, sans piller, mais en copiant avec intelligence. Et les influences du mec sont classiques, comme sa musique, THE ROLLING STONES, THE BEATLES, AC/DC, AEROSMITH, FREE, PINK FLOYD, THE BLACK CROWES, BEASTIE BOYS, et certainement quelques autres, dont John Cougar, CCR, Bruce, et pourquoi pas Bryan ADAMS. En soi, le patrimoine, la quintessence, qu’il adapte à un vocable plus contemporain que ce fait-tout-seul premier album, Ride, qui de son titre décrit très bien sa trajectoire.

Dix morceaux, à peine une demi-heure dans le juke-box, et pourtant, nous tenons-là l’essentiel, et on s’en rend compte dès que nos tympans se posent sur le terriblement stonien « Hold on Me ». De faux airs de « Brown Sugar » adapté par les QUIREBOYS, avec ces riffs francs et humbles qui déchirent le samedi soir comme une révélation d’adolescence. Le Rock, joué Hard évidemment, mais gardé Blues parce que c’est la règle. Accompagné de références de sa scène locale de Los Angeles, et après avoir traîné ses guêtres à Nashville et New-York pour apprendre les bases, Brett HELLINGS nous expose donc sa conception d’une musique séculaire, à base de couplets énergiques et de refrains contagieux, le tout saupoudré d’une bonne dose de foi en cette musique qui ne nous a jamais déçu, ou si peu qu’on ne s’en rappelle plus. L’homme aurait pu jouer la sécurité d’un album hautement prévisible, pourtant, il a teinté son art d’une approche parfois Pop qui rappelle les récents et homériques STRUTS (« Live Fast, Die Pretty »), mais il précise dès le départ qu’il n’est là que pour une seule chose, « Here to Have a Good Time », sur cet up tempo chaloupé que les seventies ont popularisé, et qui fonctionne toujours de nos jours. Personne ne trouvera quoi que ce soit de révolutionnaire dans cette approche, mais tout le monde s’accordera à dire que l’homme et les siens manient le vocabulaire Rock à la perfection, et d’une façon plus fluide et sincère que toute cette vague nostalgique actuelle. Ride est nostalgique, mais pas passéiste, il est gorgé de bons soli, il est chargé de lignes vocales qui sentent la sueur d’heures passées sur les scènes nationales, et finalement, résume l’Amérique à merveille, ce pays qui a vu la passation de pouvoir entre les blanc et les noirs dans les années 50, et le partage des responsabilités entre Soul, Rock, Blues et Pop, pour finalement célébrer leur union en craignant l’invasion du British Beat sur ses propres côtes.

HELLINGS ce sont un peu des BLACK CROWES version jeune, des gamins plein d’espoir qui pensent encore que le traditionalisme sauvera la musique de son marasme dématérialisé. Des branleurs jumpy qui trépignent avant de monter sur l’estrade, et qui imitent le mieux possible les vieux STONES, en ajoutant à leur hommage des chœurs juvéniles, et un allant qui fait défaut à Mick et Keith depuis trop longtemps (« Jukebox Money »). Un quarter balancé dans la machine, une robe qui s’envole, et des belles qui se pâment au premier rang, puisqu’en plus, le frontman est plutôt séduisant. Séduisant, mais avec des cordes vocales rodées, rauques juste ce qu’il faut pour sonner crédible, et des connaissances solides, des gimmicks balancés faciles, et des clins d’œil à l’orée des seventies, lorsque les ROLLING STONES partaient dans le sud de la France pour échapper au fisc (« Ooh Lil' Mama »). Pas de dérapage Country, mais de la variété dans la puissance, et des hits, que les amateurs reconnaîtront au premier accord, ce « C'mon » qui n’est pas le « C’mon Everybody » d’Eddie, mais qui rappelle la mouvance des nineties, lorsque le Rock se débarrassait de ses oripeaux gênants pour se remettre à nu. De l’authentique qui couine, du vrai qui résonne, mais aussi de l’émotion qui étreint, lorsque le parrainage fantôme de Bob Seger, de Bruce Springsteen, de Tom Petty et même de BON JOVI pourquoi pas se ressent plus que d’ordinaire sur le fabuleux « What You Can't Have ». Mais de l’émotion qui se transforme souvent en sueur, lorsque le niveau sonore grimpe d’un cran et adopte le chaloupé d’un chanteur/félin qui cherche à séduire à tout prix, non de son minois mignon, mais de la crédibilité de sa voix béton (« Lil' Bit of Love », sensuel comme du Kravitz repris par les GRETA VAN FLEET). Difficile de croire que dans un exercice aussi complexe on puisse taper dans le sans-fautes, et pourtant, c’est bien ce que Ride parvient à faire, en taquinant le Blues moins roots, mais tout aussi touchant (« Lose Your Mind », avec falsetto fragile et allusions à GRAVEYARD, mais version US), et en terminant son court parcours par une dernière ruade au phrasé haché et à l’ambiance survoltée (« 30 Pieces of Silver », « American Girl » de Petty repris par les REMAINS de « I’m a Man »).

Oui, le Rock, on connaît, je sais. Mais on connaît toujours, on aime pour l’éternité, et quel mal y-a-t-il à le jouer comme tant d’autres l’ont fait avant que vous soyez né ? If I could win ya, if I could sing ya, a love song so divine, would it be enough for your cheating heart, if I broke down and cried?. Pas la peine de pleurer Brett HELLINGS, contente-toi de chanter. C’est déjà très bien comme ça.   

 

   

Titres de l’album :

                            01. Here to Have a Good Time

                            02. Jukebox Money

                            03. Ooh Lil' Mama

                            04. What You Can't Have

                            05. Hold on Me

                            06. Live Fast, Die Pretty

                            07. C'mon

                            08. Lil' Bit of Love

                            09. Lose Your Mind

                            10. 30 Pieces of Silver

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par mortne2001 le 05/07/2020 à 14:54
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