Nous avions déjà le « Women in Uniform » de MAIDEN, nous avons aujourd’hui le Riot in Uniform de KARMANT. Ces garçons charmants ne sont toutefois pas influencés par le Heavy Metal anglais, mais bien par le Thrash américain, et nous proposent donc en tout humilité leur premier EP autoproduit. Quatre titres, pas plus pour placer ses pions, des pions qui évoluent sur l’échiquier de la Bay-Area, mais aussi du côté des noirs et blancs de Boston et New-York, pour un Crossover savoureux, à défaut d’être indispensable. Originaires de Dhaka au Bangladesh, KARMANT est donc un jeune quatuor formé en 2016, très traditionnel dans le fond, mais efficace dans la forme. Permettez-moi donc de vous présenter Zami (basse/chant et textes), Rumman & Zamil (guitares), et Naweed (batterie), qui ont quand même mis cinq ans à se lancer sur le marché. Mais c’est chose faite avec Riot in Uniform et sa violence modérée mais sa technique effective et sa fluidité indéniable.

Vingt minutes de Thrash, c’est peu, mais largement assez pour se faire une opinion. Dans une optique EXODUS mâtiné d’attaque suédoise tranquille à la AGONY, le quatuor nous en donne pour notre argent de nostalgiques, mais pas seulement. En choisissant la facilité d’un Thrash de tradition, les musiciens peuvent exprimer leur plein potentiel, et c’est ainsi que nous avons droit à des déroulés de basse fantastiques dans la droite lignée d’EXCEL, NUCLEAR ASSAULT ou ANTHRAX, et des soli à faire éventuellement se pâmer Jeff Waters.

Dominant parfaitement son sujet, et totalement conscient de ne pas bousculer l’ordre des choses, Riot in Uniform est donc une bonne carte de visite aux lettres fines et au papier gaufré. En témoignent les arrangements de syncopes très intelligentes de « Greed » et son solo de basse intervenant pile au bon moment. De la densité donc dans l’exécution, et pas seulement du repiquage de plans. Très bons instrumentistes, les quatre compères délivrent donc une performance qui retient l’attention, et pas uniquement à cause de son classicisme. Certes, « Nuclear Outbreak » constitue une intro assez prévisible dans ses premiers instants, mais dès que l’attaque de médiator atteint son apogée, on comprend que le groupe en a sous le coude, et qu’il est capable de contrôler la vapeur pour la laisser s’échapper au bon moment. En tant que frontman, Zami assure dans les grandes largeurs, bien que sa voix soit encore un peu fluide, mais ses interventions à la quatre cordes sont toutes pertinentes et claquent comme un fouet.       

Naweed de son côté, propose un jeu très coulé, assez proche d’un Tom Hunting parfois, mais totalement crédible, alternant les frappes et le nombre de BM avec flair. Rumman et Zamil de leur côté, assurent en rythmique et proposent des soli plus que convenables, parfois proche d’un shred raisonnable, ce qui a pour avantage de donner une plus-value à ces quatre morceaux qui se ressemblent quand même beaucoup. A une nuance près tout de même, de taille, le dernier titre, « General Destroyer », beaucoup plus développé, et agrémenté d’une voix d’outre-tombe en intro qui colle de près à l’esthétique de la pochette. Se lâchant enfin sur un mid tempo lourd et emphatique, KARMANT propose donc un épilogue un peu différent, et pas si éloigné que çà d’un DBC moins expérimental. L’un dans l’autre, et sur quatre morceaux, le bilan est donc largement positif, et laisse augurer de lendemains très joyeux. Je ne manquerai donc pas de suivre l’histoire de KARMANT dans les années à venir, juste pour savoir si les bonnes opinions générées par cet EP se prolongent sur un longue-durée qu’on espère toutefois plus créatif et culotté. Il y a moyen de bien faire avec des musiciens de cet acabit.   

Titres de l’album:

01. Nuclear Outbreak

02. Riot in Uniform

03. Greed

04. General Destroyer

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