Je n’ai jamais vraiment su ce que les toulousains de PLEBEIAN GRANDSTAND jouaient comme musique, et je m’en suis toujours moqué. Certains parlent de Black avant-gardiste, d’autre de Mathcore sans vraiment savoir de quoi il en retourne, on évoque même le terme très galvaudé et imprécis de Powerviolence lorsqu’on écoute leurs albums. Or, on sait pertinemment que les groupes détestent les étiquettes, spécialement celles trop précises et qui plus est, fausses. Alors, je me contente depuis longtemps d’accepter le fait que cette musique en appelle au ressenti extrême le plus extrême, le plus chaotique, et si j’ai accolé au nom du groupe un ou plusieurs genres définis, c’est par lisibilité, pas par conviction.
Ma rencontre avec le collectif français date de 2007, lorsque j’ai chroniqué leur premier EP, The Vulture’s Riot. A l’époque, le groupe cherchait encore ses marques, avançait un peu gauchement, comme dépassé par les contours d’une philosophie encore brouillonne, mais aux dogmes précis. Je les ai rencontrés à nouveau lors d’un split avec CORTEZ, mais étrangement, je ne me suis jamais mêlé de leur discographie longue-durée, sans savoir vraiment pourquoi. Alors, comme pour réparer une faute admise, je me penche aujourd’hui sur leur quatrième album, intervenant cinq longues années après le terrorisant False Highs, True Lows, qui en quatre simples mots rodait encore une fois le leitmotiv de la formation. Des hauteurs aux allures de précipices, et des précipices en forme d’abysses insondables. Mais j’ignorais que ces musiciens seraient capables de creuser encore plus profondément pour enterrer le cadavre du conformisme. Chose faite à grands coups de pelle avec Rien ne Suffit, qui se suffit à lui-même mais à qui rien ni personne ne suffit.
Rien ne Suffit ne déroge à aucune règle établie par les toulousains, sauf celle de titres en français, qui permettent au public de mieux comprendre le désespoir qui les anime. Superbement traduit en image par Olivier Lolmède, qui de cet enfer de mains tendues dans le vide transpose admirablement bien la déconstruction musicale et le message d’appel à l’union qui résonne dans le fracas des grandes villes déshumanisées. Car sur cet album, PLEBEIAN GRANDSTAND a choisi la difficile méthode du puzzle mélangé, que l’on redessine à loisir selon le nouveau motif que l’on souhaite exprimer. En prenant ses racines les plus profondes (Jazzcore, Hardcore, Black, Post, Expérimental), PLEBEIAN GRANDSTAND leur fait adopter une nouvelle courbure, comme les japonaises s’enferment les pieds dans des souliers trop petits pour souffrir et leur offrir une nouvelle forme, plus restreinte. Sauf qu’ici, c’est l’expansion qui règne. L’expansion des sons, des cris, des approches, des styles abordés qui couvrent l’Ambient, le Black Jazz, et à la manière d’une tragédie du Vésuve revue et corrigée lave du vingt-et-unième siècle coulant sur les pays comme un acide humain, Rien ne Suffit souligne le fait que la destruction ne suffit pas. Et donc, que l’annihilation totale est de rigueur, sans rien reconstruire derrière que ce paysage désolé aux reliefs chaotiques.
Sept ans sans changer de line-up, avec toujours en rôle de pivot Simon Chaubard (guitare) et Adrien Broué (chant). La section rythmique composée d’Olivier Lolmède (basse) et Ivo Kaltchev (batterie), fidèle au poste elle aussi se permet des exactions magnifiques, à l’image de l’entame hautement déséquilibrée de « Masse Critique ». En plein fill jazzy-électronique, Ivo Kaltchev se sert de sa frappe instable et irrégulière pour instaurer un climat de défiance et de pression, augmentée par les cris désespérés d’un chanteur qui a abandonné la narration linéaire depuis longtemps pour se livrer au petit jeu de la catharsis vocale.
Après ces trois minutes et quelques de concentré d’abus, de dérives humaines nous menant à la perte d’un gigantesque chaos que nous avons-nous-mêmes provoqué, « À Droite du Démiurge, à Gauche du Néant », prend les choses en mains arthritiques et aborde la véritable entrée dans l’album après ce choc frontal. Plus de sept minutes d’ultraviolence décomposées en trois actes, avec des allusions plus que poussées à la scène BM française, des hurlements à faire pâlir le pire haut-parleur Hardcore de la création, avant de sombrer dans l’Indus/Electro le plus glauque et désespéré, à faire passer EINSTURZENDE NEUBAUTEN et IN SLAUGHTER NATIVES pour des clowns de l’apocalypse à peine bons à faire peur aux enfants de moins de six ans. Sur cette longue évolution, le quatuor ose tout, se permet toutes les audaces pour perturber, nous sort de notre zone de confort pour nous montrer la réalité blafarde telle qu’elle est : un vieux néon à l‘intensité chancelante peinant à illuminer les derniers vestiges de notre civilisation, ces tours de béton qui se tassent sur elles-mêmes avant de s’écouler sous le poids de l’indifférence.
Se sortir de la zone de confort, et regarder la réalité en face : telle est justement la mission de Rien ne Suffit, qui peut être compris de bien des façons. Rien ne suffit plus pour rétablir la barre, Rien ne Suffit plus pour éviter le naufrage, Rien ne Suffit pour faire semblant d’être heureux, Rien ne Suffit pour cacher la vérité.
Rien ne Suffit
De là, l‘expression revêt bien des costumes, sans illusions, sans fard. « Tropisme » torture MINSITRY sous les yeux de FRONT 242, « Part Maudite » se cale sur la ligne du parti BM le plus cru, avec une pluie de blasts incessante d’Ivo Kaltchev, le poumon de l’album. Et si les musiciens semblent chacun jouer une partie différente n’ayant rien à voir avec le tout, cette sensation ne fait qu’appuyer un peu plus le désir de l’album de nous malmener, et de nous obliger à déconstruire notre audition pour la reconstruire différemment.
« Espoir Nuit Naufrage », introduit façon Super 8 par des voix fantomatiques et quelques notes éparses nous enfonce encore un peu plus dans le cauchemar Ambient que le groupe développe. Lancinance éprouvante, itérations irritantes, chant de plus en plus grave, le chemin est encore long vers une rédemption qui ne sera jamais accordée. Mais chaque son, chaque intervention, chaque lamentation exhortée par Adrien Broué, chaque non-riff joué par Simon Chaubard nous permettent d’appréhender la réalité des faits : l’horreur ne suffit plus à PLEBEIAN GRANDSTAND, qui atteint aujourd’hui les sommets de l’abomination.
L’album le plus déprimant et souillé de l’année, et peut-être même plus. Et si Rien ne suffit, il n’est pas non plus recommandé de se contenter du minimum.
Pourrir encore vivant pour mourir plus vite.
Titres de l’album:
01. Masse Critique
02. À Droite du Démiurge, à Gauche du Néant
03. Tropisme
04. Part Maudite
05. Angle Mort
06. Espoir Nuit Naufrage
07. Nous en Sommes là
08. Rien n'y Fait
09. Jouis, Camarade
10. Aube
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04/05/2025, 12:35
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03/05/2025, 22:39
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03/05/2025, 08:03
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