BATTLE OF MICE, MADE OUT OF BABIES, des collaborations avec CULT OF LUNA, et un following conséquent qui en demande toujours plus. Julie CHRISTMAS ne fait pas de cadeau contrairement à ce que son nom en appelle, mais se livre comme jamais sur ce deuxième album sous son propre patronyme, presque quinze ans après The Bad Wife. La mauvaise épouse est devenue précieuse ridicule ensanglantée, et Molière n’aurait pas pu en dire grand-chose de drôle, ni faire le moindre trait d’esprit.
Celui de Julie est subtilement contradictoire et indomptable. Et c’est comme ça qu’on l’aime. CULT OF LUNA, Roadburn, et puis on se remet à voler de ses propres ailes. Julie CHRISTMAS revient donc par la grande porte, elle qui depuis deux bonnes décennies incarne l’esprit alternatif underground par excellence. Tous les disques auxquels elle a participé sont d’importance. Quatre en tout en tant que partie d’un tout, et deux en solitaire, dont ce gros dernier. Un cri du cœur, mais aussi une rage au corps.
Difficile de cerner l’univers de cette vocaliste hors-normes. On parlera toujours d’un Noisy machin, d’un Post-bidule, ou d’un Proto-je-ne-sais-quoi. Inutile de se fier aux dictionnaires éventuels, la musique de l’américaine est à son image. Sans concessions, et sans étiquette. Libre, comme le furent des dizaines de ses grandes sœurs à travers l’histoire. Et on pourrait en citer des noms pour établir une comparaison viable. STOLEN BABIES, Chelsea WOLFE, MY RUIN, les BIKINI KILL, histoire de rester dans la distorsion et l’éclectisme, mais aussi d’autres, Katie Jane Garside, Tori AMOS, Nina HAGEN, et en remontant à l’époque déviante du punk, une poignée d’autres tous aussi référentiels.
Mais n’en gardons qu’un seul s’il vous plaît. Celui de Julie.
Affranchie d’un style qui n’en est pas un, la chanteuse new-yorkaise nous raconte de son Brooklyn chéri ses traumas, ses obsessions, ses intérêts, et celui de le faire de façon ouverte et versatile. Ouversatile. Un néologisme qui lui convient à merveille, et qui lui permet sur un seul et unique morceau de montrer toutes les facettes de sa personnalité. Je n’ai, cette année - voire la précédente - pas entendu monstre sonore de l’envergure de « End Of The World » qui renvoie POPPY à ses chères études manga et qui rend hommage de la plus belle des manières à DAISY CHAINSAW et DARK CARNIVAL. Une dualité Blues sépulcral/Post Hardcore fatal, qui donne encore des frissons des heures après son écoute.
Cathédrale sonore, Ridiculous And Full Of Blood est aussi une génuflexion pleine de respect à l’organe de Diamanda GALAS, couvrant quatre octaves, mais faisant aussi office d’instrument lorsque le piano n’est pas suffisant. Pourtant, ici, la guitare occupe une place centrale, comme dans tous les projets de Julie. On l’entend dès le cauchemardesque « Not Enough », que DAUGHTERS aurait pu composer à l’époque de son horrifique You Won’t Get What You Want. Mais cette guitare la plupart du temps tourne autour des riffs pour tisser des textures, plus efficaces dans ce contexte, et plus solides. Rien n’est donc facile, encore moins classique, et les morceaux se laissent porter par les émotions d’une artiste complète, reine et faussement sereine. Il faut la classe du single « Supernatural » pour que Julie rende hommage à cette vague alternative qui a bercé sa jeunesse. On y sent du SOUNDGARDEN, du NIRVANA, du HOLE, les MEAT PUPPETS, et puis beaucoup d’autres qui ont offert aux nineties sa bande-son la plus cacophonique et Pop à la fois.
Certains diront que la chanteuse bouffe à tous les râteliers. Je soulignerai à leur propos que Julie n’a jamais été encartée à un parti précis, et qu’elle a toute sa carrière sinué entre les courants pour s’affranchir d’une étiquette quelconque. Alors, ça lui donne le droit de nous éclabousser d’un rageur et très DRAIN/MY RUIN « Thin Skin », qui couine comme une adolescente enragée, comptine Pop-Metal agrémentée d’un chorus surpuissant et inquiétant.
Le monde de Julie est le même que celui d’Alice. Mais pas celle qui s’est perdue au pays des merveilles. Non, celle de Sylvia Kristel, sous la houlette de Claude Chabrol, qui durant sa dernière fugue rencontrait des personnages décalés et effrayants, avant de comprendre l’inéluctable. A la différence près que notre Julie est bien vivante, et qu’elle botte des culs par dizaines.
Chris Enriquez de SPOTLIGHTS, Andrew Schneider de KENMODE et UNSANE, John LaMacchia de CANDIRIA et Tom Tierney de ON THE MIGHT OF PRINCES sont les invités célèbres de cette fable humaniste biscornue. Chacun y va de sa patte, et insuffle au conte toute la bizarrerie et la violence dont il a besoin. Une violence parfois tamisée, parfois ouverte, parfois symptomatique du travail avec les amis de CULT OF LUNA, parfois louchant sur un passé Noisy intransigeant, avec cette énorme basse à la Paul Raven sur « Silver Dollars » qui démonte le capitalisme plus efficacement qu’un est-allemand le mur de Berlin.
Julie a vraiment très bien joué son coup. Cette alternance de titres courts et de chansons longues est très effective, et les arrangements utilisés assez malins pour peindre des tableaux différents, qui peuvent ressembler à un dessin d’enfant pas très bien dans ses pompes (« Kids », camion de glaces d’un serial-killer en tournée), ou à un nocturne sur l’océan éclairé par un vieux phare abandonné (« The Lighthouse »).
Fragile, impitoyable, discordante, dissonante, colérique, calme, lyrique, hystérique, Julie CHRISTMAS reprend les rênes de sa carrière et ça fait mal. Elle fait allusion à son passé, mais ne s’en sert pas comme excuse artistique. Elle regarde vers l’avant, vers un futur qui ne sera pas forcément plus clément, et raconte ce qu’elle y entrevoit, entre deux battements de paupière. Un choc frontal à la UNSANE (« Blast », rigide et froid comme le baiser de la mort), et puis un dernier râle (« Seven Days »)…
…et c’est fini.
Ridicule et ensanglantée. Deux mots qui sonnent comme un constat de perte de virginité artistique. Pour la seconde fois. Janov aurait pu noircir des centaines de pages à ce sujet.
Titres de l’album :
01. Not Enough
02. Supernatural
03. The Ash
04. Thin Skin
05. End Of The World
06. Silver Dollars
07. Kids
08. The Lighthouse
09. Blast
10. Seven Days
Plus vraiment fan du Hellfest depuis longtemps, mais avoir Julie CHRISTMAS à l'affiche c'est royal. D'autant qu'en face c'est Metallica, donc tout les boubourses seront absent.
Elle est quand meme à l'origine avec Josh Graham d'une des plus belle galette qu'il m'ai été donné d'écouter. Battle of Mice
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