En revenant vers des choses plus raisonnables, et en abandonnant les côtes nordiques pour se rapprocher de l’Angleterre, notons une fois encore le formidable travail entrepris par le label italien Frontiers, qui d’année en année semble consolider sa suprématie sur le marché mélodique international. Si la maison de disques semble se livrer à une lutte incessante de pouvoir avec ses homologues d’AOR Heaven et de Mighty Music, autant dire que Serafino a une longueur d’avance sur tout le monde, avance qu’il se plaît à conforter en multipliant les sorties emblématiques. Et au mois de janvier dernier, le responsable transalpin a pu s’enorgueillir de lancer sur le marché l’un des albums les plus représentatifs de son optique mélodique, en l’incarnation de la troisième réalisation des anglais d’INGLORIOUS, qui contrairement à ce que leur nom semble indiquer, sont auréolés d’une gloire européenne que nul ne pourra leur nier. Troisième album, et donc l’étape la plus critique d’une carrière, du genre de celles qu’on négocie avec beaucoup de prudence pour enfin faire décoller, ou asseoir une réputation. Celle des Londoniens étant établie depuis les premiers instants, le risque était grand de tomber dans la redite ou l’expérimentation douteuse, mais on pouvait faire confiance à Nathan James pour soigner le retour de sa chose, et ainsi donner le sourire à ce bon vieux Serafino. Et l’italien a dû l’avoir jusqu’aux oreilles en tendant les siennes sur ce Ride To Nowhere, qui loin d’un voyage sans but, a plutôt des airs de périple cosmopolite et intemporel dans les arcanes du Hard Rock de tradition, qu’il soit européen ou américain…Pour les nouveaux venus, sachez que les INGLORIOUS sont nés sous l’impulsion du même Nathan James, chanteur de son état, connu pour avoir participé à des éditions nationales de The Voice et Superstar, mais aussi pour avoir collaboré avec Uli Jon Roth sur le projet SCORPIONS REVISITED et s’être impliqué dans TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA. Une valeur sûre donc, qui continue de nous enchanter de son timbre chaud et volubile, et qui avec ce troisième album a fait le ménage par le vide, en privilégiant une optique plus sombre, mais aussi en renouvelant son personnel.
Ce sont donc quelques nouveaux noms que nous retrouvons dans le paysage anglais, dont celui du guitariste Drew Lowe, qui pour la première fois put s’impliquer dans le processus d’enregistrement, lui qui fut pourtant présent aux côtés des leaders depuis la création du groupe. Phil Beaver tient toujours fermement ses baguettes, tout comme Colin Parkinson ses quatre cordes, même si le bassiste semble avoir été remplacé depuis. D’ailleurs, il semblerait selon les sources que Drew ait aussi quitté le navire, conjointement avec Andreas Eriksson, ce qui laisserait à penser que l’INGLORIOUS 2019 n’ait déjà plus grand-chose à voir avec celui animant les pistes de ce troisième album. Imbroglio de line-up qui ne doit surtout pas vous empêcher d’apprécier cette œuvre comme elle le mérite, puisqu’elle exploite le même filon découvert sur les deux premières pistes, Inglorious I et Inglorious II, creusant le sillon de l’héritage du WHITESNAKE à cheval entre sa période Blues anglaise et sa crise mélodique américaine, tout en se rapprochant quand même des racines. C’est donc un groupe gonflé à bloc que nous découvrons sur les onze morceaux de ce pressage réservé aux japonais, qui pourront y apprécier quelques cadeaux. L’approche n’a pas vraiment changé, toujours entre deux eaux, celle d’un Hard-Rock typiquement seventies agrémenté de mélodies plus contemporaines, le tout s’appuyant une fois encore sur la voix extraordinaire du tempétueux leader, qui selon ses propres déclarations vénèrerait David Coverdale non seulement pour ses cordes vocales, mais aussi pour son ego surdimensionné. Toujours est-il que Nathan a semble-t-il décidé de laisser la concurrence à des kilomètres derrière lui, tant sa performance sur ce LP est hallucinante de maîtrise et de feeling, parvenant même à transcender les arpèges classiques d’une ballade Folk pour la transformer en moment d’émotion intense, que le grand David lui-même n’aurait pas renié. Un feeling un peu FREE sur les bords, adapté aux exigences de qualité nordique des GRAVEYARD, qui démontre que le tandem James/Beaver n’a rien perdu de son acuité et de ses facultés à composer des classiques instantanés qu’on retrouve à la pelle sur Ride To Nowhere, prenant des airs de hits foudroyants que les charts auraient pu porter au firmament.
