L’adage populaire affirme que « quand on aime, on ne compte pas ». Mais on ne compte pas quoi ? L’argent, l’amour donné ? L’empathie (si tant est que l’on puisse la doser et la quantifier) ? Le pardon ? Le temps ? Si cette dernière notion est la bonne, alors je m’inscris en faux contre cet adage qui ne tient pas compte d’un élément : l’absence. Car s’il est bien quelque chose que l’on compte en amour, ce sont les années perdues, les silences, le manque, et l’espoir de retrouvailles. En musique, le postulat est le même. Lorsqu’on aime vraiment un groupe, on attend toujours fiévreusement son retour, ce qui entraîne parfois de longues périodes de souffrance.
Et dans le cas de nos chers HEAVY LOAD, cette absence a duré la bagatelle de quarante ans.
On ne parle même pas d’absence dans ce cas, mais d’adieux définitifs. Du moins, ce que les apparences laissaient penser. Après tout, Stronger than Evil n’a jamais connu les honneurs d’avoir un successeur, eu égard à un statut culte qui appelait plus d’aventures. Dans les années 80, le groupe de Stockholm était l’un des fers de lance du renouveau Metal suédois. Capable de rivaliser avec les plus grands noms de la scène anglaise, HEAVY LOAD était à l’instar de MAIDEN, PRIEST et SAXON un enfant des années 70, même si son premier album paru en 1978 est plus ou moins tombé dans l’oubli. Mais avec deux chocs immenses dans sa besace, le quatuor a rayonné bien au-delà de son pays, au point d’acquérir un statut culte fort enviable dans le cœur des fans d’un vrai Heavy Metal épique et lourd.
2023, l’histoire se répète. Quatre décennies après son dernier long, le groupe se reforme autour de ses membres originels, et se lance dans quelques concerts, avant de retrouver la chaleur des studios pour enfin pondre ce troisième album que sa fanbase méritait amplement. Et le voilà donc, flanqué d’une pochette qui rappellera le passé glorieux, ce Riders Of The Ancient Storm qui assume la lourde tâche de perpétrer la légende. Si le plaisir de retrouver un groupe chéri l’emporte sur les doutes, ces derniers finissent quand même par émerger avant écoute, de peur que les intentions ne soient pas à la hauteur des ambitions.
Mais sans vouloir dissiper le mystère trop rapidement, je peux d’ores et déjà vous dire que ce troisième épisode de la saga HEAVY LOAD ne décevra personne.
Surtout pas les plus accros.
En se basant sur les techniques qui ont fait d’eux de preux chevaliers Metal par le passé, les membres du groupe (Styrbjörn Wahlquist - chant/batterie, Ragne Wahlquist - chant/guitare/claviers, Torbjörn Ragnesjö - basse et le petit nouveau Nic Savage à la guitare) nous proposent donc un voyage vers un passé glorieux, lorsque les épées pourfendaient encore les traitres False Metal. On retrouve sur ce disque tout ce qui a fait le charme du groupe dans les années 80, cette tendance à se laisser aller à de longues progressions envoutantes, quelque part entre SAXON et MANILLA ROAD, cette facilité à gérer les chœurs pour souligner le caractère fédérateur de l’action, et ces refrains d’airain que l’on reprend à gorge déployée dans des conditions de concert qui sont évidemment le point fort de musiciens qui vivent pour le live.
Evoluant toujours sur la frontière séparant le Heavy épique et évolutif du Hard-Rock efficace et trendy (quoique passé quarante ans, je doute que la mode, même cyclique ne soit un point de comparaison viable), HEAVY LOAD propose avec Riders Of The Ancient Storm une tempête de tous les diables, puissante, ébouriffante, démente et grandiloquente, comme si le temps s’était arrêté en 1983, lors de l’âge d’or. Le parallèle entre cette nouvelle sortie et les anciennes est évident, le style et l’ADN du groupe n’ayant pas changé, mais le désir de sonner plus up in time permet de s’extirper de la nostalgie la plus éculée, en offrant l’une des productions les plus claires de son histoire.
On discerne l’individualité des instruments avec une facilité déconcertante, et l’équilibre d’un mix précis permet d’apprécier des compositions fortes, nobles, mélodiques mais agressives, quelque part entre les seventies et les eighties précoces.
Le superbe « Angel Dark », enrichi d’un solo de toute beauté, mérite à lui seul l’acquisition de ce troisième album. On y entend un groupe au sommet de sa forme, qui se fout totalement du temps qui passe et qui se laisse toujours guider par sa passion indéfectible. D’autant que ce petit bijou est immédiatement suivi d’un homérique et gargantuesque « Slave No More », longue suite empruntant les codes du Doom, de la NWOBHM, du Heavy à la BLACK SABBATH, pour un trip immersif dans un passé pas si lointain.
Cet album est superbe. Spontané mais réfléchi, viscéral et honnête, il reprend là où l’histoire s’était arrêtée pour lui offrir une suite digne de ce nom. Avec ce chat mordant et emphatique, ce lyrisme de profondeur qui accepte des synthés ludiques comme arrangements indispensables, cette rythmique solide et stable, Riders Of The Ancient Storm donne une sacrée leçon de savoir-faire à la jeune génération, qui n’a de cesse de copier ses ainés pour en retrouver la magie.
La magie ici est intacte, et cet album pourrait être la suite logique de Stronger than Evil, que HEAVY LOAD aurait logiquement lâché en 1985. Et sans aller aussi loin, il incarne le versant le plus crédible d’un Heavy old-school joué avec ferveur et honnêteté, et scelle des retrouvailles émouvantes. Huit morceaux fiers, que l’on dévore comme une saga revenant à la vie, et qui procurent un plaisir intense.
Alors, oui, quand on aime on compte. Mais lorsqu’on a fini de compter, on aime à nouveau pour l’éternité.
Titres de l’album:
01. Ride the Night
02. We Rock the World
03. Walhalla Warriors
04. Angel Dark
05. Slave No More
06. Raven Is Calling
07. Sail Away
08. Butterfly Whispering
Ils ne rigolent pas avec le mot hiatus. KIKITOUDUR.
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