Ce pauvre Tolkien continue de sa tombe de voir les artistes piller son héritage et ses personnages, de s’inspirer de l’atmosphère de quête de son œuvre majeure, et donner vie à ces êtres fantasmagoriques qui ne devraient avoir autre refuge que les pages de sa littérature. Cette fois-ci, c’est la Suède qui nous propose son adaptation, via le premier album des RIDERS OF ROHAN, et cette mythologie qui accompagne le concept.
Je ferai fi du côté littéraire du concept, pour m’intéresser à cette musique étrange, même au regard d’un Metal épique et colégram. Né à Göteborg, ce trio mixte propose via son premier long une musique franche, sacrément Rock n’Roll, légèrement Heavy sur les bords, mais plus ancrée dans la tradition seventies et Garage que dans celle d’un Metal progressif, guerrier et pugnace. De fait, cette première œuvre éponyme est assez difficile à classer, tentés que nous sommes de ranger ce disque entre les travaux de BLUE CHEER, des MENTORS, de MANILLA ROAD, des DEAD MOON et autres KISS antique et proto-MANOWAR sans les muscles et plus fuzzé.
Comme vous le constatez, les RIDERS OF ROHAN ne se contentent pas d’un Heavy Rock téléphoné pour séduire, et osent le crossover entre les genres génériques, pour se poser les deux pieds sur la frontière séparant le Rock et le Hard-Rock. Dominé par une voix masculine théâtrale et des mélodies moyenâgeuses en boucles concentriques, Riders of Rohan est un exercice de style assez fascinant, et pour le moins original. Entre Post Punk, Rock garage primitif et Hard ne l’étant pas moins, cet album développe des trésors d’énergie via les efforts d’une rythmique pour le moins originale, avec une batterie sommaire qui semble marquer le rythme sur son tom basse et une basse linéaire mais écorchée par une distorsion d’occasion poussée à fond les ballons. Le tout est porté à ébullition d’une sauvagerie presque palpable à travers les haut-parleurs, et on se prend rapidement à taper du pied avec hargne pour suivre les aventures mystiques de ces trois chevaliers d’un autre temps.
Le fan de Metal lambda et nostalgique en sera donc pour ses frais, une fois n’est pas coutume. Car même si la musique de ce trio trouve ses origines dans le passé, il ne s’ancre pas pour autant dans un mouvement bien précis, et une simple écoute au belliqueux « Fog on the Barrow Down » suffit à comprendre que les RIDERS OF ROHAN souhaitent offrir plus qu’un simple cliché passéiste jauni.
On trouve donc de tout sur cet album, et cette bande-originale s’adapte très bien à la thématique choisie. L’univers de Tolkien trouve ici une illustration charmante et parfaite, et avec un paquet de chansons directes et simples, à la manière d’un ASHBURY des cavernes, sans le côté progressif seventies, mais avec la pulsation de STOOGES soudainement fascinés par les fées, les elfes et autres créatures imaginaires.
Côté petits défauts on soulignera une homogénéité un peu trop compacte qui tend à uniformiser les chansons, avec heureusement quelques variations plus marquées, à l’occasion du burner efficace « Black Rider » et cette voix féminine d’oracle d’infortune criant ses recommandations sur fond de Heavy Rock turbovitaminé. Mais avec un capital sympathie énorme et une confiance affichée conséquente, RIDERS OF ROHAN s’en sort haut la main et réussit à imposer un mode musical à part, terriblement exotique à explorer pour qui en a assez des photocopies faciles de la vague revival.
On appréciera ces échanges vocaux féminins/masculins, ces riffs primaires en saccades évidentes, et ces coups de cymbale qui résonnent dans les tympans comme des épées s’affrontant lors d’un combat épique. On aimera aussi ces passages plus atmosphériques et presque Post-Pop de l’orée des années 80, et tout un tas de petites choses qui rendent cet album attachant et unique.
Ne vous fiez donc pas à cette pochette classique qui semble enrober un disque convenu et regrettant la première partie Hard n’Heavy des années 80. Les RIDERS OF ROHAN sont des passionnés qui tiennent à leur singularité, et leur premier album est aussi frais qu’une bouffée d’oxygène dans une crypte vintage bondée par des plagieurs éhontés. Excellente surprise qui combine l’énergie du Punk et l’épaisseur du Hard Rock d’antan, pour aboutir à une sorte de Garage Heavy de premier ordre, ébouriffé, mais sincère. Rangez donc vos peignes et fanfreluches et armez-vous d’une lame finement aiguisée. Un combat rude et rustre vous attend.
Titres de l’album :
01. Muster the Rohirrim
02. A Night at the Prancing Pony
03. Nan Curunir
04. Whispers of a Nameless Fear
05. Longbeards
06. A Land of Our Own
07. Fog on the Barrow Down
08. Black Rider
09. No Mortal Man
10. Strider
11. Bow to No One
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
21/04/2025, 20:53
Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
19/04/2025, 08:38
Jus de cadavre, je parle pas des captations audio dans un instant précis, je crois d'ailleurs que certaines œuvres sont intemporelles, mais ce qu'il reste de ces gens aujourd'hui, c'est extrêmement différent. Bien entendu qu'il faut écoute(...)
19/04/2025, 05:07