Et même si la personnalité du frontman peut agacer, autant admettre que son groupe est insurpassable en termes de Hard Rock saignant mais abordable. Cette troisième étape a été franchie avec un brio incroyable, profitant d’un mixage parfait signé du grand Kevin Shirley himself (IRON MAIDEN, JOURNEY, RUSH, LED ZEPPELIN, Joe BONAMASSA, Beth HART, Marya ROXX, DREAM THEATER, HIM, Tyler BRYANT, Mr. BIG, ou encore EUROPE, l’un des CV les plus fournis de la catégorie), mais aussi d’une inspiration renouvelée, puisque ce LP se veut légèrement plus sombre et personnel que ses prédécesseurs. Les chansons ont pourtant été composées de façon très traditionnelle, en studio, avec l’apport indiscutable de Drew, en acoustique, avant que Nathan ne décide des thèmes à traiter, qui cette fois semblent le concerner plus directement. Est-ce cet investissement qui rend ce disque plus mature et sensible ? C’est tout à fait possible, même si l’ombre de WHITESNAKE plane toujours aussi bas au-dessus de l’inconscient du vocaliste, qui ne peut pas s’empêcher de singer les tics de la diva anglaise dès qu’il le peut. Sauf qu’une fois encore, le mimétisme peut se baser sur une trame instrumentale chargée et profonde, comme en témoigne l’irrésistible « Freak Show », un peu plus Heavy que d’ordinaire, mais qui aurait largement gagné sa place au sommet du Billboard dans les années 88/89. Si le formalisme domine encore les débats, la qualité a gagné en brillance, et impossible de soulever le moindre point de détail douteux après avoir absorbé ces onze morceaux. Car tout y passe, et le spectre des possibilités a encore été agrandi, faisant le grand écart entre le Heavy subtilement corrompu de Pop de l’ouverture « Where Are You Now ? », et le Heavy bluesy suintant de feeling du long et envoutant « Ride To Nowhere », qui de ses six minutes toise le public avec une morgue et une grandeur emphatique digne du meilleur DEEP PURPLE époque…Coverdale.
Toujours ce nom qui hante les couloirs de la maison, et qui finit par s’incruster, mais le travail est tellement admirable qu’on peut bien pardonner cette tutelle un peu envahissante. D’autant plus que le groupe nous a ménagé des instants de détente, privilégiant une acoustique simple et une basse ronde (« Never Alone », sur laquelle Nathan se lâche comme d’ordinaire), pour mieux mettre le groove élastique en avant et propulser des harmonies directes (« Queen »). En gros, une gigantesque bordée de hits, qui paient leur tribut aux aspirations seventies avec une application formelle (« Time To Go », simple, mais efficace, même si encore une fois James ne peut pas se retenir de copier les gimmicks les plus symptomatiques de son modèle). Puissance et adaptation, telles sont les instances et formulations de ce voyage vers nulle part qui nous entraîne justement au cœur d’un Hard Rock pluriel, aux visages similaires mais aux expressions différentes, qui n’hésite pas à traquer le riff du ZEP pour le plomber d’une rythmique purement Heavy (« While She Sleeps »). Du neuf avec de l’ancien donc, mais une façon de polir l’argenterie pour lui garder sa patine la plus précieuse, et dans les faits, l’un des albums les plus parfaits dans son style, et qui comblera de bonheur les fans du WHITESNAKE de toutes les époques. Mais y-a-t-il du mal à se faire du bien en copiant son illustre voisin ? Pas forcément, et puis cette voix incroyable peut faire passer la plus grosse des pilules comme un délicieux bonbon.
Titres de l'album :
1. Where Are You Now?
2. Freak Show
3. Never Alone
4. Tomorrow
5. Queen
6. Liar
7. Time To Go
8. I Don’t Know
9. While She Sleeps
10. Ride To Nowhere
11. Glory Days
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