Repérez dans la foule d’un festival un thrasheur qui n’a pas honte - bien au contraire - de porter un bermuda l’été et un t-shirt de MUNICIPAL WASTE. Devisez avec lui autour d’un bon soda frais (le thrasheur préfère le soda à la bière, il tient à garder ses capacités de vol intactes durant un concert), et au bout de quelques milliers de bulles, je parie mon premier pressage vinyle du Shark Attack de WEHRMACHT qu’il vous confiera atteindre le Nirvana en se délectant d’un chef d’œuvre du Crossover des années 80. Nous avons tous grandi avec le Thrash depuis la naissance du mouvement à Brème et Los Angeles, et nous avons tous adopté les groupes les plus mélodiques du cru, les plus violents, les plus techniques, les plus culottés. Nous vénérons tous SLAYER, EXODUS, WATCHTOWER, CORONER, mais au fond de nous-même, nous savons qu’un bon SUICIDAL TENDENCIES, qu’un excellent EXCEL, et qu’un tonitruant GAMA BOMB nous font immédiatement sortir de notre réserve pour mosher comme des diables de Tasmanie.
Ainsi va le Crossover, le style violent le plus joyeux, piquant le radicalisme du Thrash pour le tremper dans la fluidité badine du Hardcore. Dès que résonnent « Pledge Your Allegiance », The Joke’s on You ou n’importe quel autre hymne à la débauche potache, nos rotules se huilent toutes seules, nos jambes deviennent des échasses, et nos chevelures des toupies qui permettent de distinguer la réalité du fantasme, comme dans Inception. Le rêve dans le rêve, le Crossover dans le Thrash, quoi de plus jouissif pour tout éclater sans faire trop de dégâts, et oublier sa triste condition de fan de musique pointue que peu de gens comprennent. Mais pour être optimal, le Crossover se doit d’être joué sans retenue, avec les tripes et le sourire, lâcher les riffs les plus fédérateurs et les vocaux les plus hurlés d’une voix d’adolescent acnéïque avant sa mue. Et de ce côté-là, les frenchies d’ILLEGAL CORPSE ont tous les bons points pour avoir une belle image de Scott Ian et du Sargeant D.
Fondé en 2015 à Nancy, ce combo de joyeux drilles nous a déjà offert un premier LP impeccable, Sick, paru il y a quand même quatre ans et qui pleurait pour avoir un petit frère. C’est chose faite, puisque les marsouins ont engrossée la femme du Sargent D, baptisant le petit calamar attendrissant Riding Another Toxic Wave, pour bien montrer leur allégeance à la philosophie. Le bébé est joufflu, verdâtre comme le veut la tradition, parle vite, fort, pique des crises de colère extraordinaires, et réveille les voisins à toute heure du jour et de la nuit en slammant de son parc entouré de barbelés.
Les nancéens reviennent donc avec le faciès du Joker préparant un coup pendable, sachant pertinemment que leur nouveau répertoire va tout défoncer non seulement sur vinyle (une tripotée de labels travaillent avec le groupe, tous référencés sur leur Bandcamp), mais surtout en live, ce qui promet des concerts à l’ambiance surchauffée et aux baskets qui volent.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins d’autant que mon GPS fait la gueule depuis qu’il m’a indiqué contre son gré la piscine la plus proche, Riding Another Toxic Wave est la bombe de cet été, et ce pour plusieurs raisons. La principale, cette efficience de composition qui confronte des riffs à la SLAYER à des rythmiques à la D.R.I, la seconde, cette production fabuleuse qui lie le tout comme du ketchup dans un hot-dog (enregistré, mixé et masterisé par Vince à la maison, laquelle, je n’en sais rien mais elle est bien équipée), la troisième, l’entrain dont font preuve les musiciens qui ne ralentissent jamais la cadence, et qui lâchent des chœurs comme des glaviots dans la rue. La quatrième, un mélange des trois premières, et cette concision qui empêche les musiciens de dépasser la barre des trois minutes. Et puis aussi ces samples complètement débiles qui de temps à autres ajoutent à l’ambiance folle de l’ensemble, avec en patch sur le bermuda cette inoubliable intervention d’Eddy le rockeur qui nous explique le lien entre le Rock et la drogue.
La drogue, les ILLEGAL CORPSE n’y touchent pas, ou alors, un peu d’herbe à la rigueur, ce qui leur permet de se foutre des SCORPIONS via « Weed Of Change », qui parle aussi vite qu’un rastaman ne roule un douze-feuilles.
Une technique qui permet de jouer super carré même à grande vitesse, quelques ralentissements à la SLAYER de Seasons in the Abyss pour varier les plaisirs (« Walls Of Mexico », ne vous inquiétez pas, ça part en vrille assez rapidement), mais surtout, une bonne humeur qui permet de faire passer crème les riffs les plus éprouvés (« Dump & Dumper »). Ils l’avouent eux-mêmes, « Too Old For This Shit », mais ils ne parlent pas d’eux-mêmes, mais bien de ceux qui trouveront ça trop violent et trop rapide pour susciter l’intérêt. J’ai personnellement complètement craqué pour ces tarés qui jouent le Crossover comme il devrait toujours être joué, et qui rappelle parfois la scène Punk/Hardcore frenchy des années 80/90.
Idéal pour vous coller un bon coup de pied au cul le matin, effet maximal sous la tente Hardcore d’un festival connu, Riding Another Toxic Wave est une grosse claque à la mauvaise humeur, et devrait être prescrit à la place du Xanax. Merci les gars pour cette fête déchainée, mais faites-nous plaisir, n’attendez pas encore quatre ans pour revenir. Le monde est décidément plus gai en votre bermudesque compagnie.
Titres de l’album:
01. Back To Blast
02. Too Old For This Shit
03. Green War
04. Let It Beer
05. No Brain No Pain
06. Fat Fast Monster
07. Swimming With Sharks
08. Toxic Wave
09. Weed Of Change
10. Walls Of Mexico
11. Dump & Dumper
12. Fuck You Very Much
13. Burn My Ass
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20